Les jeux seraient-ils déjà faits ? A un peu plus d’une année de la décision du CIO, annoncée pour l’été 2023, les contours de la ville-hôte des Jeux d’hiver en 2030 se dessinent avec une certaine précision. Ils ébauchent une silhouette très asiatique.
Rien n’est encore fait, mais les Japonais de Sapporo tiennent solidement la corde. A la différence de leurs présumés rivaux, ils cochent presque toutes les cases. Toutes les cases plus une : l’absence d’une consultation populaire.
Le maire de Sapporo, Katsuhiro Akimoto, l’a expliqué mercredi 16 mars en conférence de presse : le processus de candidature envisagé pour les Jeux d’hiver en 2030 ne prévoit pas l’organisation d’un référendum. A elle seule, cette décision place les Japonais en position de favoris, l’histoire récente du mouvement olympique ayant démontré que consulter la population revient le plus souvent à envoyer son projet aux oubliettes.
« Il n’est pas prévu d’organiser un référendum sur les Jeux olympiques et paralympiques« , a assuré le maire de Sapporo, suggérant que les votants se prononcent en général pour le non, même si la population se dit par ailleurs plutôt favorable à l’idée d’accueillir les Jeux. Les autorités japonaises se veulent pragmatiques : pourquoi se plier à l’exercice d’un référendum si son résultat est connu d’avance ?
A la place, Sapporo préfère sonder ses citoyens. Moins risqué. Katsuhiro Akimoto a révélé mercredi les résultats de plusieurs enquêtes d’opinion réalisées au début du mois de mars. L’éventail des réponses se situe entre 52 % et 65 % d’avis favorables. Plus de 10.000 personnes ont participé à ces sondages, réalisés en ligne, par courrier ou via des entretiens dans la rue.
Commentaire du maire de Sapporo : « Nous en sommes arrivés à la conclusion que notre projet d’accueillir les Jeux d’hiver en 2030 bénéficie d’un certain soutien de la population. »
Prudents, les Japonais ont vu modeste dans leurs prévisions budgétaires. Ils évaluent aujourd’hui le coût des Jeux d’hiver entre 2,4 et 2,6 milliards de dollars. Leur estimation initiale était supérieure, tout en restant sagement dans les clous de la nouvelle norme souhaitée par le CIO. Mais l’équipe de Sapporo 2030 a été capable de la réduire, une démarche appréciée comme il se doit par l’instance olympique.
Le Japon a-t-il déjà gagné la partie ? Sans doute. Son dossier et ses garanties sont solides. Surtout, les Japonais sont servis par une compétition où la concurrence se révèle très largement à leur portée.
Sur le papier, la course aux Jeux d’hiver 2030 compte au moins cinq candidats. Mais la réalité est moins trompeuse.
Salt Lake City, choisie par le Comité olympique et paralympique américain (USOPC) pour porter les espoirs des Etats-Unis, n’a pas encore tranché entre les Jeux en 2030 et l’édition suivante, prévue quatre ans plus tard. La première option n’est pas écartée, mais elle se heurterait à une concurrence commerciale avec Los Angeles 2028. Plus le temps passe, plus le dossier américain se déplace de 2030 à 2034.
Vancouver se prépare elle aussi. Mais la ville canadienne semble faire un pas en avant pour un pas en arrière. A la différence de Sapporo, elle ne ferait pas l’économie d’un référendum. Le dernier en date, organisé par la candidature de Calgary pour les Jeux d’hiver en 2026, avait fait voler le projet en éclats.
Avant l’invasion de leur pays par l’armée russe, les Ukrainiens s’étaient eux aussi lancés dans la course. Mais le conflit en cours a déjà réduit leurs ambitions olympiques en poussière.
Reste le cas espagnol. La candidature de Barcelone et des Pyrénées continue à avancer ses pions. Mais les porteurs du projet peinent à créer une certaine unité politique autour de leur projet. Leur dernière décision, la nomination de l’ancienne skieuse Mònica Bosch au poste de coordinatrice du comité de candidature, ne devrait pas apaiser les tensions.
Mònica Bosch préside depuis deux ans la Fédération catalane des sports d’hiver. En soi, plutôt un atout. Mais son arrivée à l’un des postes stratégiques du projet espagnol est très mal vue par les autorités de l’Aragon, une région du nord-est de l’Espagne censée être associée à la candidature de Barcelone et des Pyrénées.
Le président de l’Aragon, Javier Lambán, n’a pas mâché ses mots en apprenant la nouvelle. « Avec les conditions que propose la Generalitat (l’organisation politique de la communauté autonome de Catalogne), il n’y aura pas de Jeux« , a-t-il déclaré à un média espagnol.