Sa dernière apparition publique est restée comme l’une des images de Jeux d’hiver de Pékin 2022. L’image d’une jeune fille en pleurs, quittant la patinoire olympique sans un mot pour les médias, après une prestation catastrophique dans le programme libre de l’épreuve féminine de patinage artistique. La victoire lui tendait les bras. Elle l’a laissée échapper.
Un mois et une poignée de jours après sa quatrième place aux Jeux de Pékin, Kamila Valieva a retrouvé l’ambiance de la compétition. Une ambiance moins hostile, devant un public plus acquis à sa cause, dans son propre pays.
La jeune patineuse russe, qui fêtera le mois prochain son 16ème anniversaire, a disputé au cours du dernier weekend sa première compétition depuis les Jeux de Pékin et l’affaire de dopage qui a secoué son expérience olympique jusqu’à la faire craquer. Elle a disputé à Saransk, en Mordovie, une compétition par équipes, la Channel One Cup.
La compétition avait été reprogrammée par la Fédération russe de patinage pour coïncider avec les dates des championnats du monde, disputés la semaine passée à Montpellier, dans le sud de la France. Une occasion pour les patineurs russes, exclus des Mondiaux par l’ISU en réaction à l’invasion de l’Ukraine, de se produire sur la glace malgré leur isolement du mouvement sportif international.
Après un programme court simplifié mais impeccable, bouclé à la première place samedi 26 mars, Kamila Valieva a retrouvé le lendemain dans le libre une partie de son patinage. Elle a pris la deuxième place, avec 173,88 points, derrière sa partenaire d’entraînement, Anna Shcherbakova, sacrée aux Jeux d’hiver de Pékin (176,12 points).
A la différence des derniers Jeux d’hiver, Kamila Valieva n’a pas cherché à échapper aux médias. Elle a confié son bonheur d’être sur la glace. « Je suis vraiment heureuse, a-t-elle expliqué après sa performance. Heureuse que la Channel One Cup ait eu lieu. Les spectateurs vous donnent de l’énergie lorsque vous êtes fatigué. Vous continuez à avancer grâce à eux. »
Une parenthèse refermée ? Pas encore. Certes, la jeune Russe semble avoir laissé derrière elle les tourments de son affaire de dopage aux Jeux de Pékin. Mais son cas n’est pas encore réglé. Il ne devrait pas l’être avant plusieurs mois.
A ce jour, Kamila Valieva n’est pas suspendue par l’Agence russe antidopage (RUSADA). Elle peut donc s’aligner en compétition, même si l’exclusion de la Russie l’oblige à se contenter d’épreuves nationales, au moins jusqu’à la fin de l’année en cours.
Mais selon les règlements de l’Agence mondiale antidopage (AMA), la RUSADA dispose de six mois pour prendre une décision sur son cas, à compter du moment où elle a été informée du contrôle positif subi par la jeune fille en décembre dernier aux championnats de Russie. Six mois à dater du 8 février 2022, soit pas avant le début du mois d’août.
Mais la décision de la RUSADA ne mettra sûrement pas un point final à l’affaire la plus médiatisée des Jeux d’hiver de Pékin, surtout si elle est favorable à la jeune patineuse. Il faudra encore aux autres parties concernées, dont l’AMA, le CIO et l’ISU, s’accorder sur la suite à donner. Et, en toute fin de procédure, accoucher d’un résultat définitif pour l’épreuve olympique par équipes de patinage artistique.
La classement est toujours mis entre parenthèses, avec un astérisque signifiant que le podium de la compétition – Comité olympique de la Russie, Etats-Unis, Japon – reste provisoire. Les Américains pourraient donc devoir attendre l’année prochaine, soit un an après la compétition, avant de récupérer éventuellement une médaille d’or olympique qui n’a jamais quitté son coffret.