L’Espagne n’en est plus à une surprise près dans la course aux Jeux olympiques. Après avoir laissé les divisions politiques plomber le projet Barcelone/Pyrénées 2030, puis brandi l’option Madrid pour l’été 2036, les Espagnols semblent avoir fait le tri. Ils auraient même accouché d’un consensus.
Selon le quotidien La Vanguardia, les régions espagnoles de Catalogne et d’Aragon auraient trouvé un accord pour présenter une candidature aux Jeux d’hiver en 2030. Hier encore, elles affichaient leurs divisions sans craindre pour l’image du projet olympique. Côté Aragon, les élus assuraient qu’il n’y aurait pas de candidature sans un partage équitable des cartes. Mais aujourd’hui, elles parlent la même langue.
La Vanguardia rapporte que le président du Comité olympique espagnol, Alejandro Blanco, a envoyé une lettre officielle au Premier ministre, Pedro Sanchez, et aux dirigeants locaux, pour leur communiquer les détails de la candidature. Le quotidien basé à Barcelone explique par ailleurs que la candidature espagnole sera présentée au CIO « en temps voulu« .
Rien n’a été simple pour le projet espagnol. Parti très tôt, annoncé rapidement comme un postulant solide, il a perdu peu à peu de la vitesse. En cause, les tensions politiques entre les régions impliquées, la Catalogne et l’Aragon. Les Catalans ont longtemps observé leurs potentiels associés d’Aragon avec distance, voire une pointe de mépris.
A la mi-mars, la décision des Catalans de nommer l’une des leurs, l’ancienne skieuse Mònica Bosch, au poste de coordinatrice du comité de candidature, a encore ravivé les tensions. Mònica Bosch préside depuis deux ans la Fédération catalane des sports d’hiver. Son arrivée à l’un des postes stratégiques du projet espagnol a été perçue par le camp de l’Aragon comme un nouvelle illustration de la mainmise catalane sur le projet. Pour preuve la réaction du président de l’Aragon, Javier Lambán, lors d’une interview à un média espagnol : “Avec les conditions que propose la Generalitat (l’organisation politique de la communauté autonome de Catalogne), il n’y aura pas de Jeux“.
Le calme serait-il revenu ? Le courrier signé par Alejandro Blanco le laisse supposer. Le président du Comité olympique espagnol ne ménage pas ses efforts pour voir une candidature espagnole décrocher la mise avant la fin de son mandat. Le scénario Madrid 2036 désormais enterré, il s’active pour replacer le dossier Barcelone/Pyrénées 2030 en bonne place dans la course.
Hasard ou pas, l’avancée espagnole intervient au moment précis où les Américains, rivaux potentiels dans la course aux Jeux d’hiver 2030, se disent plutôt enclins à prendre leur temps. Susanne Lyons, la présidente du comité national olympique et paralympique (USOPC), a expliqué lundi 28 mars que le projet de Salt Lake City était « en très bonne forme« . Mais qu’il ne fallait pas attendre une décision du CIO sur la ville-hôte des Jeux d’hiver avant l’été prochain.
« Nous ne nous attendons pas à ce que le CIO prenne une décision avant sa session de l’été prochain, a expliqué Susanne Lyons, citée par le site GamesBids. Nous avons une assez longue route devant nous. Nous pensons que d’ici à la fin de l’année, la situation devrait évoluer et que les principaux candidats seront connus. Nous espérons que Salt Lake City en fera partie« .
Susanne Lyons a confié que des membres du CIO se rendraient dans l’Utah à la fin du mois d’avril pour une visite d’inspection. Dans un deuxième temps, une délégation américaine fera le voyage vers Lausanne au mois de juin 2022 pour une présentation formelle du projet. Elle sera conduite par Susanne Lyons et Sarah Hirshland, le directrice générale de l’USOPC, et comptera plusieurs membres du comité de candidature de Salt Lake City.
Trop tard ? Difficile de répondre. Mais il semble acquis que la ville japonaise de Sapporo fait actuellement la course en tête. Elle est donnée favorite face à l’Espagne, aux Etats-Unis et au Canada, où le projet de Vancouver 2030 en est toujours au stade des discussions.
A la différence des Espagnols et des Canadiens, les Japonais ont déjà annoncé qu’ils n’en passeraient pas par un référendum. Un atout de poids.