Le sport russe serait-il déjà fatigué de son isolement du mouvement sportif international ? Cinq semaines après le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, et un mois après les premières sanctions à l’égard de ses athlètes, la Russie ose un pas en avant.
Le geste est venu d’en haut. Oleg Matytsin, le ministre russe des Sports (photo ci-dessus, avec Vladimir Poutine), a annoncé mercredi 30 mars que la Russie inviterait des « pays amis » à participer à ses Jeux universitaires nationaux. L’événement doit se tenir au début du mois de juillet. Son organisation était prévue avant le début du conflit avec l’Ukraine.
« Cette année, nous organisons l’Universiade russe au début du mois de juillet, a expliqué Oleg Matytsin, cité par l’agence TASS. Nous inviterons des universités de pays amis« .
Le dirigeant russe n’a pas précisé quels pays présumés amis seraient invités à envoyer une délégation au rendez-vous universitaire. La Biélorussie, elle aussi mise au ban du mouvement sportif international, devrait en être. La Chine pourrait également compter parmi les présents.
Les prochains mois devraient lever le voile sur cette invitation de la Russie à briser son isolement. Mais une chose est sûre : l’annonce faite par Oleg Matytsin laisse deviner une volonté du sport russe de contourner, au moins partiellement, les sanctions recommandées par le CIO et suivies par l’immense majorité des fédérations sportives internationales.
Oleg Matytsin n’a pas évoqué par hasard les Jeux universitaires nationaux. Avant de rejoindre le gouvernement en qualité de ministre des Sports, en janvier 2020, il s’était fait connaître dans l’univers olympique comme président de la Fédération internationale du sport universitaire (FISU). Il a été contraint de se mettre en retrait de sa fonction présidentielle en mars 2021, au moins de façon temporaire, en raison de la suspension pour une période de deux ans de la Russie du mouvement olympique.
Malgré l’influence de son ex président, la FISU n’a pas traîné à rejoindre la liste des instances internationales ayant décidé de bannir les athlètes russes et biélorusses. Elle les a exclus de toutes ses compétitions au moins jusqu’à la fin de l’année 2022. Dans le même temps, la FISU leur a retiré l’organisation de trois événements universitaires prévus cette année.
En revanche, le doute demeure quant aux Jeux mondiaux universitaires en 2023. Le rendez-vous majeur du calendrier très fourni de la FISU a été attribué à la ville russe d’Ekaterinburg. A ce jour, elle en est toujours la ville-hôte.
L’annonce d’Oleg Matystin le suggère : à moins de 900 jours des Jeux de Paris 2024, la Russie commencer à craindre de voir ses athlètes perdre toutes chances de réussir le prochain rendez-vous olympique par manque de compétitions et de confrontation.
Peu nombreuses sont les fédérations internationales ayant opté pour une voie médiane, en autorisant les Russes à participer aux épreuves sous couvert de neutralité. La FINA en faisait partie. Mais la menace de boycott des Mondiaux de natation 2022 à Budapest, brandie par la Suisse et l’Allemagne en cas de présence de nageurs russes et biélorusses dans la piscine, l’a incitée à reculer. La FINA a banni à son tour les athlètes des deux pays.