Carton blanc ou carton rouge ? Le CIO a célébré à sa façon, mercredi 6 avril, la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix.
L’instance olympique a rappelé dans un long communiqué la façon dont le sport et les Jeux ont rapproché les populations au fil des années, « en jetant des ponts et en favorisant la compréhension. » Parmi les exemples relevés par le CIO, l’appel à la solidarité et à la paix lancé par Thomas Bach dans son discours à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin 2022 ; le défilé commun des deux Corée aux Jeux de Sydney 2000, Athènes 2004, Turin 2006 et plus récemment PyeongChang 2018 ; ou encore l’équipe des réfugiés aux Jeux de Rio 2016 puis Tokyo 2020.
Mercredi 6 avril, Thomas Bach a également marqué l’occasion en brandissant un carton blanc (photo ci-dessus), le symbole de la paix par le sport initié par l’organisation Peace & Sport. L’image a été relayée par le CIO sur les réseaux sociaux.
A l’heure où l’actualité est dominée par l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, la journée du 6 avril a pris dans le mouvement sportif une résonance particulière. Oubliant pour un temps sa sacro-sainte neutralité politique, le CIO a pris les devants à appelant dès le début du conflit, le 28 février, l’ensemble des fédérations internationales à bannir les athlètes et officiels russes et biélorusses des compétitions. Sa commission exécutive a également maintenu sa « recommandation pressante » de ne pas organiser d’événement sportif en Russie ou en Biélorussie.
Le mouvement olympique a suivi. En masse. L’immense majorité des fédérations internationales a fermé la porte des événements aux athlètes des deux pays, avec effet souvent immédiat et au moins jusqu’à la fin de l’année. Peu d’entre elles ont osé une voie médiane, en acceptant les compétiteurs russes et biélorusses sous couvert de neutralité. La FINA s’y est essayée. Mais elle a fini par reculer devant la menace de plusieurs pays – Suisse et Allemagne – de boycotter les Mondiaux de natation 2022 à Budapest si les nageurs russes étaient présents dans le bassin.
En marge du mouvement, l’Association mondiale des olympiens (WOA) a pris une position contraire à la recommandation du CIO. Elle s’oppose à une exclusion collective des athlètes russes et biélorusses. Son comité exécutif suggère que la décision de participer ou non à une compétition doit revenir à chaque individu, sur la base des principes fondamentaux de la Charte olympique. Elle rappelle que, selon cette Charte, la pratique du sport ne doit pas faire l’objet de discrimination, y compris sur la base de “la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la propriété, la naissance ou tout autre statut“.
Pour les athlètes russes, l’année 2022 a pris fin alors qu’elle venait à peine de commencer. Mais, constat gênant, les dirigeants du pays continuent à exercer leurs fonctions dans le mouvement olympique sans avoir été reconduits vers la sortie.
Avant son invasion de l’Ukraine, la Russie comptait trois présidents d’une fédération internationale dans un sport olympique : Umar Kremlev à la boxe (IBA), Vladimir Lisin au tir (ISSF), Alisher Ousmanov à l’escrime (FIE). Les deux premiers sont toujours en place. Le troisième a été contraint de faire un pas de côté et abandonner provisoirement son siège présidentiel, en raison des sanctions prises à son égard par l’Union européenne. Elles l’empêchant de voyager en Europe, donc de se rendre à Lausanne, au siège de la FIE.
La semaine passée, une délégation russe était présente à Doha pour le congrès annuel de la FIFA. Ses officiels ont assisté à la réunion sans qu’il leur ait été imposé un régime particulier. La sélection russe a pourtant été écartée définitivement de la route du Mondial 2022 au Qatar.
Le CIO, de son côté, n’a pas suspendu le Comité olympique russe (ROC). Il n’a pas non plus banni, au moins de façon temporaire, ses deux membres portant un passeport russe : l’ancienne perchiste Yelena Isinbayeva et l’ex tennisman Shamil Tarpishchev. Difficile à comprendre.