Les athlètes russes se sont sans doute déjà fait une raison : l’année sportive 2022 se jouera sans eux. Mais ils peuvent se consoler en se disant que leur pays ne les laisse pas tomber. Au sommet de l’Etat, notamment, le soutien est sans faille.
Vladimir Poutine a montré l’exemple, mardi 26 avril, en recevant au Kremlin les médaillés russes des Jeux d’hiver de Pékin 2022. La cérémonie a été très formelle. Très habillée, également. Les récompenses ont été distribuées, le champagne a coulé. La télévision d’Etat a partagé les images sans en laisser une miette.
Tout sourire, Vladimir Poutine n’a pas seulement remis aux médaillés leurs distinctions. Il a exprimé tout haut son soutien aux deux « victimes » les plus médiatiques des derniers mois dans le camp russe, la patineuse artistique Kamila Valieva et le nageur Evgeny Rylov.
Dans le cas de la première, qui fêtait mardi 26 avril son 16ème anniversaire, le président russe a pris des manières d’experts de la pirouette et du quadruple axel pour exprimer son avis de chef d’Etat.
« Tout le pays et tous les fans de patinage artistique à travers le monde ont tremblé pour Kamila, a-t-il suggéré. Son talent réunit tous les éléments les plus complexes du patinage artistique, sa plastique, sa beauté, sa puissance et sa tendresse. Grâce à son travail, elle a élevé le sport au niveau de l’art véritable. Cette perfection est impossible à atteindre de manière malhonnête, en utilisant des moyens supplémentaires, en ayant recours à des manipulations. Dans le patinage artistique, tous ces moyens supplémentaires sont inutiles, nous le savons et comprenons parfaitement. »
Le message est clair : Kamila Valieva n’a pas triché. L’affaire de son contrôle positif fin décembre à la trimétazidine, une substance interdite, n’en est donc pas une. Vladimir Poutine est formel : un tel talent (Kamila Valieva est la première patineuse au monde à avoir réussi des quadruples sauts aux Jeux) ne peut pas être le résultat d’une mauvaise pioche dans l’armoire à pharmacie.
En tête après le programme court aux Jeux d’hiver de Pékin, Kamila Valieva a ensuite complètement manqué son libre. Paralysée par la pression, elle a enchaîné les fautes et les chutes, pour finalement hériter de la 4ème place. La jeune Russe a pourtant été distinguée, mardi 26 avril au Kremlin, alors qu’elle n’est pas officiellement médaillée olympique (les médailles de l’épreuve de patinage artistique par équipes, remportée par la Russie, n’ont toujours pas été attribuées par le CIO). Elle a reçu un trophée de l’Etat des mains de Vladimir Poutine.
Autre cas balayé d’un revers de la main par le président russe : Evgeny Rylov. Champion olympique sur 100 et 200 m dos l’été dernier à Tokyo, le nageur a été suspendu neuf mois par la FINA pour avoir participé en mars dernier à Moscou à une manifestation pro-Poutine au stade Loujniki, célébrant le 8ème anniversaire de l’annexion de la Crimée.
Pour Vladimir Poutine, une telle sanction est tout simplement « absurde« . Il en a profité pour répéter une nouvelle fois que les athlètes russes et biélorusses étaient victimes de discrimination en raison de leur nationalité.
Enfin, le président russe a bouclé sa participation à la cérémonie organisée au Kremlin en promettant que son pays ne disparaitrait pas aussi facilement de la scène sportive internationale. Son idée : multiplier les compétitions de substitution aux épreuves annulées ou interdites.
« Les compétitions annulées doivent être compensées par nos propres nouveaux formats, insisté Vladimir Poutine. Et nous pouvons le faire rapidement. Pour cela, nous devrions inviter des athlètes, des clubs, des équipes internationaux. »
Un premier essai été tenté avec un tournoi amical de handball féminin, où la Chine a envoyé une équipe. Il ne devrait pas être le dernier.