Les chevaux sortent, mais les barrières restent. L’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) a levé lundi 2 mai un coin du voile sur la cinquième discipline censée remplacer l’équitation après les Jeux de Paris 2024. Un coin, seulement, mais il ne devrait pas suffire à éteindre la polémique.
Selon un communiqué de l’instance internationale, la nouvelle discipline pourrait ressembler de très près à l’ancienne, mais avec une absence de taille : les chevaux. Au terme d’un long processus de consultation, et l’étude d’une soixantaine de propositions, le groupe de travail sur la cinquième discipline a accouché d’une proposition somme toute assez conventionnelle : une course d’obstacles.
Deux versions restent sur la table, explique l’UIPM. Lesquelles ? Mystère. Mais les détails seront bientôt connus, puisqu’elles seront testées après la finale de la Coupe du Monde 2022, prévue à la fin du mois de juin à Ankara, en Turquie.
Les tests seront effectués dans des conditions réelles, en associant les deux versions de cette discipline à obstacles à la natation, l’escrime et la course laser (course à pied et tir au pistolet). Une fois les essais bouclés, la décision finale reviendra au Congrès de l’UIPM.
L’instance présidée par l’Allemand Klaus Schormann l’explique : cette nouvelle discipline à obstacles répond, dans ses deux versions, à l’ensemble des treize critères établis au moment de la décision de rayer l’équitation du paysage. Parmi eux, le respect de l’ADN du pentathlon moderne, à savoir la recherche d’un athlète complet tel que l’avait imaginé Pierre de Coubertin ; une réduction des coûts ; une plus grande accessibilité dans le monde entier ; un choix dynamique, susceptible de séduire un public jeune ; un matériel peu coûteux et facile à mettre en place.
Le résultat, même s’il demeure encore obscur (l’UIPM n’a pas accompagné son annonce de la moindre image ou croquis illustrant la nouvelle discipline), semble frappé au coin du bon sens. En renvoyant les chevaux à l’écurie, mais en conservant une forme d’obstacles, le pentathlon moderne reste fidèle à sa tradition, tout en éliminant l’élément animal source de fréquentes critiques et polémiques.
La fin prochaine du feuilleton ? Peu probable. Avant de ranger pour de bon le dossier, l’UIPM devra convaincre le CIO de la pertinence de son choix. L’enjeu est crucial. La commission exécutive de l’instance olympique a en effet écarté à titre provisoire le pentathlon moderne du programme des Jeux de Los Angeles 2028, dans l’attente de connaître la discipline de substitution à l’équitation.
A ce stade, il n’est pas acquis que la course à obstacles séduise Thomas Bach et les autres membres de la commission exécutive, même si elle semble cocher toutes les cases, notamment en termes de coûts et de simplicité.
Autre incertitude : la réaction du milieu. Hasard ou pas, l’annonce de la nouvelle discipline intervient au moment où l’opposition se fait entendre. Un groupe d’athlètes hostiles au retrait de l’équitation, baptisé Pentathlon United, a écrit au CIO pour demander à Thomas Bach de « mener une enquête complète et indépendante sur la gouvernance et l’honnêteté de l’UIPM et sur le processus de consultation sur la 5ème discipline« .
Parmi les signataires, une poignée de grands noms du pentathlon moderne, actuels et passés, dont le champion olympique en titre, le Britannique Joe Choong.
Créé l’an passé pour faire front contre la décision de retirer l’équitation, Pentathlon United explique avoir mené sa propre enquête auprès de 310 athlètes un peu partout dans le monde. L’immense majorité d’entre eux (plus de 85 %) estime que l’UIPM ne tient pas compte de l’opinion des compétiteurs dans sa gestion du sport. Ils sont 95 % à s’être déclarés mécontents de la façon dont l’instance a mené les travaux sur la nouvelle discipline.
Plus inquiétant : 77 % des athlètes interrogés ont laissé entendre qu’ils abandonneraient peut-être leur sport après le retrait de l’équitation.