La crise sanitaire a repoussé de quatre ans la prochaine édition des Jeux de la Jeunesse d’été, désormais prévue en 2026 à Dakar, privant ainsi toute une génération d’athlètes d’une première expérience olympique. Mais le CIO n’oublie pas les jeunes.
Depuis 2016, l’instance basée à Lausanne leur dédie un programme soutenu par l’un de ses partenaires mondiaux, Panasonic. Initialement nommé Jeunes ambassadeurs et directement associé aux Jeux de la Jeunesse, il a ensuite pris le nom de Young Change-Makers. Puis il a été rebaptisé en Young Leaders.
La responsable du programme au CIO, la Croate Ana-Marija Garcevic, était présente cette semaine à Paris, avec trois Young leaders, pour la Global Sports Week. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Six ans après sa création, où en est aujourd’hui le programme du CIO des Young leaders ?
Ana-Marija Garcevic : Le programme était initialement très associé aux Jeux de la Jeunesse. A l’origine, les Jeunes ambassadeurs avaient pour mission de promouvoir l’événement, mais aussi la façon dont le sport pouvait jouer un rôle concret via des projets à dimension sociale. En 2020, nous avons réévalué le programme. Il fonctionne désormais sur des cycles de quatre ans. Le soutien financier a également été augmenté, pour être porté à 10.000 francs suisses (9.600 euros) par projet. Nous investissons plus et pour plus longtemps. Le programme est également plus individualisé en termes d’exigences pour les Young leaders, car certains sont encore étudiants alors que d’autres travaillent à temps plein. La promotion actuelle compte 25 jeunes âgés de 19 à 30 ans. Nous en sélectionnerons 25 autres en fin d’année. Nous avons deux phases de sélection par cycle de quatre ans.
Comment sont recrutés ces Young leaders ?
La sélection se fait en deux temps. La première phase est ouverte à tous. Elle dure six semaines et permet d’effectuer un premier tri parmi les très nombreuses candidatures venues du monde entier. Nous en recevons environ 3 000. Durant cette phase initiale, une session est organisée chaque semaine, dédiée à l’olympisme et aux valeurs olympiques. Les candidats ayant bouclé les six semaines de cette première étape, au nombre de 550 pour l’actuelle promotion, poursuivent le processus de sélection. Ils doivent écrire une lettre de motivation et réaliser une vidéo d’une minute où ils se présentent et expliquent leur projet. Nous établissons ensuite une liste plus réduite d’une centaine de postulants. Les 25 Young leaders sont finalement choisis par un panel de 16 personnes issues des différents départements du CIO.
La promotion parvient-elle à refléter les règles d’universalité et de mixité du mouvement olympique ?
Oui. La dernière promotion des 25 Young leaders compte 13 filles et 12 garçons. A l’exception de l’Océanie, où le nombre de candidats s’avère réduit, tous les continents sont également représentés. Nous avons un jeune Espagnol issu de la communauté LGBT. Les projets portés par ces jeunes leaders reflètent eux aussi une grande diversité. Ils sont orientés autour de la santé, le bien-être, la paix, le changement climatique, l’inclusion…
Le CIO n’est pas la seule organisation à financer des programmes à vocation sociale et humanitaire, mais l’une des seules à les faire porter par des jeunes. Cette particularité se ressent-elle dans la nature des projets proposés ?
Nous ne sommes pas les seuls, en effet. La FIBA, notamment, développe un programme avec des jeunes via sa fondation. Nous travaillons parfois ensemble. Je crois que ce qui caractérise les projets de notre programme, et surtout ceux qui les portent, est un mélange d’énergie, d’une certaine naïveté et d’une approche très idéaliste. Les Young leaders du CIO ont la conviction de pouvoir changer les choses. Nous les encourageons dans ce sens. Le meilleur exemple est sans doute cette jeune Coréenne, membre de la dernière promotion, dont le rêve était de lancer une ligue féminine de hockey sur glace dans son pays, dans la perspective des Jeux de la Jeunesse d’hiver 2024 à Gangwon. Il n’en existe pas en Corée du Sud. Sur le papier, le projet semblait impossible, ou au moins très compliqué. Mais elle a parlé aux partenaires, à la fédération… Elle est en train de réussir. Aujourd’hui, tout le monde veut s’associer à son projet et l’accompagner.
Les Young leaders deviennent-ils des acteurs du mouvement olympique, comme le suggère l’appellation du programme ?
Le programme est encore jeune, seulement six ans. Il faudra sans doute attendre qu’il atteigne dix ans pour dresser un premier bilan. Mais 18 jeunes ayant participé depuis sa création siègent actuellement dans les différentes commissions du CIO. Les exemples sont nombreux d’anciens membres du programme ayant intégré des comités nationaux olympiques, des fédérations internationales ou des partenaires privés. Le programme leur a ouvert des portes, dans le mouvement sportif, mais aussi dans le business du sport ou dans celui de l’environnement.