La journée aurait pu être paisible. Tranquille et sans histoires. Avec un seul candidat pour le siège présidentiel – le sortant Johan Eliasch – le 53ème congrès de la Fédération internationale de ski (FIS) s’annonçait calme. Il a pourtant tourné à la guerre des mots, jeudi 26 mai, à l’Allianz Tower de Milan (Italie).
Certes, Johan Eliasch a été réélu pour un nouveau mandat. Le dirigeant suédo-britannique, ancien PDG du groupe Head, avait devancé la concurrence de trois rivaux en juin dernier, pour boucler la dernière année de présidence du Suisse Gian-Franco Kasper, décédé au début du mois de juillet. A Milan, jeudi 26 mai, il était seul en lice. Mais sa réélection pour un bail de quatre ans s’est avérée nettement plus agitée que le scrutin précédent.
Sans opposition pour le poste suprême, Johan Eliasch a obtenu 70 voix sur les 126 possibles. La majorité, donc. Mais le président de la FIS en avait totalisé 65 moins d’une année plus tôt lors de sa première élection, malgré la concurrence de trois autres candidats, le Suisse Urs Lehmann, la Britannique Sarah Lewis et le Suédois Mats Årjes. A Milan, il lui a manqué environ 40 % des suffrages, un résultat qui pose question dans une élection jouée d’avance.
Après moins d’une année de présidence, Johan Eliasch ne fait donc pas l’unanimité. Le Suédois installé en Grande-Bretagne est critiqué par une partie de la famille du ski pour son manque de communication et de transparence, notamment dans sa stratégie de réforme du ski alpin.
A Milan, jeudi 26 mai, l’opposition s’est fait entendre. Un groupe d’une quinzaine de nations, dont la Suisse, l’Autriche, la Croatie et plusieurs nations scandinaves, a tenté un coup en contestant le mode de scrutin. Les opposants ont réclamé un vote secret, avec la possibilité de choisir entre le oui, le non et l’abstention, pas seulement entre le nom du candidat unique ou l’abstention. Mais leur demande a été rejetée, au motif que les statuts de l’instance ne prévoyaient pas un tel scénario.
En réaction, plusieurs délégués ont quitté la salle avant le moment du vote. En tête de cortège, les deux porte-paroles du groupe de contestataires, l’Autrichien Christian Scherer et le Croate Vedran Pavlek. Le délégué suisse Bernhard Aregger, n’a pas non plus pris part à l’élection présidentielle.
Interrogé plus tard en conférence de presse virtuelle sur le résultat du scrutin, Johan Eliasch s’en est sorti par une pirouette : « J’ai obtenu 100 % des votes valides. Tout ce que je peux dire, c’est que ma majorité se situe entre 60 et 100 %. »
Le coup est passé près pour le milliardaire à la double nationalité. Mais la crise n’est peut-être pas enterrée. Selon le directeur général de Swiss Ski, Diego Züger, une procédure serait déjà lancée pour contester la validité de la réélection de John Eliasch.
A Milan, l’épisode très agité du scrutin présidentiel a dominé le Congrès annuel de la FIS. Mais l’instance internationale a connu par ailleurs une journée importante.
Deux personnalités de l’instance internationale ont été écartées du Conseil. La première était attendue. L’ancienne fondeuse Elena Vyalbe, triple championne olympique en relais dans les années 90, aujourd’hui présidente de la Fédération russe de ski de fond, a perdu sa place. Avec seulement 48 voix, elle a terminé au dernier rang du scrutin pour le Conseil de la FIS. Sa candidature avait été contestée avant même le Congrès par plusieurs pays, dont la Finlande et la Suède. Il lui était reproché son soutien à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.
La défaite de l’Américain Dexter Paine était moins attendue. Ancien vice-président de la FIS, il ne siègera plus au Conseil, ayant obtenu seulement 74 voix, le troisième plus mauvais résultat. Dexter Paine comptait parmi les alliés les plus solides de Johan Eliasch.
Enfin, le Congrès de Milan a entériné le changement d’appellation de l’instance. La FIS devient la Fédération internationale de ski et de snowboard. Mais elle conserve son sigle et son logo.