Une discipline historique des Jeux d’hiver disparaîtra-t-elle bientôt du programme olympique ? La question est en train de se répandre comme une traînée d’huile dans l’univers du combiné nordique. Mais la réponse peine à se dessiner.
Vendredi 24 juin, la commission exécutive du CIO doit se réunir depuis Lausanne pour plancher sur le programme des épreuves des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. L’avenir du combiné nordique, présent sans discontinuer depuis les Jeux de Chamonix en 1924, sera discuté et débattu.
Précision d’importance : la discipline est la dernière du programme des Jeux d’hiver à être seulement disputée par les hommes. Un inconvénient de taille à l’heure où le CIO pousse à fond pour la parité aux Jeux olympiques, hiver comme été.
Selon plusieurs sources, deux options seraient sur la table.
La première, la plus optimiste, consiste à ajouter une épreuve féminine de combiné nordique aux Jeux de Milan-Cortina 2026. Elle présente l’avantage d’instaurer la parité voulue par le CIO. Mais elle aurait pour conséquence une augmentation du nombre d’athlètes, toujours malvenue en ces temps de maîtrise des coûts et de chasse au gigantisme.
L’autre option ? Un retrait pur et simple du combiné nordique des prochains Jeux d’hiver, sacrifié sur l’autel de l’égalité des sexes. Le scénario catastrophe.
A une semaine de la réunion de la commission exécutive du CIO, les rumeurs hésitent entres les deux camps. Tout serait possible. Le pire ne serait pas exclu.
L’Américain Bill Demong, membre du conseil d’administration de la Fédération américaine de ski nordique (USA Nordic), l’a expliqué à l’agence Associated Press : « Ce que j’entends très clairement par les bruits de couloir, c’est que la solution pour parvenir à la parité hommes/femmes aux Jeux olympiques serait de supprimer le combiné nordique masculin du programme en 2026. »
A la Fédération internationale de ski (FIS), le responsable de la discipline, Lasse Ottesen, en est réduit lui aussi aux spéculations. « Une telle éventualité serait tragique« , assène-t-il. Mais il interroge : « Que se passerait-il si le CIO refusait d’intégrer les femmes aux Jeux de Milan-Cortina 2026 ? Que deviendrait le combiné nordique masculin. »
Difficile de répondre avant la réunion de la commission exécutive. Mais il semble difficile d’imaginer le CIO maintenir un sport exclusivement masculin dans un événement où la parité est élevée au rang de priorité.
La féminisation du combiné nordique est déjà en marche. Une Coupe du Monde féminine a été mise sur pied par la FIS. Au cours de la dernière saison, elle a rassemblé près de 40 concurrentes. Une épreuve féminine est disputée aux championnats du monde.
« Il n’y a aucune raison pour que nous ne soyons pas aux Jeux olympiques, estime la Norvégienne Ida Marie Hagen, deuxième au classement général de la Coupe du Monde. Le niveau est de plus en plus élevé. La participation augmente et devient de plus en plus universelle. »
En 2018, la FIS avait tenté de forcer la porte des Jeux de Pékin 2022 en demandant au CIO d’ajouter une épreuve féminine de combiné nordique. Sa requête avait été rejetée. Le directeur des sports de l’instance, Kit McConnell, avait alors expliqué avoir besoin d’en savoir un peu plus sur l’universalité et le niveau technique de la discipline.
Quatre ans ont passé. Les « combinardes » ont gagné du terrain, mais leur avenir olympique reste flou. Seront-elles invitées à Milan-Cortina 2026 ? Ou, à l’inverse, seront-elles rejointes par leurs homologues masculins dans le camp des exclus ? Réponse en fin de semaine prochaine.