Belle semaine pour Sapporo. La candidature japonaise pour les Jeux d’hiver 2030 a vu deux de ses rivales s’écarter de la route. Elle n’en attendait sûrement pas tant à moins d’une année de la décision du CIO.
En début de semaine, les Espagnols ont retiré définitivement de l’affiche leur projet Pyrénées-Barcelone. Ils ont mis les pouces. Ils n’iront pas plus loin.
Jeudi 23 juin, la candidature de Salt Lake City n’a pas formellement abandonné la course. Mais les propos de Susanne Lyons, la présidente du Comité olympique et paralympique américain (USOPC), suggèrent que le projet de l’Utah pourrait très bientôt renoncer à l’option 2030 pour se concentrer sur l’édition suivante.
« Nous devons encore en discuter, mais si nous devions avoir une préférence, il serait préférable pour nous de viser les Jeux en 2034, a-t-elle expliqué aux médias après une visite récente à Lausanne, au siège du CIO, d’une délégation américaine. A Salt Lake City, le comité de candidature se rend compte que nous sommes dans une position absolument fantastique pour 2034. Mais, cela étant, dit, nous resterions dans la course si nous étions sollicités pour 2030. »
Le message est clair. Les Américains ne renoncent pas aux Jeux d’hiver en 2030. Pas encore. Ils se disent prêts à poursuivre l’aventure si le CIO le leur demande. Mais leur meilleure option, présentée comme déjà quasi gagnante, reste de reporter leurs efforts sur l’édition suivante.
A en croire Susanne Lyons, les raisons seraient multiples. La première est connue de tous, elle est économique. Accueillir dans l’Utah les Jeux d’hiver deux ans seulement après Los Angeles 2028 pourrait certes ouvrir la porte à un « package » 2028-2030 pour certains partenaires, mais le défi s’annonce immense.
« Il est très réaliste de dire que, compte tenu de la situation inflationniste actuelle et des marchés commerciaux difficiles auxquels nous sommes confrontés, il est certainement plus compliqué de trouver le financement à la fois pour L.A.2028 et Salt Lake 2030« , reconnait Susanne Lyons.
L’autre obstacle, moins attendu, est plus politique. La présidente de l’USOPC, arrivée en fin de mandat cette année, a confié jeudi 23 juin avoir découvert lors de sa visite à Lausanne un CIO encore marqué par le boycott diplomatique américain des Jeux d’hiver de Pékin 2022.
« Il y a encore un certain mécontentement au sein du CIO, non pas à l’égard de l’USOPC ou du comité de candidature de Salt Lake City, mais envers le gouvernement américain, précise Susanne Lyons. Sa position au moment des Jeux de Pékin a été perçue comme un manque de soutien au CIO. »
L’instance olympique n’aurait pas apprécié, surtout, de voir le Congrès américain convoquer certains partenaires mondiaux des Jeux pour leur demander des explications quant à leur présence à Pékin 2022 et leur position sur la question des droits de l’homme en Chine.
L’affaire est pliée ? Presque. Selon sa présidente, l’USOPC a reçu « des signes très, très favorables » pour son projet d’une candidature aux Jeux d’hiver en 2034, dans l’hypothèse où le CIO choisirait une autre ville pour 2030. « Ce qui pourrait potentiellement encore faire de nous un candidat pour 2030 dépend vraiment des autres dossiers en lice, estime Susanne Lyons. Je pense que le CIO attend maintenant de voir ce que les autres pays vont présenter et peuvent offrir. »
Avec le retrait officiel des Espagnols, et une stratégie à plus long terme des Américains, la course aux Jeux d’hiver 2030 s’annonce comme un match à deux. En tête, Sapporo. A quelque distance. Vancouver.
Les Canadiens participent à la phase de dialogue avec le CIO, mais sans avoir formellement pris la décision de se lancer jusqu’au bout dans l’aventure. Ils en discutent encore. Mais le retrait du dossier Pyrénées-Barcelone, et les propos de Suzanne Lyons, pourraient les inciter à accélérer le pas.
Thomas Bach l’a annoncé le mois dernier en clôture de la 139ème session du CIO : la commission exécutive désignera en décembre prochain une candidature invitée à poursuivre la phase de dialogue. Elle ne sera pas espagnole, sans doute pas non plus américaine. La liste se resserre.