Une journée historique ? L’avenir répondra. Sept mois après avoir annoncé l’abandon de l’équitation, le pentathlon moderne a ouvert mardi 28 juin une nouvelle page de sa longue histoire. Sa fédération internationale, l’UIPM, a organisé à Ankara sa première compétition test de la nouvelle discipline, la course à obstacles.
L’UIPM n’a pas lésiné sur les moyens. Associée pour l’occasion à la Fédération internationale des sports d’obstacles (FISO), elle a fait affaire avec deux acteurs majeurs de la discipline, le groupe audiovisuel japonais TBS (Tokyo Broadcasting System Television), et le promoteur américain Spartan Race.
Le résultat : un parcours d’obstacles inspiré du show télévisé Ninja Warrior, produit par TBS dans plus de 160 pays dans le monde. Spectaculaire. Surtout, très éloigné de l’image nettement plus aristocratique du saut d’obstacles.
Une journée d’entraînement et de découverte a été proposée lundi 27 juin à la centaine d’athlètes venus de 19 pays. la compétition a eu lieu le lendemain. Au programme, six catégories, dont quatre réservées aux pentathlètes, avec deux passages possibles sur le parcours d’obstacles.
L’histoire retiendra que la compétition féminine a été dominée par la Guatémaltèque Sophia Hernandez, une habituée du top 50 mondial. Elle a devancée la Britannique Jessica Sutton et l’Italienne Ludovica Montecchia. Chez les messieurs, l’Allemand Tobias Hierl (GER) a raflé la mise, devant l’Équatorien Andres Torres et l’autre Allemand Robin Schmidt.
Moins anecdotique, le chrono réalisé par Tobias Hierl sur le parcours d’obstacles. L’Allemand a bouclé l’affaire en 34 secondes. Plus vite que certains des engagés dans l’épreuve réservée aux spécialistes de la course d’obstacles. Et seulement sept secondes de plus que le Français Dimitri Houles, l’un des cracks du Ninja Warrior, sacré champion du monde en 2019.
Un test concluant ? Il est trop tôt pour répondre. Prudente, l’UIPM veut se donner du temps. Une enquête a été menée auprès des athlètes, entraîneurs et observateurs présents en début de semaine à Ankara. Ses résultats seront analysés par le groupe de travail sur la cinquième discipline. Un deuxième test est également prévu dans les mois à venir.
Au terme de cette phase d’expérimentation, le Congrès de l’UIPM sera invité à se prononcer par vote sur l’adoption de la course d’obstacles. En cas de résultat favorable, la nouvelle discipline sera soumise au CIO. En cas de validation, la commission exécutive pourrait réintégrer le pentathlon moderne au programme des Jeux de Los Angeles 2028.
La route est encore longue, donc. Mais le test d’Ankara, qui aurait pu tourner au désastre, incite plutôt à l’optimisme. Le président de l’UIPM, l’Allemand Klaus Schormann, ne retient pas ses mots : « Aujourd’hui, nous avons eu le premier test historique pour l’intégration d’une nouvelle 5ème discipline. Une nouvelle ère pour notre sport. La configuration du parcours était dynamique et stimulante, elle a permis de révéler la polyvalence et les capacités uniques des athlètes. Ils ont vraiment apprécié la compétition, cela se voyait sur leurs visage et pouvait se vérifier dans leurs interviews après la compétition. C’était un excellent premier pas. »
Klaus Schormann n’en doute pas : le pentathlon moderne est en train de vivre sa révolution, en abandonnant l’élégance très protocolaire de l’équitation pour lui substituer une épreuve taillée pour la télévision. « Il ne s’agit pas d’un simple remplacement d’une discipline par une autre, assure le dirigeant allemand. La course à obstacles va transformer le pentathlon moderne en un multisport séduisant pour la télévision, mais aussi pour les jeunes et les partenaires commerciaux. »
Côté athlète, le jeune Français Cédric Chatellier, vainqueur chez les juniors, se range déjà dans le camp des conquis. « J’ai vraiment trouvé la nouvelle discipline très cool, avec beaucoup d’obstacles divers, dit-il. Très intéressant. J’ai bien aimé et ça m’a plutôt réussi. Bien sûr, c’est assez difficile pour les mains et les bras, mais avec un peu de temps d’adaptation, ça devrait aller mieux. J’espère que le CIO verra qu’il s’agit d’une bonne initiative. »
L’instance olympique se laissera-t-elle tentée par l’idée du Ninja Warrior aux Jeux de Los Angeles 2028 ? Pas impossible.