La visite n’avait pas été annoncée. Mais elle n’a pas été tenue secrète. Thomas Bach s’est rendu en Ukraine, dimanche 3 juillet, plus de quatre mois après le début de l’invasion du pays par l’armée russe. Le président du CIO a rencontré très officiellement à Kiev le chef de l’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Que retenir de cette visite, la première effectuée par Thomas Bach depuis le début du conflit ? Une confirmation, pour commencer : l’instance olympique se range du côté ukrainien. Et elle entend bien le faire dans la durée.
Pour preuve cette annonce de Thomas Bach au terme de son échange avec Volodymyr Zelensky : le CIO va tripler son aide financière aux athlètes ukrainiens. Le fonds spécial ouvert dès la fin du mois de février a été lancé avec une dotation de 2,5 millions de dollars. Il sera porté à 7,5 millions dans la perspective des Jeux de Paris 2024 et Milan-Cortina 2026. Objectif : aider les athlètes ukrainiens à « hisser haut » leur drapeau lors des deux prochains rendez-vous olympiques.
Thomas Bach a également précisé que la coordination de l’aide aux athlètes, apportée par le CIO et par les autres instances du mouvement olympique, continuerait à être assurée par Sergueï Bubka, le président du comité olympique ukrainien. L’ancien perchiste aura notamment pour mission d’organiser, avant la fin de l’année, une conférence des donateurs du mouvement olympique. Elle sera ouverte aux partenaires économiques du CIO et planchera, entre autres sujets, sur l’aide à la reconstruction des infrastructures sportives en Ukraine.
Autre confirmation : la position du CIO à l’égard de la Russie ne changera pas. Certes, il n’est toujours pas question de bannir les membres russes de l’instance olympique. Mais Thomas Bach a assuré dimanche 3 juillet à Volodymyr Zelensky que « le moment n’était pas venu » d’assouplir les sanctions recommandées en février dernier. En tête de liste, l’exclusion des athlètes et officiels russes et biélorusses de toutes les compétitions internationales.
A l’évidence, Volodymyr Zelensky a apprécié. Le discours, mais aussi les actes. « Plus de cent mille athlètes ukrainiens n’ont pas la possibilité de s’entraîner, a-t-il expliqué, cité sur le site Internet officiel de la présidence ukrainienne. Des centaines d’installations sportives ont été détruites. Beaucoup de sportifs ukrainiens ont rejoint les forces armées ukrainiennes pour défendre notre pays, pour le défendre sur le champ de bataille. Quatre-vingt-neuf sportifs et entraîneurs ont péri au combat. Treize sont capturés. »
Thomas Bach et Volodymyr Zelenskyy n’en sont pas à leur première rencontre. Les deux hommes s’étaient déjà croisés en septembre dernier, à Kiev, à l’occasion du 30ème anniversaire du Comité national olympique ukrainien. Volodymyr Zelenskyy en avait profité pour évoquer une candidature de son pays aux Jeux d’hiver en 2030.
L’invasion russe a fait voler le projet en éclats. Mais, surprise, la question a été une nouvelle fois discutée dimanche 3 juillet entre les deux dirigeants. Toujours selon la version officielle, Thomas Bach et Volodymyr Zelenskyy ont « discuté de la stratégie de développement du sport ukrainien après la guerre ».
« Je ne doute pas qu’après notre victoire, nous serons en mesure de réunir toutes les conditions nécessaires à l’organisation d’événements sportifs internationaux de haut niveau, a insisté le président ukrainien. Nos athlètes, notre pays, ont déjà apporté une contribution importante au développement du mouvement olympique. Mais nos possibilités sont bien plus grandes, et nous les mettrons certainement en œuvre« .
En priorité, les Jeux olympiques d’hiver, dans « une Ukraine pacifique, libre et reconstruite. » Réaliste ? A échéance 2034, tout est possible, assure le CIO. Thomas Bach s’est bien gardé de fermer la porte. Il s’est dit « impressionné » par les intentions de l’Ukraine d’accueillir les Jeux d’hiver. Le dirigeant allemand aurait même expliqué à Volodymyr Zelenskyy que son pays peut mener aussitôt qu’il le souhaitera des discussions avec la commission des futures villes-hôtes.