L’expression ne manque pas d’une certaine élégance. Ce mardi 12 juillet, le conseil d’administration du COJO Paris 2024 se penchera sur la « revue de concept » des prochains Jeux d’été. En clair, la carte des sites, toujours à l’état de projet à deux ans et un peu plus de deux semaines des trois coups.
Inquiétant ? Pas le moins du monde, insiste le COJO. Tony Estanguet et son équipe n’en démordent pas : chaque nouveau coup de crayon sur le plan des futurs sites olympiques et paralympiques « renforce le projet« . Cool. Ils rappellent également que le badminton et la gymnastique ont changé de terrain de jeu à moins de deux ans de l’échéance à Londres 2012. Plus récemment, le marathon de Tokyo 2020 a été délocalisé à Sapporo en phase terminale de la préparation.
Il n’empêche, le feuilleton traîne en longueur. Surtout, il donne du COJO l’impression d’un navire peinant à garder son cap.
Un dossier cristallise toutes les tensions : le tour préliminaire du basket-ball. Ses épisodes s’enchaînent sans vraiment avancer, au point de tourner au bras de fer entre le COJO et la fédération internationale (FIBA), avec le CIO dans le rôle d’arbitre, et au final de décideur.
A quelques heures d’un conseil d’administration où la question sera une nouvelle fois débattue, mais sans être définitivement tranchée, les positions des deux camps sont les suivantes : le COJO propose un échange basket/handball, le premier des deux sports collectifs jouant sa phase préliminaire à Lille avant de retrouver Paris, le second faisant l’inverse ; la FIBA veut rester dans la capitale, ou au pire en proche banlieue.
Pour le COJO, Lille et son stade Pierre-Mauroy constituent la seule option possible. « La seule à cocher toutes les cases« , insiste-t-on au comité d’organisation. Elle n’alourdirait pas le budget et respecterait l’équilibre des Jeux.
Un échange entre les deux sports sera présenté ce mardi 12 juillet au conseil d’administration. En cas de validation, scénario hautement probable, il sera ensuite proposé au CIO. Le COJO ne soumettra pas d’alternative.
La FIBA, de son côté, continue à émettre des doutes quant à la capacité de Lille de recevoir le tour préliminaire. Sa dernière carte en date : la température. L’instance internationale craint que la chaleur s’engouffre dans le stade Pierre-Mauroy et menace le bon déroulement des rencontres. Elle l’a très clairement expliqué au COJO.
En bon élève, le comité d’organisation a repris ses carnets de notes et mené l’enquête. Il a relevé que les deux derniers événements majeurs d’un sport collectif en salle dans l’enceinte lilloise, la Ligue Mondiale de volley-ball et l’EuroBasket en 2015, s’étaient déroulés sans la moindre difficulté de température.
Une équipe de Paris 2024 s’est même rendue à Lille, le mois dernier, au plus fort de la canicule des derniers jours du printemps. Elle a découvert que la température affichait 22.3° sur le terrain lorsque le thermomètre grimpait à 35° à l’extérieur.
Mieux : le COJO a commandé une étude technique sur la possibilité de climatiser le stade Pierre-Mauroy pendant les Jeux. Ses conclusions ont été envoyées à la FIBA. « Ils ont des questions à nous soumettre« , explique-t-on à Paris 2024.
Selon une source interne au comité d’organisation, la FIBA ne s’est jamais déplacée à Lille, depuis le début des discussions, pour étudier sur place la réalité du site et des conditions de jeu.
Résolue à ne pas faire voyager les joueurs dans le Nord de la France, l’instance internationale du basket a même suggéré d’utiliser un hall du Parc des Expositions de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, le dernier site en date à s’ajouter au dispositif de Paris 2024. Mais l’option n’est pas retenue par le COJO.
Le bras de fer continue. Il reviendra in fine au CIO de trancher la question. A quelle date ? Mystère. « Il n’existe aucune deadline pour prendre une décision« , précise le COJO.
Ailleurs, heureusement, l’herbe se révèle plus verte. Le conseil d’administration de Paris 2024 devrait valider ce mardi 12 juillet l’accueil au Hall 8 du Parc des Expositions de Villepinte des tours préliminaires de la boxe (les finales se disputeront à Roland-Garros), du volley-ball assis, et de l’épreuve initiale d’escrime du pentathlon moderne.
Surtout, il devrait boucler l’autre dossier chaud de la carte des sites : le tir. Initialement logée à la La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, la discipline se disputera à Châteauroux, dans le département de l’Indre. Toutes les parties prenantes sont tombées d’accord, plus tôt que prévu. La lettre d’engagement des collectivités, dont la métropole de Châteauroux, est arrivée lundi 11 juillet au COJO.
Le dernier point de la discussion porte sur le coût de la location du Centre national du tir sportif (CNTS), propriété de la fédération française. Il tournerait autour de 5 millions d’euros, contre 17 millions au début des échanges. Une bonne affaire.