Un sport collectif frappe à la porte des Jeux olympiques. Le flag football, un dérivé du football américain, vient de s’ajouter très officiellement à la liste encore imprécise des candidats à une entrée au programme des Jeux d’été à Los Angeles en 2028, au titre des sports additionnels.
Un potentiel vainqueur ? Possible. Disputée par équipes de 5 joueurs, la discipline ne manque pas d’atouts, surtout dans la perspective d’un rendez-vous olympique en Californie. Surtout, son dossier est soutenu par la NFL, l’une des ligues les plus puissantes et fortunées du sport professionnel américain.
La candidature du flag football est portée par la NFL et la Fédération internationale de football américain (IFAF). Les deux organisations ont dévoilé cette semaine à Birmingham (Alabama), en marge des Jeux mondiaux 2022 où le flag football fait ses débuts dans un rendez-vous multisport, leur projet commun, baptisé « Vision28« .
Le Français Pierre Trochet, président de l’IFAF, en a expliqué à FrancsJeux la stratégie et les ambitions.
FrancsJeux : Vous avez profité des Jeux Mondiaux à Birmingham, en Alabama, où le flag football fait son entrée dans le programme, pour présenter le projet « Vision28 ». De quoi s’agit-t-il ?
Pierre Trochet : Vision28 est le nom du groupe qui va conduire la campagne de candidature du flag football pour entrer au programme des Jeux olympiques. Il est le résultat d’une étroite collaboration entre l’IFAF et la NFL. Le groupe est co-présidé par Troy Vincent, le vice-président exécutif des opérations football à la NFL, et par moi-même. Comme son nom l’indique, nous ambitionnions d’intégrer les Jeux olympiques à Los Angeles en 2028.
Quelle est la stratégie de Vision28 pour entrer au programme olympique ?
La première étape se joue à Lausanne. Nous visons une pleine reconnaissance de l’IFAF par le CIO. Aujourd’hui, notre fédération internationale bénéficie seulement d’une reconnaissance provisoire. Nous espérons atteindre ce premier objectif avant la fin de l’année. Il est un préalable à une entrée dans le programme olympique. Mais il s’inscrit aussi dans une nouvelle dynamique de notre instance internationale, enclenchée au cours des six derniers mois, avec un développement de la pratique, une nouvelle gouvernance, un calendrier renforcé…
Discutez-vous déjà avec Los Angeles 2028 ?
Nous le faisons par interlocuteur interposé, à savoir le CIO à Lausanne. Mais nous avons engagé en parallèle une campagne de presse, notamment aux Etats-Unis. Et nous travaillons main dans la main avec la NFL, qui doit nous aider à toucher LA 2028. Notre stratégie part de l’Europe, le siège de l’IFAF étant situé à Paris, mais avec une déclinaison américaine portée par la NFL.
Quel rôle joue la NFL dans votre campagne olympique ?
La NFL est notre partenaire premium depuis la première heure. Mais sa présence à nos côtés ne se limite pas à ce seul projet olympique. Elle s’inscrit dans une démarche de développement plus globale. L’audience de la NFL est mondiale, ses fans se comptent par millions dans le monde entier. Notre partenariat peut nous aider à toucher ces millions de fans et en faire des pratiquants de flag football. La NFL participe aussi à la vie de l’IFAF, à la concrétisation de projets sportifs et de développement. Elle nous apporte également des ressources humaines et techniques, des compétences, notamment pour la formation d’entraîneurs.
Selon les critères du CIO, un sport additionnel doit pouvoir attirer un public jeune, répondre à l’exigence de mixité, ne pas gonfler les coûts et nécessiter un quota réduit d’athlètes. Le flag football coche-t-il toutes ces cases ?
Non seulement il les coche toutes, mais vous venez même de donner la définition du flag football. Il se joue par les hommes et les femmes, et même par équipes mixtes dans certaines compétitions, comme le championnat de France par exemple. Pour y jouer, il suffit d’un ballon à 100 ou 200 euros, une ceinture de flag à 10 euros, et une paire de baskets. Les équipes comptent seulement 5 joueurs. Deux ou trois terrains de flag peuvent tenir dans un stade, comme à Birmingham pour les Jeux Mondiaux 2022. Quant à son public, il se rapproche beaucoup de celui du basket 3×3. La génération Z, très orientée sur le clip, l’ambiance, la rapidité.
L’universalité a toujours été un frein aux ambitions olympiques du football américain…
Dans sa version NFL, le football américain ne peut pas toucher le monde entier. Son audience est globale, mais sa pratique ne peut pas l’être, notamment à cause du coût de l’équipement et des terrains. Le flag football, en revanche, convient à tous les âges, tous les gabarits, et peut être joué dans des environnements variés: salles couvertes, stades, terrains extérieurs… Il n’existe aucun frein à sa pratique et son développement. Aujourd’hui, l’IFAF compte 72 pays membres, mais le flag est pratiqué dans plus de 100 pays.
Quel est votre tableau de marche pour espérer entrer aux Jeux de Los Angeles 2028 ?
Nous sommes actuellement présents, pour la première fois, aux Jeux mondiaux à Birmingham, avec deux tournois, masculin et féminin. Nous irons ensuite en Finlande pour la Coupe du Monde féminine de football américain, une compétition à huit équipes. L’an prochain marquera une nouvelle étape dans notre développement avec, pour la première fois, une compétition continentale de flag football sur chacun des continents. En parallèle, j’ai présidé jeudi 14 juillet à Birmingham mon premier congrès de l’IFAF depuis mon élection à la présidence, en décembre dernier. Nous espérons avoir en 2023 une réponse de Los Angeles 2028 à notre ambition d’entrer au programme olympique.