— Publié le 21 juillet 2022

Un an après les Jeux, Tokyo 2020 rattrapé par les affaires

Événements Focus

Mauvais timing. A deux jours de fêter la date très symbolique d’une année pile après l’ouverture des Jeux de Tokyo 2020, samedi 23 juillet, une affaire de corruption présumée vient d’éclater au Japon. Elle concerne un membre du conseil exécutif de l’ex comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques.

Selon l’agence Kyodo News, citant des sources « proches du dossier« , la justice enquêterait sur le versement de la somme de 45 millions de yens – environ 326.000 dollars au cours actuel – par un partenaire de Tokyo 2020 à un cabinet de conseil appartenant à Haruyuki Takahashi (photo ci-dessus), un membre du conseil exécutif du comité d’organisation.

Le sponsor en question, Aoki Holdings Inc., est devenu en octobre 2018 supporteur officiel des Jeux de Tokyo 2020, le troisième niveau du programme national de marketing. Très implantée au Japon, l’entreprise fondée à la fin des années 50 fabrique des costumes pour hommes.

En sa qualité de partenaire des Jeux, elle a commercialisé une ligne de vêtements portant l’emblème des Jeux d’été. Elle aurait vendu plus de 30.000 costumes et vestes estampillés Tokyo 2020 depuis le début de l’année 2019. Belle affaire, donc. Aoki avait habillé la délégation de Tokyo 2020 à la session du CIO en septembre 2013 à Buenos Aires, au cours de laquelle la capitale japonaise a été désignée hôte des Jeux d’été en 2020.

Seul ennui : la police japonaise aurait découvert l’existence d’un contrat entre Aoki et le cabinet de conseil dirigé par Haruyuki Takahashi. Sa signature remonterait au mois de septembre 2017, avant l’entrée de la marque dans le programme de marketing des Jeux de Tokyo. Il prévoyait le paiement d’une prestation pour une valeur d’un million de yens par mois, environ 7.000 euros au cours actuel.

Un conflit d’intérêt ? Les procureurs japonais le croient. Dans le cadre de leur enquête, ils ont interrogé l’ancien président et fondateur d’Aoki Holdings, Hironori Aoki, parti à la retraite le mois dernier. Sollicitée par les médias japonais, la direction de l’entreprise a refusé de commenter l’affaire.

Haruyuki Takahashi, de son côté, dément toute présomption de corruption. Le dirigeant japonais, aujourd’hui âgé de 78 ans, ne conteste pas l’existence d’un contrat entre Aoki et son cabinet de conseil. Mais il jure ses grands dieux qu’il n’était pas lié aux Jeux de Tokyo 2020, mais concernait un stratégie commerciale de la marque de vêtements à l’échelon national.

Selon Kyodo News, l’existence même d’un contrat commercial entre un partenaire des Jeux et un membre du conseil exécutif de Tokyo 2020 constituerait un acte de corruption. La loi olympique adoptée au Japon après l’attribution à Tokyo des Jeux en 2020 précise que les membres du conseil exécutif et les responsables du comité d’organisation sont considérés comme des fonctionnaires d’Etat. A ce titre, il leur est interdit de recevoir des cadeaux, indemnités ou rémunérations d’entreprises liées aux Jeux.

Ancien directeur général du géant Dentsu, l’agence de publicité officielle de Tokyo 2020, Haruyuki Takahashi a souvent été présenté comme l’un des membres les plus influents du conseil exécutif du comité d’organisation. Il a été l’un des premiers à le rejoindre, dès le mois de juin 2014, quelques mois seulement après sa création.

Son nom a déjà été cité par les médias japonais dans certaines transactions peu transparentes concernant les Jeux de Tokyo et la campagne de candidature. En septembre 2020, Kyodo News a révélé que le comité de candidature aurait effectué une douzaine de virements, pour un montant total de 900 millions de yens (7,3 millions d’euros), à une société dirigée par Haruyuki Takahashi.

 

.