La date est toute proche. Elle est très attendue. La Polynésie et le COJO Paris 2024 sortiront leur plus beau stylo, en fin de semaine prochaine, pour signer la convention actant de manière officielle l’organisation à Tahiti, sur la vague de Teahupoo, des épreuves olympiques de surf.
Tout sauf un hasard, le document sera paraphé en marge de la visite à Tahiti du président du COJO, Tony Estanguet. Le triple champion olympique doit se rendre en Polynésie du 11 au 16 août. Sa première visite sur place depuis le choix de Tahiti comme site du surf, l’un des quatre sports additionnels aux Jeux de Paris 2024.
Pas un hasard, également, si le voyage de Tony Estanguet outre-mer coïncidera avec l’organisation de la Outerknown Tahiti Pro, l’avant-dernière étape du circuit mondial de surf. Elle se tiendra du 11 au 21 août, et sera marquée par la première compétition depuis 2006 du circuit mondial féminin.
La visite à Tahiti de Tony Estanguet était prévue depuis plusieurs mois. Elle fera suite à une première inspection du futur site de compétition conduite en novembre dernier par Etienne Thobois, le directeur général du COJO. Mais, surprise, le déplacement du président du comité d’organisation a failli ne jamais avoir lieu.
Naea Bennett, le ministre polynésien des Sports, l’a confié cette semaine à l’AFP : la Polynésie n’était pas encore vraiment sûre, ces dernières semaines, de se lancer dans l’aventure olympique.
« On s’est vus avec le président (de la Polynésie française) Edouard Fritch pour se demander si on y allait vraiment, parce que les conventions ne sont pas encore signées, a expliqué Naea Bennett, un ancien footballeur. Mais c’est décidé, on va les faire, ces Jeux. On s’est posé la question de l’opportunité d’investissements importants pendant la crise qu’on traverse, mais finalement, ces aménagements, on les aurait faits quand même« .
A moins de deux ans des Jeux, les travaux d’aménagement n’ont pas encore débuté à Tahiti. Les engins sont censés se mettre en ordre de bataille après la visite de Tony Estanguet.
Sur le papier, les chantiers s’annoncent modestes. La marina de Teahupoo doit être remise à neuf. Un hôtel, le Puunui, sur les hauteurs de Taravao, sera rénové. Situé à 13 km du site de compétition, il hébergera les athlètes et les officiels pendant les Jeux. En cas de retard (la durée des travaux n’est pas encore connue), les autorités polynésiennes ont prévu une alternative : un bateau de croisière.
Jouable, donc. Mais Tony Estanguet le découvrira de visu à partir de la semaine prochaine : les Tahitiens ont revu à la baisse certains aménagements initialement prévus pour accueillir la compétition de surf. Ils ont renoncé aux projets rejetés par les associations de riverains.
En tête de liste, la construction d’un pont au dessus de la rivière pour accéder à la plage publique de Teahupoo. « Les riverains n’étaient pas d’accord pour construire un pont, donc on ne va pas le faire, a reconnu Naea Bennett à l’AFP. On peut traverser la rivière avec un 4×4, on va continuer comme ça ». La passerelle d’accès restera piétonne. Pas l’idéal.
Autre rature au projet initial : la route unique à deux voies (une dans chaque sens) menant au spot de surf ne sera pas élargie. Mais les autorités locales se veulent rassurantes : elle sera exclusivement réservée aux véhicules accrédités pendant la période des Jeux.
Naea Bennett n’en fait pas mystère : le projet olympique tarde encore à faire l’unanimité à Tahiti. A deux ans de l’échéance, il reste trop flou pour séduire les locaux. Pour preuve ce témoignage de la présidente de l’association Vai Ara o Teahupoo, Cindy Otcenasek : « On n’a rien de concret depuis deux ans, donc il est difficile de se prononcer. Il faut maintenant qu’ils présentent le projet« .
La visite de Tony Estanguet, et la signature des conventions, en fourniront une parfaite opportunité.