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Pour Thomas Bach, l’Allemagne peut décrocher les Jeux en 2036

— Publié le 12 août 2022

La date est écrite dans le marbre. Thomas Bach rendra les clefs de son bureau de président du CIO en 2025. Elu pour la première fois en septembre 2013 à Buenos Aires, pour un mandat initial de huit ans, il a été reconduit l’an passé pour un second et dernier exercice de quatre ans.

Sauf très improbable changement dans l’alignement des planètes, Thomas Bach ne sera plus aux manettes lors de la prochaine désignation d’une ville-hôte des Jeux d’été. La bataille pour les Jeux olympiques en 2036 se jouera sous la gouvernance de son successeur.

Thomas Bach jouera-t-il un rôle ? Probable. Premier indice, l’ancien escrimeur a répondu sans langue de bois au magazine Sport Bild sur une éventuelle candidature allemande. A la question, « Est-il vraiment imaginable de votre point de vue que l’Allemagne se porte à nouveau candidate 100 ans après les Jeux nazis de Berlin en 1936 et qu’elle réussisse peut-être même à obtenir gain de cause ?« , Thomas Bach a répondu : « Oui« .

Puis, invité à développer sa réponse, il a expliqué : « Cela ne serait pas vu d’un si mauvais œil au niveau international. Bien sûr, il y aurait des critiques, et il y aurait des critiques chez les autres candidats. Mais d’un point de vue international, ces Jeux de 1936 ne seront pas reprochés à l’Allemagne. Ils pourraient même constituer un signe, comme Munich l’a fait. À l’époque, les Jeux de 1936 ne nous ont pas non plus été reprochés. Cette opportunité se présenterait également en 2036. Je ne verrais pas de véritable obstacle dans la date. »

Le message de Thomas Bach est clair : l’Allemagne peut envisager une candidature aux Jeux d’été en 2036 sans craindre d’être plombée par le sombre souvenir de Berlin 1936. Elle peut tenter sa chance. Le président du CIO le développe dans l’interview : l’Allemagne ne doit pas seulement songer à une candidature, elle doit passer à l’acte. « Parce que les Jeux olympiques restent l’événement qui rassemble le monde entier en un seul lieu, explique-t-il. L’événement qui donne aux athlètes allemands la chance de fêter les Jeux olympiques chez eux. Et de faire la fête avec la population, comme nous l’avons vécu en 2006 lors de la Coupe du Monde de football. »

Réalisé en marge des récents championnats du monde de canoë-kayak slalom à Augsbourg, l’entretien accordé par Thomas Bach à Sport Bild évoque également la question du conflit en Ukraine. Le dirigeant allemand répète son souhait que les athlètes russes et biélorusses restent bannis par les fédérations internationales.

Mais il prend nettement position contre la décision des autorités britanniques de les exclure du dernier tournoi de tennis de Wimbledon. « Cela va totalement à l’encontre de nos règles et de notre mission. Demain, des gouvernements décideront que les athlètes de tel ou tel pays ne sont pas non plus les bienvenus. Le sport ferait alors partie du système de sanctions et de contre-sanctions très courant en ce moment. »

A la question des normes des Nations Unies sur les droits de l’homme, toujours absentes du processus d’attribution des Jeux olympiques, le président du CIO annonce un prochain changement. « Je peux vous demander un peu de patience, répond Thomas Bach. Nous appliquons déjà ces normes, et nous en sommes actuellement à la phase finale des discussions sur notre stratégie globale en matière de droits de l’homme. Si les discussions que nous menons actuellement avec différentes ONG se déroulent comme je l’espère, nous pourrons adopter cette stratégie dans son intégralité dans les prochaines semaines. »

Sur une note plus personnelle, Thomas Bach explique ne pas pouvoir pratiquer la course à pied en raison de ses problèmes de hanche et de dos, douloureux souvenirs de sa carrière d’escrimeur, mais avoir récemment découvert la randonnée en montagne. « Si un chemin est annoncé pour quatre heures, je veux le faire en deux heures et demie maximum, confie-t-il. J’ai besoin de défis, de transpirer, de souffler, de ressentir l’épuisement. Mais mes collaborateurs ne sont pas très contents quand je fais du sport, parce qu’ils savent : C’est toujours là qu’il revient avec ses idées. »