L’affaire est pliée. Tony Estanguet a bouclé sa valise et quitte Tahiti ce mercredi 17 août, au terme d’une visite de six jours en Polynésie française. Direction Paris.
Dans ses bagages, le président du COJO Paris 2024 ne ramène pas seulement une élégante mais périssable collection de colliers de fleurs. Il rapporte surtout les conventions officielles pour l’organisation sur la vague de Teahupoo des épreuves olympiques de surf, l’un des quatre sports additionnels aux prochains Jeux d’été.
Les précieux documents, au nombre de trois, ont été signés mardi 16 août par Tony Estanguet, des représentants de l’État et Édouard Fritch, le président de la Polynésie française. La cérémonie de signature a été organisée symboliquement au siège de la Fédération tahitienne de surf à Papara, dans le sud-ouest de Tahiti.
La première convention a été signée avec la Polynésie. Elle précise dans le détail les infrastructures à prévoir sur le site de Teahupoo pour les compétitions olympiques. La deuxième, signée avec le représentant de l’État à Tahiti, Eric Requet, concerne l’inévitable dossier de la sécurité. Enfin, la dernière est dédiée au passage du relais de la flamme olympique en Polynésie française.
Avec la signature de ces trois conventions, Tahiti devient officiellement l’un des sites de compétition des Jeux de Paris 2024. Le territoire d’outre-mer entre même dans l’histoire du mouvement olympique comme le plus décentralisé depuis la création des Jeux d’été, puisque posé dans le Pacifique à plus de 15.000 kilomètres de la capitale. Le record s’annonce difficile à battre.
La fin d’un faux suspense, le COJO n’ayant jamais vraiment envisagé de plan B depuis son choix de Tahiti pour les épreuves de surf, malgré l’inquiétude exprimée par certaines associations locales quant aux aménagements prévus pour accueillir les compétitions.
Accompagné par Jean-Philippe Gatien, le directeur des sports de Paris 2024, Tony Estanguet n’était pas seulement venu pour découvrir les lieux, parapher les documents officiels et s’offrir une longue session dans les vagues. Il voulait aussi rassurer.
Le triple champion olympique l’a expliqué en conférence de presse : « Depuis vendredi, on a rencontré tous les acteurs sur le site. J’ai senti chez eux de la satisfaction. Le dossier avance bien. C’est positif pour nous et enthousiasmant pour la population. Des aménagements sont nécessaires, mais la plupart seront temporaires pour ne pas dénaturer les sites« .
Tony Estanguet l’a assuré aux Tahitiens : il n’a jamais douté, malgré les critiques, de la pertinence du choix de Tahiti. « Je n’ai jamais douté parce qu’on l’a fait pour de bonnes raisons », a-t-il expliqué. Raisons sportives, d’abord, la vague de Teahupoo étant « la meilleure qui soit » à cette époque de l’année. Raisons extra-sportives, également, en impliquant tous les territoires de France dans le projet olympique.
Mauvais hasard de la météo : la mythique vague de Teahupoo s’est refusée à prendre de la hauteur pendant le séjour de la délégation de Paris 2024. Faute d’une houle suffisante, l’étape tahitienne de la World Surf League (WSL), l’Outerknown Tahiti Pro (11 au 21 août), n’a pas pu être lancée. Elle a connu cinq jours consécutifs sans compétition.
Inquiétant ? Le COJO se veut rassurant. A Tahiti, Tony Estanguet a rencontré les surfeurs. Il leur a expliqué que la période de compétition aux Jeux de Paris 2024, initialement fixée à quatre jours, sera finalement allongée à huit jours.
Côté chantiers, le président du COJO a assuré qu’il n’était pas question d’imposer quoi que ce soit. Tony Estanguet se veut « humble« . « La population est la mieux placée« , suggère-t-il, pour faire le tri entre un héritage positif et des projets sans lendemain.
Pas question, par exemple, de monter des tribunes flottantes. « Nous partons sur une organisation comparable à celle de la Tahiti Pro, a-t-il expliqué. Une expertise a été développée, il faut s’y fier« . Preuve de cette volonté : le recrutement pour le bureau du COJO à Tahiti de Pascal Luciani, un collaborateur régulier de la WSL.
Le logement des officiels et des délégations ? L’option de l’hôtel Puunui, censé être rénové à temps pour les Jeux, reste prioritaire. « Il y a du boulot, reconnait Tony Estanguet. Mais le projet fait sens« . En cas de retard incompressible des travaux, le COJO pourrait se tourner vers un plan B : une flotte de bateaux pour héberger les athlètes et les autres accrédités.