Candidatures

Jeux d’été, Mondial de football : l’Arabie saoudite veut tout

— Publié le 22 août 2022

Après le Qatar, un nouveau géant du sport mondial est en train de naître dans le Golfe. L’Arabie saoudite n’en fait plus mystère : elle veut peser à son tour sur l’échiquier sportif international. Avec un objectif clairement identifié : les Jeux olympiques et paralympiques d’été.

Le ministre saoudien des Sports, le prince Abdulaziz ben Turki Al-Faisal, l’a confié à l‘AFP en marge du combat de boxe des poids lourds entre l’Ukrainien Oleksandr Usyk et le Britannique Anthony Joshua, samedi 20 août à Jeddah : les Jeux d’été constituent « l’objectif ultime » de l’Arabie saoudite.

Quand ? L’état du Golfe se veut encore évasif. Mais son offensive sur le marché des grands événements sportifs suggère que les Saoudiens ne veulent pas attendre. Ils pourraient postuler pour la prochaine édition à attribuer par le CIO : les Jeux d’été en 2036.

« Nous sommes ouverts pour discuter avec le CIO à l’avenir, a expliqué Abdulaziz ben Turki Al-Faisal. Je pense que l’Arabie saoudite a montré qu’elle pouvait accueillir de tels événements. Sans aucun doute, les Jeux olympiques seraient un objectif ultime pour nous« .

Précision : Abdulaziz ben Turki Al-Faisal n’est pas seulement l’actuel ministre des Sports. Le prince est également le président du comité national olympique et paralympique.

A l’image du Qatar, l’Arabie saoudite a inscrit le sport et les événements sportifs internationaux en tête de liste de sa stratégie de développement économique, adoptée six ans en arrière par le prince héritier, Mohammed ben Salmane.

Le pays s’est déjà offert une première prise de taille : les Jeux asiatiques en 2034. Avant cela, il organisera les Jeux mondiaux des sports de combat en 2023, puis les Jeux d’Asie en salle et des arts martiaux deux ans plus tard.

Sa feuille de route compte également une candidature à la Coupe d’Asie de football féminine en 2026 et masculine l’année suivante. Et même, surprise, les Jeux asiatiques d’hiver en 2029, un événement que l’Arabie saoudite envisage d’organiser à NEOM, son projet pharaonique d’un complexe de sports d’hiver futuriste et durable au nord-ouest du pays.

Autre piste : le Mondial de football en 2030. Officiellement, les Saoudiens n’ont pas avancé le moindre pion. Mais ils pourraient faire cause commune avec l’Egypte, dont les projets de candidature ne sont plus un mystère. Le ministre égyptien des Sports, Ashraf Sobhi, a récemment rencontré le prince Abdulaziz bin Turki Al-Faisal, son homologue saoudien, pour évoquer le sujet. L’Egypte aurait également entamé des discussions avec la Grèce.

La question des droits de l’homme ? Pas un problème, balaye le ministre saoudien. « Nous progressons, nous évoluons vers une société meilleure, vers une qualité de vie meilleure, un pays meilleur pour l’avenir, a-t-il assuré à l’AFP. Et les faits montrent que l’accueil des événements sportifs profite à notre peuple et profite à ces changements dans la société saoudienne« .

Une fausse question, donc. Au moins pour les Saoudiens. Mais le sujet pourrait être observé sous un angle différent par le CIO. L’instance olympique est régulièrement critiquée pour n’avoir pas inscrit en toutes lettres le respect des droits humains parmi les obligations à remplir par une ville-hôte. Mais Thomas Bach l’a confié récemment au magazine allemand Sport Bild : « Nous en sommes actuellement à la phase finale des discussions sur notre stratégie globale en matière de droits de l’homme. Si les discussions que nous menons actuellement avec différentes ONG se déroulent comme je l’espère, nous pourrons adopter cette stratégie dans son intégralité dans les prochaines semaines.

« L’objectif ultime » de l’Arabie saoudite d’accueillir les Jeux olympiques pourrait alors se trouver compromis, tant le pays présente une copie très incomplète sur la question des droits humains.

La semaine passée, l’ONU a demandé la libération immédiate d’une étudiante saoudienne, Salma al-Chehab, condamnée à 34 ans de prison pour des tweets critiques du gouvernement. « Elle n’aurait jamais dû être arrêtée et inculpée pour un tel comportement« , a suggéré l’organisation internationale dans un communiqué.