Le feuilleton de l’affaire de corruption présumée aux Jeux de Tokyo 2020 vient d’être enrichi d’un nouvel épisode. Bonne nouvelle pour les amateurs de sensationnel : il met en scène un acteur majeur du dernier événement olympique et paralympique d’été. Un poids lourd, un vrai. Monsieur le Président.
Selon une source proche de l’enquête, citée par le quotidien japonais Sankei et l’agence Kyodo News, l’ancien président du comité d’organisation des Jeux de Tokyo, et ex Premier ministre japonais, Yoshiro Mori (photo ci-dessus), serait directement impliqué dans l’affaire de corruption mettant en cause un partenaire de l’événement, la marque de vêtements pour hommes Aoki, et un ancien membre du conseil d’administration de Tokyo 2020, Haruyuki Takahashi.
Les deux médias rapportent que l’ex fondateur et président d’Aoki Holdings, Hironori Aoki, aurait déclaré aux procureurs en charge de l’enquête avoir remis à Yoshiro Mori la somme de 2 millions de yens (14.300 euros au cours actuel). L’argent aurait été versé en espèces, en deux fois, à une époque où l’ancien Premier ministre japonais était encore le président du comité d’organisation des Jeux de Tokyo.
Hironori Aoki aurait rencontré Yoshiro Mori par l’intermédiaire de l’autre acteur majeur de l’affaire, Haruyuki Takahashi, ex patron du groupe Dentsu, l’agence de publicité et relations publiques de Tokyo 2020. La rencontre aurait eu lieu avant l’annonce officielle du partenariat entre Aoki et le comité d’organisation.
Kyodo News suggère que l’argent aurait servi à financer le traitement de Yoshiro Mori, 85 ans aujourd’hui, qui luttait contre un cancer.
L’enquête s’intéresse actuellement aux relations entre l’entreprise Aoki et le comité d’organisation des Jeux. Elle a déjà révélé que le fabricant japonais de costumes et vêtements pour hommes avait négocié son entrée dans le programme de marketing de Tokyo 2020 à un tarif très inférieur à la grille établie. Elle cherche désormais à découvrir quel genre de faveurs aurait obtenu Aoki en échange de ses largesses, à l’égard de Haruyuki Takahashi et de Yoshiro Mori.
L’ex Premier ministre japonais, poussé à la démission en février 2021 pour avoir tenu des propos sexistes pendant une réunion du Comité olympique japonais, a déclaré par l’intermédiaire d’un représentant qu’il n’avait jamais évoqué avec Haruyuki Takahashi et Hironori Aoki le choix de la marque comme partenaire des Jeux.
Mais il semble désormais très clair que Haruyuki Takahashi a profité de sa position au conseil d’administration, et de son passé à la tête de Dentsu, pour influencer les choix de la division marketing du comité d’organisation. Selon une source proche du dossier, elle accueillait un grand nombre de salariés de Dentsu, détachés au sein du comité d’organisation.
Pour rappel, Haruyuki Takahashi, 78 ans, est soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin d’un montant total d’environ 51 millions de yens (365.000 euros) de la part de la société Aoki, entre 2017 et 2021. Il a été arrêté le mois dernier. Hironori Aoki, 83 ans, et deux autres cadres de l’entreprise, ont également été interpellés.