Le paradoxe se prolonge. Bannie du mouvement olympique depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la Russie a disparu des compétitions internationales. A moins de deux ans des Jeux de Paris 2024, la présence de ses athlètes au prochain rendez-vous olympique et paralympique s’écrit au conditionnel. Mais ses dirigeants sportifs, eux, ne restent pas bloqués à la porte.
Stanislav Pozdnyakov, le président du Comité olympique russe (ROC), l’a confié en fin de semaine passée à quelques journalistes à Moscou : la Russie a été invitée à la prochaine assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO), prévue les 19 et 21 octobre à Séoul. Le ROC sera présent. Stanislav Pozdnyakov devrait même participer en personne à une réunion du comité exécutif de l’instance.
Plus tôt dans l’année, les représentants russes et biélorusses ont été interdits d’une réunion de l’Association des comités olympiques européens (EOC), déclinaison continentale de l’ACNO. Interdits en Europe, les deux pays belligérants seraient donc les bienvenus à l’échelle planétaire.
Stanislav Pozdnyakov, ancien escrimeur multiple médaillé olympique, l’a expliqué aux médias : « Le concept même de la neutralité politique du mouvement olympique a été remis en question. De mon point de vue, il s’agit surtout d’une conséquence de la guerre médiatique menée depuis longtemps contre la Russie et les Russes. Mais nous voyons que nos voix, d’une manière ou d’une autre, commencent à être à nouveau entendues. Le signe le plus frappant est l’invitation de notre comité national olympique à la prochaine assemblée générale de l’ACNO. J’ai reçu moi-même une invitation à participer à la réunion du comité exécutif. Cela sera une bonne plateforme pour la discussion. »
Hasard ou pas, les déclarations de Stanislav Pozdnyakov interviennent quelques jours avant une réunion de la commission exécutive du CIO, cette semaine à Lausanne. La question russe y sera abordée. Elle l’est toujours, d’une manière ou d’une autre, depuis le début du conflit en Ukraine. Mais il semble peu probable que l’instance olympique revienne sur sa décision de maintenir le statut de ses deux membres russes, Yelena Isinbayeva et Shamil Tarpishchev.
Face aux médias, vendredi dernier, Stanislav Pozdnyakov a également évoqué l’avenir olympique des athlètes russes. Seront-ils présents aux Jeux de Paris 2024 ? Leur exclusion de l’immense majorité des compétitions internationales rend leur participation très improbable, au moment où débutent les premières épreuves de qualification. Mais le président du ROC y croit encore.
« Il reste beaucoup de détails à régler, reconnaît Stanislav Pozdnyakov, mais nous insisterons sur la pleine participation de tous nos athlètes pendant la période de qualification. » L’optimisme du dirigeant russe risque pourtant de se heurter aux règles en usage dans les fédérations internationales, où la route des Jeux de Paris 2024 reste inaccessible aux athlètes russes.
Thomas Bach, le président du CIO, l’a répété lors d’un récent entretien avec le magazine allemand Sport Bild : l’exclusion des athlètes russes sera maintenue aussi longtemps que durera le conflit en Ukraine.
Mais Stanislav Pozdnyakov insiste : la notion de « point de non retour » n’a pas vraiment de sens dans le cas des qualifications aux Jeux olympiques. « En escrime, par exemple, la période de qualification commence en avril, mais elle s’étend sur huit étapes de la Coupe du Monde, explique-t-il. Et seulement les cinq meilleurs résultats sont pris en compte. Il n’y a donc pas de date limite à proprement parler. La situation est souvent la même dans les autres sports. »
Tout reste possible, donc. L’ancien escrimeur suggère même que les discussions sur la présence des athlètes russes dans les compétitions sont toujours d’actualité. Elles se passent en coulisses. « La diplomatie aime le silence, donc dans un avenir proche, je pense qu’il n’y aura pas de déclarations fracassantes, a-t-il confié. Je ne peux pas tout vous dire, mais nous sommes en contact depuis le 24 février. Le contact n’a jamais cessé. »
Stanislav Pozdnyakov insiste : les athlètes russes ne doivent pas cesser de s’entraîner. « Ils doivent continuer à se préparer pour les Jeux olympiques, dit-il. C’est très important car il devront être prêts pour les étapes de qualification lorsque nos partenaires se rendront compte de la nécessité de leur retour à la compétition. »