Les règles sont ainsi faites, elles ne changeront pas : Thomas Bach ne sera plus président du CIO aux Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. Le dirigeant allemand aura rendu les clefs de son bureau de la Maison olympique de Lausanne un peu moins d’une année plus tôt. Mais pour la préparation du prochain rendez-vous hivernal, il est toujours concerné. Et même en première ligne.
Présent en Italie en fin de semaine passée, Thomas Bach a bouclé comme à son habitude son séjour officiel au pas de course. Il a reçu des mains de Giovanni Malago, le président du Comité olympique italien (CONI), une distinction réservée aux seuls grands de ce monde, le Collare d’Oro (photo ci-dessus). Il a rendu visite aux athlètes afghans et ukrainiens réfugiés au centre national de la haute performance de Rome. Il a retrouvé, pour la première fois depuis 40 ans, l’un de ses anciens rivaux escrimeurs, l’Italien Carlo Montano.
Surtout, Thomas Bach a rencontré Mario Draghi, le Premier ministre italien. Parmi les sujets abordés, la préparation des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. A moins de quatre ans de l’échéance, elle n’a rien d’un long fleuve tranquille, entre les retards et le coût des travaux, la recherche difficile de partenaires privés, la volonté de reprise en mains des autorités politiques et, sujet le plus chaud du moment, la quête d’un nouveau directeur général au comité d’organisation.
En prime, la tenue à la fin du mois des élections nationales en Italie a repoussé la visite à Milan et Cortina de la visite de la commission de coordination du CIO. Elle est reportée au mois de décembre. Conséquence : il est revenu à Thomas Bach le privilège de faire face aux questions des médias sur la préparation des Jeux d’hiver en 2026.
Le dirigeant allemand l’a reconnu : « Comme toujours avant les Jeux olympiques, il y a des défis à relever, notamment à la lumière de ce nouvel ordre mondial émergent et de la crise financière et économique. Mais nous avons surmonté certains défis au cours des deux dernières années. Je ne suis donc pas trop inquiet car nous connaissons l’enthousiasme, l’efficacité et le dévouement de nos amis italiens« .
Cool. Mais la feuille de route des « amis italiens » a pris des allures de champ de mines. Les « défis » évoqués par Thomas Bach se multiplient. Rien n’est simple.
Premier dossier : les sites. En tête de la pile, la piste de glisse de Cortina d’Ampezzo, censée accueillir les compétitions olympiques de bobsleigh, luge et skeleton. Longtemps laissée à l’abandon, après avoir servi pour les Jeux d’hiver en 1956, elle doit être rénovée. Un budget de plus de 80 millions d’euros a été débloqué par les autorités publiques. Cher. Mais Thomas Bach l’a expliqué lors de sa visite italienne : le coût de la rénovation de la piste ne doit pas être imputé aux Jeux de Milan-Cortina 2026. « Il s’agit d’un projet touristique et sportif qui aurait été réalisé de toute façon, indépendamment des Jeux olympiques d’hiver« , a suggéré le président du CIO.
A en croire Ivo Ferriani, le président de la Fédération internationale de bobsleigh, par ailleurs membre de la commission exécutive du CIO, l’héritage de la piste de Cortina est déjà en place. Elle pourrait accueillir la Coupe du Monde de bobsleigh dès la saison 2026-27, puis les championnats du monde l’année suivante.
Autre zone d’ombre : la piste de patinage de vitesse. La question n’est toujours pas tranchée définitivement, mais l’option d’un équipement extérieur, comme aux Jeux d’Albertville en 1992, reste d’actualité. Les Italiens pourraient faire le choix de la piste de Baselga di Piné, dans la région du Trentin. Avantage : une réduction des coûts. Mais, contrainte de taille, la carte des sites s’en trouverait encore plus éclatée. Pour rappel, les Jeux d’hiver de Milan-Cortina s’annoncent comme les moins compacts de l’histoire. Le dispositif s’étend sur 22.000 kilomètres carrés, avec des sites dans les régions de la Lombardie et la Vénétie, mais aussi dans les provinces de Trente et de Bolzano.
A Rome, Thomas Bach a également évoqué la question de la nomination à venir du directeur général du comité d’organisation. Vincenzo Novari, le titulaire du poste, est annoncé partant certain. Mais l’identité de son successeur est l’objet de toutes les rumeurs et spéculations.
Seule certitude : il ne sera pas désigné avant les élections législatives, prévues dimanche 25 septembre dans toute l’Italie. Une décision sage, selon Thomas Bach. « Le nouveau directeur général doit avoir et devrait avoir le soutien du nouveau gouvernement, a-t-il suggéré. Il ne serait pas souhaitable de le nommer maintenant, avant les élections nationales« .