Le nom était attendu. Il a surpris tout le monde. Le COJO Paris 2024 a dévoilé l’identité du directeur artistique des cérémonies des prochains Jeux d’été. Un homme, un seul, aux manettes des quatre soirées, ouverture et clôture des Jeux olympiques puis paralympiques.
Thomas Jolly (photo ci-dessus), 40 ans, un acteur et metteur en scène d’origine normande, encore peu connu du grand public, est sorti du chapeau au terme d’un long et patient processus de recrutement. Il a été choisi par Tony Estanguet et sa garde rapprochée parmi près de 70 candidats, dont une dizaine a été conservée dans une short-list et présentée au président du COJO.
Face aux défi des quatre cérémonies, dont les deux ouvertures seront sorties du stade (sur la Seine pour les Jeux olympiques, place de la Concorde pour les paralympiques), le COJO Paris 2024 aurait pu faire le choix de la diversité, avec un directeur artistique différent pour chacune des soirées. Thierry Reboul, le directeur de la marque, des événements et des cérémonies, l’a expliqué : « Nous avons préféré jouer la cohérence, avec l’ambition de raconter une seule histoire déclinée sur les quatre cérémonies. La charge sera plus lourde. Elle imposera une équipe très solide. »
Thomas Jolly, donc. Un choix présenté par l’équipe de Paris 2024 comme celui de l’évidence. Les organisateurs parisiens recherchaient un nouveau Philippe Decouflé, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver d’Albertville en 1992, passé à la postérité pour avoir dépoussiéré le genre. Ils souhaitaient un esprit novateur et créatif, rompu au règles du spectacle vivant. Un touche-à-tout de la nouvelle génération, doté d’une formation classique et pointue, mais aussi capable de créations plus populaires.
Thomas Jolly serait l’oiseau-rare. Fils d’un imprimeur et d’une infirmière, il a grandi près de Rouen, en Normandie. Tombé très jeune dans la marmite de la culture et du spectacle, il a commencé la comédie à seulement 11 ans. Acteur, puis metteur en scène de théâtre et d’opéra, il a joué et monté Shakespeare, mais aussi Marivaux et Offenbach. Voilà pour le registre classique. Côté grand public, il a réalisé la nouvelle version de Starmania, l’inusable comédie musicale, qui sera présentée à partir du mois de novembre à Paris.
Connu dans les milieux artistiques pour son audace, Thomas Jolly a monté au Festival d’Avignon en 2014 une version de la trilogie « Henry VI » de Shakespeare longue de … 18 heures ! Mais, de mémoire de spécialistes, le taux de renoncement des spectateurs présents s’est avéré très bas, le public ayant été conquis. Pendant le premier confinement, il a joué Roméo et Juliette sur son balcon. Depuis deux ans, il dirige le Centre national dramatique Le Quai à Angers.
Prudent, le COJO Paris 2024 s’est refusé à lister les noms les plus illustres des candidats non retenus. Mais Thierry Reboul a expliqué à FrancsJeux que l’option Philippe Decouflé, aujourd’hui âgé de 60 ans, n’avait pas été envisagée. « Nous ne voulions pas refaire ce qui avait déjà été fait« , a-t-il suggéré. Le danseur et chorégraphe a été consulté, mais sans proposition de participer à l’aventure.
Désormais aux manettes d’un chantier en quatre temps, Thomas Jolly pourra s’appuyer sur une équipe d’auteurs, de chorégraphes, de talents musicaux et artistiques. Le budget des quatre cérémonies a été fixé à 137 million d’euros, mais il pourrait être revu en fin d’année, dans un sens ou dans l’autre. Dans tous les cas, le nouveau directeur artistique disposera de moyens généreux.
Les thèmes abordés ? Patience. Mais Thierry Reboul l’a confié aux médias : les quatre cérémonies des Jeux de Paris 2024 devront raconter « un récit national« . Son écriture est déjà ébauchée, au moins dans les grandes lignes. Au cours des derniers mois, une équipe du COJO a consulté et écouté des dizaines d’historiens, philosophes, athlètes, parties prenantes. Avec une idée fixe : proposer en 2024 une histoire « qui parle à tous« .