Le début de l’exode ? Selon l’agence TASS, l’ex nageuse russe Anastasia Davydova (photo ci-dessus) aurait quitté son pays sans intention d’y revenir. Elle est la première, parmi les grandes figures du sport russe, à s’exiler hors de Russie depuis le début du conflit en Ukraine.
Anecdotique ? Sûrement pas. Sept mois après le lancement de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, la défection d’Anastasia Davydova est importante à double titre.
Agée aujourd’hui de 39 ans, elle compte parmi les spécialistes de natation synchronisée les plus médaillées de l’histoire. Elle a décroché cinq titres olympiques, entre les Jeux d’Athènes 2004 et ceux Londres 2012. Elle a été treize fois championne du monde. Une seule nageuse la devance dans les palmarès de la discipline, sa compatriote Svetlana Romashina, sept fois médaillée d’or olympique entre Pékin 2008 et Tokyo 2020.
Surtout, Anastasia Davydova jouait un rôle majeur dans le mouvement sportif russe depuis sa retraite des bassins, après les Jeux de Londres en 2012. Elle occupait à temps plein le poste de secrétaire générale du Comité olympique de Russie (ROC). Elle avait également créé à Moscou un centre olympique de natation synchronisée à son nom.
Toujours selon TASS, Anastasia Davydova aurait informé lundi 26 septembre le personnel de son centre de natation qu’elle avait quitté la Russie « sans aucun projet de retour« .
« Hier, le personnel de notre centre a reçu une lettre d’Anastasia Semyonovna [Davydova] par e-mail, dans laquelle elle annonçait son départ de Russie, a expliqué le centre de natation synchronisée de Moscou. Elle n’a pas nommé les raisons de sa décision, elle a seulement noté qu’elle ne prévoyait pas de revenir. »
Interrogé par les médias russes, le ROC n’a pas confirmé le départ de sa secrétaire générale ou des membres de sa famille. « Il n’y a pas eu de démission officielle de la secrétaire générale auprès du ROC, se contente de préciser l’instance dans un message posté sur Telegram. L’appareil du ROC fonctionne en mode renforcé, l’efficacité opérationnelle de l’organisation ne dépend pas de la situation personnelle de la secrétaire générale. Si nécessaire, les décisions pertinentes seront prises conformément à la Charte du Comité olympique russe et uniquement sur la base de données vérifiées« .
La défection de l’ancienne nageuse intervient quelques jours seulement après l’annonce, par le président russe Vladimir Poutine, d’une nouvelle mobilisation de 300.000 réservistes pour renforcer les forces militaires en Ukraine.
Au lendemain de cette annonce, le président du Comité olympique de Russie, l’ancien escrimeur Stanislav Pozdnyakov, a été questionné sur l’impact d’une telle décision sur les athlètes russes. Réponse sans nuance du dirigeant olympique : « Le ROC forme l’équipe olympique, les membres actuels des équipes nationales relèvent de la compétence du Centre national d’entraînement sportif et du ministère des Sports, donc la question devrait plutôt leur être adressée. Mais du point de vue du ROC, nous considérons que le service à la patrie est un devoir honorable, le devoir honorable de chaque citoyen, y compris des membres des équipes nationales. »