— Publié le 5 octobre 2022

En 2029, l’Asie skiera dans le désert

Événements Focus

Le projet semblait trop gros pour passer. Une injure au bon sens. Depuis mardi 4 octobre, il est devenu réalité. Réunie en assemblée générale à Phnom Penh, au Cambodge, l’Association des comités nationaux olympiques asiatiques (OCA) a désigné l’Arabie saoudite comme pays-hôte des Jeux asiatiques d’hiver en 2029.

Dans moins de sept ans, l’état du Golfe, dont le nom n’est jamais apparu dans la moindre liste mondiale des pays où le ski est possible en extérieur, organisera donc un rendez-vous continental où se disputeront 47 disciplines de neige et de glace.

Impossible ? A l’évidence, l’OCA pense le contraire. Mais avait-elle vraiment le choix ?

L’instance continentale peine à maintenir dans le calendrier international un événement multisport à l’histoire très bancale. Organisés pour la première fois en 1986 à Sapporo, les Jeux astiques d’hiver étaient censés se dérouler tous les quatre ans. Mais après l’édition 2011 à Astana/Almaty, au Kazakhstan, six années se sont écoulées avant un retour à Sapporo en 2017. Depuis, le grand vide, faute de candidats.

L’Arabie saoudite était seule en lice. Elle a décroché la mise, comme attendu. L’OCA l’a précisé dans un communiqué : la décision a été prise à l’unanimité. « Les déserts et les montagnes d’Arabie saoudite seront bientôt un terrain de jeu pour les sports d’hiver« , s’est réjouie l’instance, pas mécontente de ressortir du placard un événement menacé de disparaître.

Sur le papier, le projet saoudien interroge. Il prend la direction opposée de la tendance pour les grands événements sportifs internationaux, où la durabilité est élevée au rang de priorité et le recyclage d’équipements existants présenté comme une règle absolue.

En 2029, les Jeux asiatiques d’hiver se dérouleront à Neom, une mégapole futuriste en construction dans le désert montagneux du nord-ouest de l’Arabie saoudite. Le projet a été lancé en 2017. Son coût n’a jamais été officiellement annoncé, mais il est estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars.

Les compétitions se tiendront dans la station de Trojena, située dans le secteur le plus montagneux de Neom, avec des altitudes allant de 1.500 à 2.600 m. Selon le communiqué officiel, le ski y sera possible en extérieur toute l’année, avec des températures descendant parfois en dessous de zéro en hiver, mais « tout au long de l’année généralement inférieures à 10 degrés« .

La construction de Trojena devrait être terminée en 2026. Elle sera la première station de ski en extérieur du pays. Pour les Jeux asiatiques d’hiver en 2029, les compétiteurs bénéficieront d’un mélange de neige naturelle et artificielle. A en croire le directeur du projet Neom, Nadhmi al-Nasr, Trojena sera dotée « des infrastructures adéquates pour créer une atmosphère hivernale au coeur du désert, et de faire de ces Jeux d’hiver un événement mondial sans précédent« . Sans précédent, à coup sûr.

De l’aveu de son secrétaire général, le Français Michel Vion, la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS) n’était pas informée de la décision de l’OCA de confier un événement hivernal à un pays de sable et de désert. « Je suis surpris, nous n’étions au courant de rien, a-t-il reconnu lors d’un point presse des Mondiaux de ski alpin 2023 à Méribel et Courchevel. Mais la confédération asiatique n’a, de toute façon, pas de compte à rendre à la FIS. On ne connaît pas le site, il faut se garder de trop commenter maintenant. Mais c’est assez surprenant« .

Avec cette nouvelle prise, l’Arabie saoudite complète sa collection d’événements sportifs internationaux. Le royaume se pose même résolument en rival du Qatar sur le terrain encombré de la diplomatie par le sport.

Sa capitale, Riyad, a déjà été choisie pour accueillir les Jeux asiatiques d’été en 2034, un rendez-vous où les épreuves aquatiques sont prévues à Neom. L’Arabie saoudite a également obtenu l’organisation des Jeux mondiaux des sports de combat en 2023, puis des Jeux asiatiques des sports en salle et des arts martiaux en 2025. Le pays plancherait actuellement sur une candidature commune avec l’Egypte et la Grèce pour le Mondial de football en 2030.

 

 

 

 

 

 

Suivant ses voisins du Golfe, Qatar et Emirats arabes unis en tête, l’Arabie saoudite, pays ultraconservateur jadis peu ouvert aux événements internationaux, a accueilli plusieurs compétitions mondiales ces dernières années, dont le rallye Dakar ou un Grand Prix de F1.