Retour à la normale pour le Sommet annuel de SmartCites & Sport, l’initiative lancée en 2014 par l’Union mondiale des villes olympiques. A la normale et à Lausanne. A domicile, donc. Il se tiendra du 24 au 26 octobre au Royal Savoy Hotel.
A moins de deux semaines de l’événement, FrancsJeux a interrogé Mélanie Duparc, la secrétaire générale de l’Union mondiale des villes olympiques, aux manettes de l’événement.
FrancsJeux : Le Sommet de SmartCities & Sport est consacré cette année au thème : « Transformer les villes en terrain de sport« . Cette thématique n’est pas nouvelle, mais est-elle de plus en plus d’actualité ?
Mélanie Duparc : Certainement. Depuis la pandémie, et surtout pendant, beaucoup de villes cherchent et ont cherché à réduire les distances pour rapprocher encore un peu plus le sport des habitants. Amener l’activité sportive plus près des gens. Tout un travail a été mené dans ce sens. Il en est ressorti que l’espace urbain est encore souvent sous-utilisé, voire inexploité, pour certaines pratiques sportives. Beaucoup de villes réfléchissent à la façon de favoriser la pratique, toutes les pratiques, au plus près des communautés, pas seulement pour les habitués du sport, mais aussi pour tous les publics.
Favoriser la pratique a longtemps consisté, pour les villes, à construire des équipements : stades, gymnases, piscines… Aujourd’hui, est-ce toujours le cas ?
La réflexion est devenue plus innovante et créative, elle ne se limite plus aux infrastructures traditionnelles. Il est désormais question de développer la pratique dans des espaces publics comme les toits des bâtiments, les parcs, les espaces verts… Le sport devient un outil des politiques publiques, avec des objectifs de santé, de développement économique, d’inclusion ou encore de tourisme.
Cette nouvelle donne se révèle-t-elle moins coûteuse ?
Bien sûr. Mais elle obéit surtout à un modèle économique différent. Un stade coûter plus cher, mais il peut aussi générer des recettes. L’espace public est gratuit. Et le développement d’une pratique sportive en milieu urbain, plus proche des gens, s’accompagne souvent d’un accompagnement par des programmes sportifs, sociaux et éducatifs. Tout cela demande certains investissements.
Les athlètes peuvent-ils jouer un rôle plus direct dans cette nouvelle politique sportive des villes ?
C’est évident. Beaucoup de champions ou anciens champions montent des projets à destination du public. Ils s’impliquent dans le développement de la pratique. Ils peuvent plus directement devenir des « role model », avec un impact réel sur la société. Mais ils ne sont pas les seuls. Avec cette nouvelle donne, les acteurs sont plus nombreux : les athlètes, donc, mais aussi les associations et les entreprises du secteur privé. Les marques sont de plus en plus nombreuses à comprendre l’intérêt qu’elles ont à s’associer au sport, d’une façon ou d’une autre.
Cette nouvelle tendance est-elle universelle ?
Les pratiques et les stratégies différent d’un continent à l’autre, et bien sûr aussi d’une ville à l’autre. Les variations sont importantes, les innovations souvent très différentes. Mais le phénomène est très étendu. En Asie, par exemple, l’utilisation de l’espace public pour la pratique sportive est ancrée dans la culture depuis longtemps, souvent plus longtemps que dans les pays européens.
Les grands événements sportifs internationaux jouent-ils toujours le même rôle pour le développement de la pratique ?
Oui. La tendance est plus forte dans les villes olympiques, notamment. Les villes en préparation des Jeux, comme Paris ou Los Angeles, disposent de moyens plus importants à consacrer au sport. Depuis l’Agenda 2020 du CIO, la notion d’héritage olympique est intégrée bien plus tôt. L’héritage est pensé et mis en place très en amont de l’événement, souvent dès l’attribution des Jeux.
Les villes olympiques, passées ou à venir, montrent donc l’exemple ?
Elles jouent un rôle de catalyseur. Au printemps dernier, nous avons réuni les villes olympiques à Athènes. A cette occasion, un engagement a été signé par tous les présents de rester actif après les Jeux, sur les questions de développement de la pratique sportive. Par ce document, les villes olympiques se sont engagées à un devoir d’exemplarité.