Rien n’arrête la Fédération internationale de boxe (IBA) et son président, Umar Kremlev (photo ci-dessus). Rien ni personne. Mis au ban du mouvement olympique, menacé de voir son sport disparaître du programme des Jeux à Los Angeles en 2028, le dirigeant russe pourrait mettre profil bas. Il préfère foncer dans le tas.
A quelques semaines d’une réunion de la commission exécutive du CIO où le sort de la boxe pourrait être tranché pour de bon, Umar Kremlev s’est fendu mercredi 12 octobre d’une « déclaration » à l’intention de l’instance olympique et de son président, Thomas Bach. Relayée par l’IBA, elle interroge sur la stratégie d’une fédération internationale dont l’avenir olympique ne tient plus qu’à un fil.
Fidèle à sa ligne de conduite, Umar Kremlev joue à l’envie de la provocation. Il appelle le CIO à respecter les principes du mouvement olympique en autorisant tous les athlètes à participer aux compétitions internationales.
« L’IBA a fait le premier pas vers l’égalité des chances et l’équité, écrit Umar Kremlev dans sa déclaration. L’IBA continuera à tout faire pour le bien de ses athlètes et de ses entraîneurs. Nous devons créer des bonnes conditions, pas les détériorer. Je tiens à réaffirmer que le sport est en dehors de la politique. Nous ne devrions rien avoir en commun avec les politiciens du monde entier. »
Umar Kremlev ne cite directement, à aucun endroit dans son texte, la Russie et la Biélorussie. Mais son message est clair : le président de l’IBA se pose en avocat du retour sur la scène sportive internationale des athlètes des deux pays belligérants. En avocat et en meneur, l’IBA ayant ouvert la voie en annulant au début du mois d’octobre, avec effet immédiat, l’interdiction des boxeurs russes et biélorusses de participer aux compétitions internationales. Ils sont désormais autorises à mettre les gants et monter sur le ring sans avoir à se couvrir du statut de neutralité.
« Le CIO devrait reconsidérer son approche à l’égard de tous les athlètes, poursuit Umar Kremlev. La décision d’exclure certains d’entre eux en raison de leur nationalité est contraire aux principes du mouvement olympique, elle porte préjudice à tous les sports. Je demande instamment au CIO d’ouvrir la porte pour que les athlètes puissent continuer à performer, et je lui demande instamment de modifier sa politique d’exclusion des athlètes. »
Le dirigeant russe reste droit dans ses bottes. Visiblement peu concerné par les conséquences d’une position délibérément offensive, il boucle sa déclaration en s’adressant non plus seulement au CIO, mais à « l’ensemble du monde sportif« . Pas moins.
« Laissez tous les athlètes concourir, écrit Umar Kremlev. Ils ne sont pas des outils politiques, ils sont ceux qui souffrent des décisions politiques. Ils ne méritent pas d’être traités aussi mal par l’ensemble du milieu sportif. Les politiciens font leur travail pour promouvoir leurs intérêts, et nous devons faire le nôtre pour protéger nos athlètes et nos sports. Le monde du sport est bloqué par les politiciens et, malheureusement, il perd son autonomie. Il ne devrait pas y avoir de jeux politiques dans le dos des athlètes. C’est dangereux pour l’avenir du sport. Le CIO doit rectifier la situation immédiatement. Tous les athlètes devraient recevoir le feu vert, car ils ne sont coupables de rien.’‘
Sur le fond, Umar Kremlev n’a pas tort. En appelant à un retour des athlètes russes et biélorusses, rayés du décor en raison de leur seule nationalité, il emboîte le pas d’un CIO qui, selon les mots de son président Thomas Bach, planche actuellement sur le moyen de les ramener dans le jeu. Mais le dirigeant russe semble oublier qu’il est sans doute le dernier, dans le mouvement olympique, à pouvoir tenir un tel discours.