L’événement peut sembler lointain. Presque dix ans. Tout un monde. Mais Brisbane, capitale du Queensland australien, peut déjà se vanter de compter parmi les villes olympiques. Après Melbourne en 1956, puis Sydney en 2000, elle accueillera en 2032 le rendez-vous olympique et paralympique.
Avec quels objectifs et quels défis à relever ? Pour quel héritage ? Présente cette semaine à Lausanne pour le Sommet de Smartcities & Sport (24 au 26 octobre), la maire-adjointe de Brisbane, Krista Adams, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Quel héritage attendez-vous en priorité des Jeux d’été en 2032 ?
Krista Adams : Un boom du tourisme, en particulier du tourisme international. Brisbane est une ville magnifique, située dans une région magnifique. Mais pour avoir envie de venir et la visiter, il faut d’abord la connaître. Les Jeux d’été en 2032 vont nous permettre de montrer au reste du monde qui nous sommes, où nous sommes et comment venir dans le Queensland. Cette ambition a toujours figuré en tête de nos priorités pendant la phase de candidature. Elle va nous permettre de pouvoir compter pendant ces dix années à venir sur un fort soutien des acteurs économiques locaux. Ils nous soutiendront car ils ont compris tout l’impact touristique des Jeux olympiques. Le reste, dont les infrastructures, nous l’avons déjà et n’avons pas besoin de construire.
Quel sera votre plus grand défi dans la perspective des Jeux en 2032 ?
Faire en sorte que tout le monde travaille ensemble, à tous les niveaux de la pyramide, jusqu’au moment des Jeux. Dix ans, c’est long. Il ne faut pas partir trop vite, mais pas non plus démarrer trop doucement. Nous devons commencer maintenant, mettre les choses en place, puis conserver notre allure et notre unité année après année.
La question des transports s’avère cruciale pour la réussite des Jeux. Comment l’appréhendez-vous dans une ville de taille moyenne comme Brisbane ?
Cette question est en effet déterminante. Pour les Jeux, mais aussi pour l’avenir de la ville. Elle était même la première raison de notre volonté de déposer une candidature aux Jeux olympiques. Brisbane est aujourd’hui la capitale d’un état qui connaît la plus forte croissance en Australie. Nous avons besoin pour cette population en constante augmentation d’un réseau de transport moderne et performant. Nous disposons déjà d’un système de bus dense et efficace, nous allons prochainement renforcer les possibilités de traverser la rivière. Il y a beaucoup de travail à faire avant les Jeux de 2032, mais toutes les autorités publiques, aux niveaux local, de l’état et du pays, sont engagées dans le projet.
Brisbane a-t-elle déjà changé depuis l’attribution par le CIO des Jeux d’été en 2032, votée par la session en juillet 2021 ?
Il est encore un peu tôt pour parler d’un véritable changement. Nous en sommes à travailler sur les meilleures idées pour profiter à fond de l’événement. Mais on sent déjà parmi la population un sentiment de fierté et d’espoir. Les gens veulent s’impliquer en grand nombre. Ils commencent à l’exprimer. Ils entrevoient déjà toutes les opportunités que pourront créer les Jeux.
L’attribution des Jeux d’été a-t-elle déjà modifié l’image de Brisbane à l’international ?
Si j’en crois le nombre record de recherches concernant Brisbane sur Google, après l’attribution par le CIO, l’image a déjà changé. Le reste du monde sait un peu mieux désormais où nous sommes. Et le phénomène va s’amplifier. Les Jeux en 2032 vont décupler notre reconnaissance internationale.
Obtenir les Jeux aussi tôt en amont de l’événement, plus de onze ans en avance, constitue-t-il un réel avantage ?
Je crois, oui. Avec la nouvelle norme du CIO, il n’est plus nécessaire de multiplier les constructions de nouveaux sites. A Brisbane, nous aurons seulement à construire un stade. Nous pouvons donc utiliser cette longue préparation pour travailler sur d’autres sujets que les seuls équipements sportifs. Dans le cas de Brisbane, sur les risques climatiques. Les inondations, en priorité. Elles peuvent se produire, ou pas du tout, très en amont des Jeux où dans les derniers mois. C’est très imprévisible. Avec dix ans devant nous, nous pouvons faire les choses bien pour prévenir ces risques.
Nous en sommes aujourd’hui à moins de deux ans des Jeux de Paris 2024. Parmi les idées ou les initiatives du COJO, en avez-vous retenu certaines qui pourraient fonctionner à Brisbane 2032 ?
J’étais récemment à Paris, j’ai séjourné une semaine. Je suis très intéressée par l’approche urbaine des Jeux de 2024. Comme nous, Paris n’aura pas de parc olympique, contrairement à Sydney 2000, Londres 2012 ou Los Angeles 2028. Les Français vont utiliser l’espace urbain pour certaines compétitions. Nous ferons pareil à Brisbane. Et, bien sûr, je suis séduite par leur idée de déplacer la cérémonie d’ouverture hors du stade, sur la Seine, avec 600.000 spectateurs. C’est fantastique. Je suis convaincue que nous pourrions faire la même chose en 2032 sur la Brisbane River.