Un choix logique. Une évidence. Sébastien Flute s’est glissé dans le costume de sport manager du tir au l’arc au COJO Paris 2024 avec le même naturel que s’il enfilait une seconde peau.
A 50 ans, l’ancien archer peut se vanter d’avoir connu les Jeux sous toutes leurs facettes. Comme athlète, avec un titre olympique en individuel à Barcelone en 1992, puis dans le rôle de consultant pour des chaînes de télévision, d’entraîneur de l’équipe de France, et enfin en qualité de délégué technique de la Fédération internationale, World Archery.
FrancsJeux poursuit avec lui sa série d’interviews des sport managers des Jeux de Paris 2024.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Sébastien Flute : J’ai travaillé pendant une douzaine d’années pour A.S.O (Amaury Sport Organisation), au sein de l’équipe de coordination des grands événements, principalement le Tour de France et le Dakar. En 2019, je suis devenu délégué technique de World Archery, la Fédération internationale de tir à l’arc, pour les Jeux de Tokyo 2020. A ce titre, j’étais le contact direct de World Archery pour le comité d’organisation, avant et pendant les Jeux olympiques puis paralympiques.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
Elle est multiple, puisque j’ai participé dans différents rôles à sept éditions consécutives des Jeux d’été. Barcelone 1992, Atlanta 1996 et Sydney 2000 comme athlète, Athènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012 comme consultant pour France Télévisions et Canal +, Rio 2016 comme entraîneur de l’équipe de France masculine, et enfin Tokyo 2020 en qualité de délégué technique de World Archery.
Un souvenir marquant des Jeux ?
Le titre olympique à Barcelone en 1992, bien sûr. J’avais 20 ans. Mon souvenir le plus marquant. Ensuite, je dirais la médaille d’argent de Jean-Charles Valladont aux Jeux de Rio 2016. Le tir à l’arc français ne gagne pas souvent des médailles olympiques. J’avais passé une année entière avec l’équipe de France. Pour moi, c’était une façon de revenir dans un rôle décalé. Enfin, je retiens le dernier jour des Jeux paralympiques de Tokyo 2020, quand nous avons pu tous nous regarder et nous dire que nous avions livré les épreuves dans de belles conditions, sans sacrifier une génération sur l’autel du COVID. Six mois avant, rien n’était acquis. J’ai eu le sentiment du devoir accompli.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La coordination de l’organisation du tir à l’arc aux Invalides avec les autres sports prévus sur le site. Nous allons partager l’Esplanade avec le cyclisme, pour le départ du contre-la-montre, et l’athlétisme, avec l’arrivée du marathon et de la course ouverte au grand public. Avec mes collègues de ces deux sports, nous travaillons beaucoup pour réussir la transition d’une épreuve à l’autre. Les sujets sont très variés. C’est très enrichissant.
Le site du tir à l’arc : ses atouts, les défis dans la perpective des Jeux ?
Paris avait accueilli en 2013 la Finale de la Coupe du Monde de tir à l’arc au Trocadéro. Les images des compétitions dans un tel lieu ont fait date. Mais il est très vite apparu que le site ne serait pas adapté aux Jeux. En revanche, l’Esplanade des Invalides s’est imposée tout de suite, par ses dimensions et son orientation nord. A 2 ou 3 degrés près, elle est quasiment parfaite pour les archers. L’écrin est fabuleux, avec le Grand Palais dans l’axe des cibles. Avec les Invalides, l’expression de site iconique n’est pas galvaudée. Le challenge sera d’aménager le site pour les compétitions olympiques et paralympiques sans cacher la vue sur l’Hôtel des Invalides. Si nous y parvenons, les épreuves et leurs images vont marquer les esprits.
Paris 2024 sera une réussite pour le tir à l’arc si…
Ils seront réussis si les gens ont le sourire en arrivant sur le site et le trouvent bluffant. Ils seront réussis si nous créons un effet waouh chez les athlètes en découvrant leur lieu de compétition. Aux Jeux olympiques, mais aussi pour les paralympiques, où les archers bénéficieront du même écrin. Nous devrons aussi réussir l’enchaînement avec les autres sports, dont le marathon. Enfin, la réussite passerait aussi par des médailles françaises. C’est toujours un plus. Mais je n’ai aucune prise là-dessus.