L’acteur reste peu connu, mais il n’a rien d’un obscur second rôle. A moins d’une année de la Coupe du Monde de rugby 2023 en France (8 septembre au 28 octobre), et 663 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, les prochains mois s’annoncent intenses pour les villes-hôtes. Mais elles peuvent s’appuyer sur une association, créée sur le modèle du « Club des sites » de l’Euro de football 2016 en France.
Son nom : Territoires d’événements sportifs (TES). Présidée par Mathieu Hanotin, le maire de Saint-Denis, elle regroupe des élus et des directeurs techniques des villes en charge des prochains grands événements sportifs internationaux (GESI) organisés en France.
A l’origine, elle a vu le jour pour la Coupe du Monde de rugby 2023, avec les mêmes villes que pour l’Euro de football 2016, Lens en moins, Nantes en plus. Puis son périmètre a été élargi aux Jeux de Paris 2024. Elle compte aujourd’hui deux collèges, chacun dédié à l’un des deux grands rendez-vous à venir.
Son rôle ? Il est triple. Antoine Chinès, coordinateur national de l’association, explique : « Nous regroupons les villes et métropoles pour les négocations avec les comités d’organisation, en partant du principe que nous sommes plus forts ensemble. Nous mutualisons également les travaux et les données relatives à la livraison de l’événement, notamment via la production de contenus. Enfin, nous effectuons pour nos villes membres une veille stratégique sur les candidatures à venir. »
En plus d’un travail de coordination tout au long de l’année, Territoires d’événements sportifs rassemble ses membres trois fois dans l’année pour des réunions de deux jours. La prochaine se déroule ce vendredi 4 et samedi 5 novembre, au Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, puis à Saint-Denis. Au programme, des échanges avec le préfet Ziad Khoury, coordinateur national pour la sécurité des Jeux de Paris 2024, avec le chef du Centre de renseignement olympique, mais aussi avec Etienne Thobois, le directeur général du COJO Paris 2024, et Julien Collette, son homologue de France 2023.
La liste des villes-hôtes affiche un fort contraste entre les plus importantes – Paris, Lyon, Marseille… – , rompues depuis longtemps aux règles des GESI, et des communes aux dimensions et à l’expériences plus modestes, comme La Courneuve, Colombes ou Paris Vallée de la Marne autour de Vaires sur Marne.
« C’est tout l’intérêt de l’association, suggère Antoine Chinès. Les plus gros peuvent aider les petits par leur expérience. Mais nous distinguons trois catégories de villes : les membres fondateurs, à savoir les 10 villes du Mondial de rugby 2023 ; les membres actifs, qui possèdent au moins un équipement sportif majeur capable d’accueillir un événement international ; et enfin les membres temporaires, des villes plus petites et moins habituées aux rendez-vous sportifs qui adhèrent pour préparer un seul événement spécifique. »
Malgré les récents remous au comité d’organisation, où le directeur général, Claude Atcher, a été poussé vers la sortie, le Mondial de rugby 2023 se présente pour les villes-hôtes comme un rendez-vous classique. Un stade, deux équipes par match, des zones de célébration. Les Jeux de Paris 2024, en revanche, s’annoncent d’une plus grande complexité.
« Nous essayons de servir de courroie de transmission entre les organisateurs et les villes, poursuit Antoine Chinès. Notre relation avec le COJO fonctionne dans les deux sens. En parlant avec nous, il peut faire passer des messages. De notre côté, nous pouvons l’alerter sur des problèmes potentiels relatifs à tous les sujets qui impactent les villes-hôtes et leurs responsabilités. »
Les villes-hôtes peuvent en témoigner, les premières années de la préparation des Jeux de Paris 2024 ont longtemps suivi le cours sans mauvaise surprise d’un fleuve tranquille. « Les relations avec le COJO étaient surtout été centrées sur Paris et la Seine-Saint-Denis« , reconnaît Antoine Chinès.
Mais la nouvelle donne budgétaire, imposée par un contexte économique très tendu, annonce des temps plus tourmentés. Le coordinateur national de TES n’en fait pas mystère : « Le serrage de boulons entrepris par le COJO ne sera pas sans effet sur les villes. Avec moins de grain à moudre, les discussions et les négociations seront plus difficiles. Toutes les zones grises concernant les responsabilités des uns et des autres vont être l’objet d’échanges plus compliqués. Les villes sont en train de prendre conscience de la réalité des coûts à venir. »
Qui paiera quoi ? A moins de deux ans de l’événement, toutes les zones grises ne sont pas effacées. Les villes en ont conscience. Mais elles avancent groupées.