Le CIO est prévenu : Umar Kremlev ne baissera pas la garde. Le président russe de la Fédération internationale de boxe (IBA), épinglé par l’instance olympique en tête de sa liste noire des dirigeants indésirables, aime rendre coup pour coup. La stratégie peut sembler suicidaire. Mais il n’en veut aucune autre.
Le CIO le menace de retirer définitivement la boxe du programme olympique aux Jeux de Los Angeles 2028 ? Umar Kremlev menace à son tour. Il promet le chaos. Il annonce que les « millions de fans » du noble art dans le monde sauront se faire entendre pour dénoncer l’injustice.
Le dirigeant russe l’a expliqué sans nuance, lundi 7 novembre, à l’occasion d’une conférence de presse organisée depuis Dubaï, aux Emirats arabes unis. Pour l’occasion, Umar Kremlev s’est entouré à la tribune de trois grands noms de la boxe, passés ou actuels, dont deux femmes : la Française Estelle Mossely, championne olympique aux Jeux de Rio 2016 ; l’Indienne Nikhat Zareen, sacrée championne du monde en mai dernier en moins de 52 kilos ; et la légende américaine Roy Jones Jr, son allié de longue date (photo ci-dessus).
Retardée d’une heure en raison de « problèmes techniques« , la conférence de presse a connu quelques moments surréalistes. S’exprimant exclusivement en russe, Umar Kremlev a ouvert l’exercice en expliquant qu’il existait deux grands sports dans le monde, le football et la boxe. Parfaitement, chez monsieur. Il a également avancé, sur un même ton monocorde, que les amateurs du noble art étaient aujourd’hui « plus d’un milliard« . Ben oui. Pas moins d’un habitant de la planète sur huit.
Surtout, Umar Kremlev s’en est pris au CIO. Sans citer directement l’instance olympique, il a promis que « personne ne se taira » si elle essaye d’exclure la boxe du programme des Jeux d’été. « En tant que communauté et organisation de la boxe, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que la boxe reste aux Jeux olympiques« , a-t-il promis.
Umar Kremlev n’a pas non plus cité la Russie et la Biélorussie, au moment d’évoquer la décision récente du conseil d’administration de l’IBA d’autoriser dans ses compétitions les boxeurs de tous les pays, sous leurs couleurs et leur drapeau. Mais le message a été compris.
« Nous sommes une unité de personnes, non pas une séparation de personnes, a-t-il suggéré. Lorsque nous parlons de nos athlètes, il est important de connaître leur nationalité, d’entendre leur hymne et de voir leur drapeau national. Quand le sport commence, la politique doit finir. »
Invitée par Umar Kremlev à s’exprimer face aux médias, Estelle Mossely (à droite sur la photo) n’a pas non plus retenu ses critiques face au CIO. La boxeuse française a suggéré que le système de qualification aux Jeux de Paris 2024 mis en place par l’instance olympique, avec une première étape aux championnats continentaux multisports l’an prochain (Jeux Européens, Jeux Asiatiques…), puis deux tournois mondiaux en 2024, manquait cruellement de clarté, surtout pour les boxeurs professionnels.
« J’aimerais beaucoup participer aux prochains Jeux, organisés dans mon pays, mais le système de qualification n’est toujours pas clair, a expliqué Estelle Mossely. Le CIO prétend l’avoir approuvé, mais aucun des athlètes n’en a vu les détails. Nous ne savons même pas si les catégories de poids, proposées précédemment par l’IBA, seront en vigueur. »
Autre grand moment : l’annonce par Umar Kremlev d’un possible départ de Lausanne du siège de l’IBA. Le dirigeant russe a assuré que la question était en discussion, mais que la décision finale reviendrait aux fédérations nationales. Patience, donc.
Mais en cas de déménagement, un lieu semble déjà trouvé : Dubaï. L’IBA doit y organiser en décembre prochain son Forum mondial de la boxe. L’instance prévoit également d’ouvrir aux Emirats arabes unis son premier bureau de développement et de formation, sur un modèle qui devrait ensuite être dupliqué sur chaque continent.
« Les Emirats arabes unis vont devenir la capitale mondiale de la boxe« , a annoncé Umar Kremlev. Adieu, Lausanne ? Plus tard dans la journée, lundi 7 novembre, un communiqué de l’instance a nuancé le propos. « Le siège mondial de l’IBA restera à Lausanne« , précise-t-il. Tout proche du CIO.