Un effet Paris 2024. Parmi d’autres. Depuis le début de l’olympiade, le mouvement olympique a les regards tournés vers la France. Le phénomène est habituel. A 624 jours de l’ouverture, il devrait encore s’accentuer dans les mois à venir.
Pour le Comité olympique français (CNOSF), l’enjeu est de taille. Comment en profiter au maximum ? Quels leviers activer ? Quels événements viser après les Jeux de Paris 2024 ? Aux manettes, le président de la Fédération française de basket-ball (FFBB), Jean-Pierre Siutat, premier vice-président du CNOSF en charge de la stratégie internationale. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Quelle est aujourd’hui la priorité du CNOSF en matière de stratégie internationale ?
Jean-Pierre Siutat : Elle est diversifiée. Une coopération a été mise en place entre le gouvernement, le monde de l’entreprise et le mouvement olympique français. Elle a pris le nom de French Sport Touch. Elle a été lancée en décembre dernier. Chacun y reste maître de son propre agenda, mais avec des recommandations spécifiques et une volonté commune de partager tout ce qui peut l’être. De notre côté, au CNOSF, nous travaillons sur deux actions. La première, ce sont les cercles d’influence internationale (C2I), pour lesquels nous ciblons et sensibilisons les gens qui peuvent à un moment donné rendre service à la France à l’étranger. Les cercles sont concentriques. Dans le premier, on retrouve par exemple Jean-Christophe Rolland (membre du CIO et président de la Fédération internationale d’aviron, ndlr), mais aussi des Français présents dans des commission d’une fédération internationale, du CIO ou d’autres structures. Le réseau doit être animé. La deuxième action consiste à former les gens qui joueront un rôle à l’international, les HPI (Hauts potentiels à l’international). A travers le parcours « Ambition internationale », le CNOSF leur apporte les grands principes des relations internationales, puis il cible ceux qui pourraient jouer un rôle de premier plan. Nous devrions pouvoir présenter les premiers résultats concrets de cette stratégie au début de l’année 2023.
La perspective des Jeux de Paris 2024 facilite-t-elle une coopération plus étroite avec les autres pays ?
Nous venons de signer un accord de coopération avec le Canada. Nous concluons des accords avec certains comités nationaux olympiques. Avec, en base arrière, toutes les fédérations nationales françaises qui peuvent être intéressées par ces pays. Nous cherchons aussi à mobiliser tout le monde pour voir quels événements la France pourrait accueillir après les Jeux de Paris 2024. Il faut les choisir, puis mettre en place une stratégie pour les obtenir. Après les Jeux de Paris 2024, il faudra certainement s’attendre à une baisse des aides publiques. Mais il faudra trouver comment être pertinents pour recevoir des événements de première importance. C’est un vrai sujet.
La France compte aujourd’hui trois présidents de fédération internationale – Jean-Christophe Rolland à l’aviron, David Lappartient au cyclisme, Luc Tardif au hockey sur glace – et quatre membres du CIO – Guy Drut, Jean-Christophe Rolland, David Lappartient et Martin Fourcade. Est-ce la preuve que le sport français n’a jamais été aussi influent ?
Une étude a été faite par un pays nordique sur la présence des différents pays dans les instances internationales, avec un système de points selon le niveau de présence. La France figure dans les nations de tête. Je suis trop nouveau dans cet univers pour savoir si tout cela est le résultat d’actions spécifiques. Mais il est certain que nous avons aujourd’hui des gens de qualité. Luc Tardif en est un exemple. Il est parti de rien, il a fait sa campagne pour la présidence de la Fédération internationale de hockey sur glace à sa façon, et il l’a emporté alors qu’il n’était pas le favori. La France représente quelque chose. Et nous avons des gens de qualité qui incarnent une forme de leadership. En ciblant les potentiels et en les formant, il n’y a aucune raison de ne pas poursuivre sur la même voie.
Paris 2024 va-t-il accélérer le phénomène ou au contraire faut-il s’attendre à un trou d’air après les Jeux ?
Il est impossible de le savoir aujourd’hui. Depuis l’attribution des Jeux, je répète que Paris 2024 est à la fois une opportunité et une menace. Il faut identifier les menaces et les opportunités, puis faire en sorte que les premières ne se réalisent pas et que les secondes se concrétisent. Mais il est certain que les opportunités existent. Au CNOSF, nous sommes très sollicités sur le sujet Paris 2024, pour des visites, des accords ou l’utilisation des équipements.
La France a-t-elle aujourd’hui l’ambition d’organiser, après les Jeux de Paris 2024, un autre grand événement international multisport ?
La question a été discutée et débattue, mais elle n’est pas encore tranchée. Les Jeux d’hiver peuvent être une opportunité. Les Jeux mondiaux universitaires également. On s’est aussi posé la question de savoir s’il serait intéressant d’organiser les Jeux de la Francophonie. Le dossier des événements multisports est ouvert, rien n’est encore décidé. Mais il faudra que cela serve à quelque chose, par rapport à l’influence internationale ou à l’exportation du savoir-faire des entreprises françaises.