Ses sites de compétition bougent, son budget tangue, mais le COJO Paris 2024 et son président, Tony Estanguet, n’en démordent pas : ils veulent « casser les codes« . En clair, ne pas faire comme les autres. L’exercice de la mascotte, un « marqueur » des Jeux olympiques et paralympiques, leur en a fourni sur un plateau une occasion en or.
Tony Estanguet l’a expliqué lundi 14 novembre en conférence de presse, par une formule en rimes : « Nous voulions un idéal plutôt qu’un animal« . Un objet, donc. Avec une idée fixe : incarner les « Jeux à la française« , la liberté. Et même, allez, une forme de « révolution » pour la France de demain.
Le résultat : deux bonnets phrygiens d’un rouge pétant, à l’oeil en forme de cocarde et chaussés de baskets. A la différence de leurs homologue des Jeux précédents, ils n’ont pas été baptisés. Tout juste sont-ils dénommés les « Phryges« , en français comme en anglais.
Le processus de création a duré près de deux ans. Il a mobilisé plus d’une vingtaine de personnes. En fin d’année 2020, le COJO a lancé un appel d’offres auprès d’agences de création. W & Cie a décroché le gros lot en proposant l’idée des bonnets phrygiens. Le travail s’est poursuivi en studio de création, dans le plus grand secret, jusqu’à la révélation officielle à un peu plus de 600 jours de l’ouverture des Jeux olympiques.
Deux versions ont été présentées lundi 14 novembre. Un bonnet olympique, plus petit et élancé, et son pendant paralympique, plus massif et charnu. Grande première : ce dernier est équipé d’une prothèse à la jambe droite, pour l’identifier aux athlètes handisport. « Avoir une mascotte avec un handicap visible est un message fort, un symbole du vivre ensemble et de l’intégration« , suggère Tony Estanguet.
Les deux mascottes fonctionneront en binôme, têtes de file d’une vaste tribu de « phryges » appelés à représenter les 71 disciplines olympiques et paralympiques.
Julie Matikhine, la directrice de la marque de Paris 2024, l’a expliqué très sérieusement devant les médias : les deux mascottes sont dotées d’une personnalité très différente. Le bonnet olympique est une « fine cartésienne« , réfléchie et prudente, mais aussi cachottière et têtue. Elle analyse ses chances de succès. Un esprit « roublard« .
Son double paralympique serait, à l’inverse, une « mégafêtarde« , spontanée et créative, toujours partante pour essayer de nouvelles choses, résolument tournée vers les autres.
Ensemble, elles devront initier la « révolution par le sport« . Pas simple.
Les deux peluches sont fabriquées en Chine, où se réalise la quasi-totalité de la production mondiale. Mais le marché a été attribué par le COJO à deux entreprises françaises, Gipsy (60 %) et Doudou et Compagnie (40 %). Symbolique de la volonté de « laisser un héritage« , et toujours bon pour l’image, la deuxième devrait produire environ 15 % de son quota dans son usine de Guerche-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, agrandie pour la circonstance.
La vente ? Elle débute. Le COJO Paris 2024 a fait coïncider la révélation des mascottes avec l’ouverture à Paris, dans le quartier des Halles, de sa première boutique officielle. Les peluches sont également disponibles sur la plateforme de vente en ligne du comité d’organisation, dans plusieurs chaînes de magasins de jouets, dans les aéroports et les stations service, mais aussi dans les supermarchés Carrefour, partenaire de premier rang du COJO Paris 2024.
Prix minimum : 15 euros en version peluche, 10 euros pour le porte-clé.
Tony Estanguet l’a expliqué lundi 14 novembre : le COJO espère vendre au moins deux millions de peluches, « le chiffre moyen des Jeux précédents« , soit 20 à 25 % des revenus issus des produits dérivés.