Deux vitesses. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, en février dernier, le CIO avance à deux vitesses. Il recommande aux fédérations internationales de fermer la porte aux athlètes russes et biélorusses. Mais, dans le même temps, il ouvre toute grande la sienne à leurs dirigeants.
Lundi 5 décembre, cette position pour le moins contestable a pris une dimension spectaculaire. Par un hasard du calendrier, la commission exécutive de l’instance était réunie à la Maison olympique, pour la dernière fois de l’année. Elle a évoqué la question russe. Le même jour, le CIO a envoyé aux médias un long communiqué annonçant la date, le programme et surtout les invités de son prochain Sommet olympique. La Russie en sera.
Mark Adams, le porte-parole du CIO, l’a expliqué lundi en conférence de presse, au terme de la première journée de la réunion de la commission exécutive : l’heure n’est pas encore venue pour le mouvement olympique de lever les sanctions contre les deux pays belligérants. « Ce n’est pas le moment de lever les sanctions contre les Russes ou les Biélorusses, a-t-il annoncé. Les sanctions restent bien en place. » Pas question, donc, d’autoriser les athlètes des deux nations à participer aux compétitions internationales.
Dans le même temps, le CIO a affiché la liste des invités à son prochain Sommet olympique. Il se tiendra vendredi 9 décembre à Lausanne et sera le premier en mode présentiel depuis le début de la pandémie de COVID-19. Au programme, plusieurs « sujets d’intérêt« , dont le bilan des Jeux d’hiver de Pékin 2022, la préparation des Jeux de Paris 2024, la course aux Jeux d’hiver 2030, les qualifications olympiques, l’avenir des Olympic Esports Series, ou encore la lutte antidopage. Copieux.
Le casting s’annonce prestigieux, avec une trentaine d’invités, rassemblés pour la journée autour de Thomas Bach. Dans le premier cercle, les quatre vice-présidents du CIO, Ng Ser Miang, John Coates, Nicole Hoevertsz et Juan Antonio Samaranch. Un rang en dessous, deux autres membres de la commission exécutive, la Finlandaise Emma Terho pour la commission des athlètes, et le Serbe Nenad Lalovic. Une poignée de présidents de fédérations internationales est également conviée, dont Gianni Infantino pour la FIFA, Husain Al-Musallam pour la FINA, Sebastian Coe pour World Athletics et Luc Tardif pour l’IIHF.
Parmi les autres invités, à noter la présence du Belge Pierre-Olivier Beckers, président de la commission de coordination des Jeux de Paris 2024, du Français David Lappartient, président de l’UCI mais également en charge du groupe de liaison sur les jeux électroniques, du Brésilien Andrew Parsons pour l’IPC, du Polonais Witold Banka pour l’AMA, de la Française Valérie Fourneyron pour l’ITA. Bref, du très beau monde.
Fidèle à son habitude, le président du CIO a également convié les présidents de trois comités nationaux olympiques, supposés les plus puissants de la planète : Gao Zhidan pour la Chine, le binôme américain composé de Susanne Lyons et Gene Sykes pour l’USOPC et enfin, surprise, Stanislav Pozdnyakov pour la Russie (photo ci-dessus).
Lundi 5 décembre, le CIO a donc au cours de la même journée répété que les sanctions contre la Russie seraient maintenues, dont la suspension des athlètes des compétitions internationales, et annoncé avoir invité le président du Comité olympique de Russie (ROC) à participer à un Sommet où seront discutés le présent et l’avenir du mouvement.
Stanislav Pozdnyakov se contentera-t-il de faire acte de présence en gardant le silence ? En octobre dernier, sa venue à l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO) à Séoul avait créé un certains embarras. Les représentants du Comité olympique danois avaient même quitté la salle au moment de sa présentation à la tribune du rapport de la commission Education et Culture, dont l’ancien escrimeur russe assure la présidence.
Il serait étonnant que sa présence, en réel ou virtuel, vide la salle de la Maison olympique vendredi 9 décembre pour le Sommet du CIO. Mais la presse russe ne s’y trompe pas : l’opportunité sera offerte à Stanislav Pozdnyakov de prendre la parole. « La participation de la Russie donnera peut-être à M. Pozdnyakov l’occasion de discuter des interdictions généralisées imposées aux athlètes de son pays, suite à une recommandation du CIO en février, en raison du conflit en Ukraine« , suggère le site russe RT.com.