Une question chasse l’autre dans le mouvement olympique. Hier encore, le débat tournait autour du bien-fondé de la suspension des athlètes russes et biélorusses des compétitions internationales. Faut-il les réintégrer ? Les avis divergeaient.
Aujourd’hui, la question a gagné en simplicité. Elle se résume désormais à une seule interrogation : quand ? A quel moment le mouvement olympique, sous l’impulsion du CIO, lèvera sa suspension et ouvrira la porte aux athlètes de Russie et de Biélorussie ?
Thomas Bach l’a expliqué mercredi 7 décembre en conférence de presse, au terme de la troisième et dernière journée de la réunion de la commission exécutive du CIO : l’heure est venue « d’explorer les moyens » de réintégrer les athlètes russes et biélorusses. A moins de 600 jours des Jeux de Paris 2024, il est temps de trouver une façon de les remettre dans la course.
« Nous devons explorer des moyens de surmonter ce dilemme, au sujet de la participation des athlètes, pour revenir aux mérites sportifs et non aux interférences politiques« , a annoncé Thomas Bach.
A court terme, la roue continuera de tourner dans le même sens. Le CIO explique que la question a mobilisé les membres de la commission exécutive pendant quatre heures, cette semaine à Lausanne. Il en est ressorti une décision commune de maintenir les sanctions contre la Russie et la Biélorussie.
Mais la porte pourrait bientôt s’ouvrir. « Nous avons dû agir contre nos propres valeurs, a poursuivi Thomas Bach, en faisant ce que nous n’avions jamais fait et n’avons jamais voulu faire, c’est-à-dire empêcher des athlètes de participer à des compétitions uniquement à cause de leurs passeports. »
Le président du CIO a répété mercredi que la décision avait été prise « le coeur lourd« . Il a évoqué une nouvelle fois le « dilemme » d’une telle position. Refrain connu. Mais Thomas Bach s’est refusé à suggérer un calendrier pour le retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales. « Cela requiert d’autres consultations et elles sont en cours, a-t-il résumé. Donc, il n’y a pas de date fixée« .
La question sera discutée une nouvelle fois vendredi 11 décembre lors du Sommet olympique organisé par le CIO à Lausanne. Stanislav Pozdnyakov, le président du Comité olympique russe (ROC), en sera l’un des invités. A en croire ses dernières déclarations, l’ancien escrimeur ne devrait pas rester silencieux lorsque le sujet sera posé sur la table.
Hasard du calendrier, la dernière journée de la réunion de la commission exécutive du CIO s’est tenue, mercredi 7 décembre, en même temps qu’une réunion du bureau exécutif du ROC à Moscou. Stanislav Pozdnyakov l’a présidée. Avant de répondre aux questions des médias russes.
Interrogé par Match TV, il a expliqué que les différents scénarios du retour des athlètes russes dans les compétitions internationales étaient à l’étude. La Russie se prépare. Elle est même déjà dans les starting-blocks.
« Le scénario prioritaire, pour nous, est que nos athlètes participent aux Jeux de Paris 2024, après être passés par les qualifications, a expliqué Stanislav Pozdnyakov. Personne ne sait quels seront les critères du retour des Russes dans les compétitions internationales. Cela dépend entièrement du CIO et des fédérations internationales. Mais, dans tous les cas, la participation potentielle de l’équipe russe impliquera de résoudre un grand nombre de questions organisationnelles. Nous devrons faire face à des défis liés à la logistique, aux paiements bancaires, à l’obtention de visas… Mais nous sommes prêts à les relever. »
Paris 2024, donc. La cible prioritaire. Mais le président du ROC ne s’en cache pas : l’option d’un retour plus tardif, incompatible avec les prochaines qualifications olympiques, ne peut pas être écartée.
« Le deuxième scénario est que la pleine participation des athlètes russes aux Jeux, sans aucune restriction, intervienne au plus tôt en 2026, suggère-t-il. Mais nous avons élaboré un programme tout nouveau, pour préparer notre élite à une telle échéance. Son objectif consiste à former une nouvelle génération d’athlètes russes dans les sports olympiques, pour entrer dans le top 3 du classement des médailles aux Jeux de Los Angeles en 2028. Pour cela, le ROC dispose désormais de toutes les ressources nécessaires. »
Etonnamment loquace, Stanislav Pozdnyakov a par ailleurs confié s’être entretenu récemment avec Thomas Bach et un grand nombre de dirigeants d’instances sportives internationales. « Je n’en ai pas rencontré un seul qui m’ait dit ne pas vouloir d’athlètes russes dans les grandes compétitions, assure-t-il. Bien sûr, certaines voix contraires se font entendre dans des pays radicaux, où les gouvernements perçoivent la confrontation et la division comme quelque chose qui peut servir leurs intérêts. Mais il s’agit d’une petite minorité. »