La journée est d’importance pour le COJO Paris 2024. A 592 jours de l’ouverture des Jeux olympiques, son conseil d’administration est réuni au grand complet, ce lundi 12 décembre. Avec, à l’ordre du jour, un sujet censé occulter les autres : la révision budgétaire.
Les participants ne devraient rien découvrir qu’ils ne connaissent pas déjà. Depuis la fin du mois dernier, le COJO a pris les devants en annonçant, à l’occasion de deux points presse en visioconférence, une hausse de son budget. Etienne Thobois, le directeur général du COJO, l’a fait le premier, dévoilant une augmentation de 400 millions d’euros, soit environ 10 %. Puis Tony Estanguet a poursuivi l’exercice, confirmant la courbe ascendante des comptes, mais en affichant plus clairement les chiffres.
Dans les deux cas, le briefing s’est tenu en présence de Fabrice Lacroix, le directeur administratif et financier du COJO, invité à répondre aux questions plus directement comptables. Dans les deux cas, les organisateurs parisiens ont assuré que le budget, certes à la hausse, restait équilibré, une augmentation des recettes venant compenser la flambée des dépenses. Dans les deux cas, enfin, ils ont expliqué que l’inflation était responsable pour la moitié de la hausse du budget.
Ce lundi après-midi, le conseil d’administration devrait entériner un nouveau budget désormais établi à 4,380 milliards d’euros. Il devrait prendre bonne note du coup de pouce de l’Etat et des collectivités (Ville et Métropole du Grand Paris), notamment pour les Jeux paralympiques (+ 71 millions d’euros), le matériel sportif (12 millions), la lutte antidopage (8 millions), et l’aménagement des voies olympiques (5 millions). Conséquence de cet apport d’argent public : le COJO ne sera plus financé à 97 % par des recettes privées, comme annoncé et répété depuis 2017, mais par 96 %. Anecdotique, mais symbolique.
Le conseil d’administration entendra également, ce lundi 12 décembre, Tony Estanguet énumérer les recettes supplémentaires inscrites en toutes lettres dans la nouvelle version du budget. Les deux principales affichent trois chiffres : 127 millions d’euros en plus pour le partenariat, et 143 millions pour la billetterie – une performance réalisée en revoyant à la hausse les prix des sessions les plus demandées et en réduisant le nombre de places gratuites destinées notamment aux médias.
Pas mal. Mais, dans les deux cas, il s’agit de prévisions, donc à écrire au conditionnel. La première phase réelle de vente des places ne débutera pas avant le 15 février 2023. Quant au volet partenariat, le COJO assure avoir atteint son objectif de 80 % des recettes en fin d’année 2022, et pourrait ainsi pousser le curseur jusqu’à la ligne des 90 %. Mais les annonces restent à venir.
En tête de liste, le prochain partenaire premium du COJO, appelé à s’installer au premier rang du programme de marketing national, avec le groupe bancaire BPCE, Carrefour, EDF, Orange et Sanofi. Dans son rapport remis cette année; le comité d’audit de Paris 2024 insistait sur l’importance de sécuriser sans tarder un nouveau premium. Une « impérieuse nécessité« , avançait le comité, A ce jour, il n’est toujours pas dans la place.
Un nom circule depuis plusieurs mois : LVMH. Le groupe de luxe est en négociation avec le COJO pour rejoindre le premier rang du programme. Mais la concrétisation par un contrat signé, puis publiquement annoncé, traîne en longueur.
La raison ? Selon plusieurs sources, LVMH chercherait à obtenir le droit d’activer, au moins partiellement, ses droits de partenaire au niveau international. Les discussions ne concernaient donc plus seulement le COJO Paris 2024, mais également le CIO. Une partie à trois où un consensus s’avère très délicat à trouver.
Depuis la création de son programme mondial de sponsoring TOP, le CIO réserve en effet à ses seuls membres – au nombre de 14 dans la composition actuelle – le droit d’utiliser les Jeux et les anneaux olympiques au niveau mondial. Et cela, pendant toute la durée de leur contrat avec le CIO. Les partenaires d’un comité d’organisation ne peuvent le faire que sur le plan national.
LVMH le sait. Mais le groupe français, mastodonte mondial de l’industrie du luxe, réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger. Un partenariat premium avec le COJO Paris 2024 n’aurait de sens, à ses yeux, que dans le cadre d’une stratégie internationale, à court ou moyen terme.
Interrogé en début de mois par FrancsJeux, Tony Estanguet a reconnu qu’un partenaire premium, un seul, figurait parmi la dizaine de sponsors avec lesquels le COJO était en train de finaliser les contrats. Le triple champion olympique de canoë n’a pas cité le nom de LVMH. Pas sûr qu’il puisse le faire ce lundi en conseil d’administration.