Inattendu. Sur la question russe, les décisions du mouvement olympique se prennent pour l’essentiel à Lausanne, mais l’information passe par les Etats-Unis.
Trois jours après le Sommet olympique, organisé vendredi 9 février par le CIO, la présidente du Comité olympique et paralympique américain (USOPC), Susanne Lyons (photo ci-dessus), a été la première à dévoiler la nature des échanges et des discussions des invités sur le « dilemme » de la participation des athlètes russes et biélorusses aux compétitions internationales. La première et, à ce jour, la seule.
En septembre dernier, l’Américaine avait déjà brisé la loi du silence en confiant que le CIO s’était lancé dans une vaste consultation des parties prenantes du mouvement – fédérations internationales et comités nationaux olympiques – sur un possible retour des athlètes des deux pays.
Lundi 12 décembre, Susanne Lyons a confié aux médias américains qu’il s’était dégagé un consensus, parmi les invités au Sommet olympique, pour envisager une réintégration des athlètes russes et biélorusses dans la perspective des Jeux de Paris 2024, dont le processus de qualification a débuté, ou le fera bientôt, dans plusieurs disciplines.
Organisé tous les ans par le CIO, le Sommet olympique réunissait à Lausanne une trentaine d’invités de prestige, pour l’essentiel des membres de l’instance et des présidents de fédération internationale. Mais le casting comptait également les présidents de trois comités nationaux olympiques : Gao Zhidan pour la Chine, le binôme américain composé de Susanne Lyons et Gene Sykes pour l’USOPC, Stanislav Pozdnyakov pour la Russie.
A son retour aux Etats-Unis, Susanne Lyons n’a pas dévoilé les positions de chacun. Elle n’a pas non plus révélé l’attitude adoptée par Stanislav Pozdnyakov, dont la présence sur la liste des invités a été vivement critiquée par l’Ukraine.
Mais l’Américaine l’a reconnu : « Nous n’avons pas convenu que les athlètes reviendraient. Nous avons convenu qu’il y aurait maintenant une exploration et une consultation avec les parties prenantes pour voir s’il pourrait y avoir une voie pour que ces athlètes individuels reviennent sous couvert de neutralité. Il y a une réelle volonté que cela arrive, car notre mission reste de rassembler pacifiquement le monde entier autour du sport. Le mouvement olympique peut difficilement tolérer que ces athlètes soient interdit de concourir« .
Toujours selon Susanne Lyons, l’USOPC a soutenu cette volonté de trouver une voie pour ramener les athlètes russes et biélorusses dans le jeu. Mais dans un tel scénario, les conditions de leur participation seraient plus strictes que jamais.
Plus question, par exemple, de laisser les Russes porter le nom de leur comité national olympique et leurs couleurs, comme aux Jeux de Tokyo 2020. « Les sanctions seront très spécifiques, a-t-elle expliqué. Il ne pourra pas être admis les couleurs ou le nom du pays« . Le CIO devra trouver une autre appellation que celle des derniers Jeux d’été, où la délégation venue de Moscou était présente sous le nom de ROC, l’acronyme du Comité olympique russe.
Autre question soulevée par Susanne Lyons : la sélection des athlètes éligibles à un retour sur la scène internationale. Thomas Bach a suggéré à plusieurs reprises, au cours des derniers mois, que la porte serait seulement ouverte aux Russes n’ayant pas ouvertement apporté leur soutien à l’invasion de l’Ukraine. Cohérent. Mais comment les trouver ?
La présidente de l’USOPC le reconnaît : « Je ne sais vraiment pas comment il sera possible de savoir si un athlète soutient ou non les actions de son gouvernement. Cela me semble même quasiment impossible. Mais nous sommes au moins arrivé à un accord sur notre volonté commune d’autoriser les sportifs qui n’ont pas soutenu activement le conflit. »
A ce stade, la discussion reste « conceptuelle« , pour reprendre l’expression de Susanne Lyons. Elle en est toujours au stade du principe. Pour la pratique, rien ne s’annonce simple.