Il était temps. A moins de quatre ans de l’événement, la commission de coordination du CIO pour les Jeux d’hiver 2026 a posé ses valises à Milan, en début de semaine (photo ci-dessus). Une visite de trois jours sans une once de virtuel, la première depuis l’attribution à l’Italie du rendez-vous olympique (6 au 22 février 2026) et paralympique (6 au 15 mars).
Selon le discours officiel, tout est en ordre. Ou presque. Au terme de la visite, le CIO s’est fendu d’un long communiqué de presse dont le ton et les mots ne s’écartent pas de la norme en pareille circonstance. Il explique que la commission de coordination, présidée par l’ancienne marcheuse finlandaise Sari Essayah, a « définit les priorités pour Milan-Cortina 2026 dans sa période de transition« .
La formule est connue. Mais la lecture des priorités en question en dit long sur l’ampleur du travail qu’il reste à accomplir au cours des trois ans et quelques semaines à venir. Le CIO l’explique en toutes lettres, les Italiens devront se concentrer au cours des prochains mois sur « le développement du programme de partenaires nationaux, l’optimisation du budget, l’avancement des préparatifs sur les sites et le renforcement de l’équipe en charge du projet olympique. »
En clair, leurs « priorités » concernent non pas seulement quelques aspects du projet, mais quasiment sa totalité. Le marketing, le budget, les sites de compétition et les ressources humaines. Costaud.
Quelques semaines plus tôt, un autre dossier aurait été placé en tête de liste par le CIO : le recrutement d’un directeur général. Mais il est désormais réglé. Après une interminable recherche de l’oiseau rare, longtemps freinée par l’incertitude et les luttes politiques, Milan-Cortina 2026 a confié les clefs de son comité d’organisation à Andrea Varnier.
A en croire les uns et les autres, il serait la meilleure pioche possible à ce stade de la préparation. « La commission se félicite de l’expérience (d’Andrea Varnier) au sein des mouvements olympique et paralympique, ainsi que de la vision et de l’énergie qu’il a exprimées lors de nos réunions, a suggéré Sari Essayah. De telles qualités donneront le coup de pouce nécessaire à l’équipe afin de faire avancer les préparatifs des Jeux. »
Même son de cloche chez Giovanni Malagò, le président de Milan-Cortina 2026 et du Comité olympique italien (CONI). « Andrea Varnier est la lumière au bout du tunnel, a-t-il assuré en conférence de presse. Sa collaboration en tant que conseiller du CIO et son expérience de plus de 30 ans dans le secteur sont la clé pour accélérer notre feuille de route. Sa nomination a représenté une étape fondamentale. »
Andrea Varnier, 59 ans, nommé le mois dernier pour succéder à Vincenzo Novari comme directeur général, était directeur de l’image et des événements des Jeux d’hiver de Turin 2006. Il a ensuite travaillé pendant plusieurs années comme consultant du CIO, notamment sur les cérémonies et les événements.
Il n’empêche, Milan-Cortina reste très en retard sur ses temps de passage. Giovanni Malagò en convient : les trois dernières années ont souvent ressemblé à une course d’obstacles, entre la crise sanitaire, l’instabilité politique et une inflation galopante.
« Depuis que nous avons gagné les Jeux, j’ai rencontré quatre gouvernements, quatre institutions et structures différentes, quatre personnes avec qui traiter… Sans oublier le COVID, l’inflation et la crise internationale, a confié le dirigeant italien en conférence de presse. C’était comme courir un marathon avec un sac à dos. Maintenant, je suis heureux parce que la nomination d’Andrea Varnier montre enfin que le gouvernement est à bord … Nous savons tous très bien quelles sont les difficultés et les problèmes, mais je pense que la plupart d’entre eux seront résolus bientôt. »
Le bout du tunnel ? Possible. Mais le sac à dos évoqué par Giovanni Malagò reste lourd à porter. A trois ans et moins de deux mois des Jeux olympiques, Milan-Cortina 2026 compte seulement trois partenaires nationaux – Deloitte, Esselunga et Randstad – et un seul supporteur paralympique, Ottobock.
Sur la question des sites, un point d’interrogation clignote en rouge : le stade San Siro de Milan. L’enceinte de 80.000 places est censée accueillir la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, mais ses deux clubs résidents, l’AC Milan et l’Inter, caressent tous les deux le projet de construire leur propre stade.
Giovanni Malagò en convient : le dossier ne lui appartient pas. « Nous le répétons depuis le début, ce n’est pas quelque chose qui nous concerne, même si nous sommes évidemment des spectateurs très attentifs, a-t-il expliqué. Mais toutes les options nous iraient : l’actuel San Siro avec certaines choses à corriger, ou un nouveau San Siro, même si nous ne savons pas s’il serait prêt à temps. Ce n’est pas à nous de le dire, nous faisons confiance à la gestion de la ville. »