Les Jeux olympiques se suivent, mais sans vraiment se ressembler pour l’escalade. Elle a fait ses débuts aux Jeux de Tokyo 2020, comme sport additionnel, sans public dans les tribunes. Elle conservera le même statut dans moins de 600 jours aux Jeux de Paris 2024, mais sur un site temporaire capable d’accueillir 6.000 spectateurs Quatre ans plus tard, l’escalade intégrera plus durablement le programme olympique aux Jeux de Los Angeles 2028.
Aux manettes de la discipline pour le COJO Paris 2024, le Français Vincent Causse. FrancsJeux poursuit avec lui sa série d’interviews des sport managers des prochains Jeux d’été.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Vincent Causse : J’ai rejoint le COJO Paris 2024 en mai 2022, après 23 ans à la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME). J’y étais rentré pendant mon service national. J’ai terminé comme directeur du département des compétitions, en charge des épreuves d’escalade et de ski-alpinisme. En parallèle, je suis devenu délégué technique international pour la Fédération internationale d’escalade sportive (IFSC). Passionné et pratiquant d’escalade depuis une quarantaine d’années, j’ai le sentiment d’avoir accompagné l’évolution de sa pratique et d’avoir été très investi dans son histoire olympique.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
Je n’ai jamais participé aux Jeux olympiques, mais j’ai un peu vécu ceux de Tokyo 2020 par procuration. A travers mon collègue français délégué technique international, qui s’est rendu sur place pour les épreuves olympiques, mais aussi les entraîneurs de l’équipe de France. J’ai aussi beaucoup partagé avec les collègues de la FFME qui ont eu l’occasion de prendre part aux Jeux pour le CNOSF au sein du Club France.
Un souvenir marquant des Jeux ?
Je suis Grenoblois d’origine, j’ai donc baigné dès ma naissance dans l’ambiance olympique. Mais je conserve deux souvenirs très forts des Jeux. Très différents et très éloignés dans le temps. Le premier remonte aux Jeux de Montréal en 1976, avec la victoire de Guy Drut en finale du 110 m haies. J’avais seulement six ans, mais l’image m’est restée. Le second souvenir est beaucoup plus récent, puisqu’il s’agit du podium féminin de l’escalade aux Jeux de Tokyo 2020,. Les trois médaillées, Janja Garnbret, Miho Nonaka et Akiyo Noguchi, étaient en larmes. Leur émotion m’a beaucoup touché.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
Un dossier très technique, qui concerne l’agencement architectural de la structure qui couvrira les murs d’escalade sur le site de compétition du Bourget, en Seine-Saint-Denis. J’ai la particularité de posséder une double casquette au sein du COJO, sport manager et event manager. J’ai donc la responsabilité de la mise en place du site et son installation, je dois décider où trouver les bonnes places. Les trois murs d’escalade, d’une hauteur de 15 à 16 mètres, seront couverts par une méga-structure Elle pose un certain nombre de défis techniques et technologiques.
Le site de l’escalade : ses atouts, les défis dans la perpective des Jeux ?
Le site du Bourget sera temporaire, pour les compétitions olympiques et toute la partie opérationnelle. Mais il a été pensé et conçu dans un esprit d’héritage pour la ville et le département de la Seine-Saint-Denis. Une fois les Jeux terminés, nous allons laisser au Bourget un nouveau parc des sports restructuré, avec des terrains de tennis et de football, une piste d’athlétisme, plus bien sûr un gymnase doté d’un fronton linéaire d’escalade de 50 mètres de large et trois murs de compétition. Avec un tel équipement, aux standards nationaux et internationaux, le club local peut devenir l’un des plus dynamiques de France. Quant à la méga-structure qui sera posée sur le site pour les Jeux, nous la voulons esthétique et architecturale. Comme le Stade de France, elle devrait se voir de très loin.
Paris 2024 sera une réussite pour l’escalade si…
Je suis très attaché à l’émotion du sport et des Jeux olympiques. Pour les athlètes, bien sûr, mais aussi les spectateurs, les volontaires et le staff. Les Jeux seront une réussite si les médaillés pleurent des larmes de joie sur le podium, si les spectateurs repartent de la compétition avec un sourire encore plus grand qu’à leur arrivée, et si nous parvenons à partager pleinement avec les volontaires et toute l’équipe d’organisation les moments très forts vécus en coulisses. J’aimerais que tous les participants puissent dire avec fierté, dans 20 ou 30 ans : « J’y étais« .