Le COJO Paris 2024 peut être rassuré : le CIO se rangera toujours à ses côtés dans le débat, inévitable et déjà ouvert, du coût des Jeux olympiques et paralympiques. L’instance basée à Lausanne ne le laissera pas tomber, comme elle n’abandonne pas les Japonais de Tokyo 2020.
Au lendemain de l’annonce par les médias japonais d’un rapport de la Cour des comptes sur le coût réel de l’événement (12,1 milliards d’euros au taux de change actuel), en hausse de 20 % par rapport aux chiffres dévoilés en juin dernier par les organisateurs), le CIO s’est fendu d’un court communiqué. Il se veut une mise au point sur, selon lui, la réalité du budget des derniers Jeux d’été.
« Le CIO tient à confirmer que grâce à un travail budgétaire détaillé, le comité d’organisation de Tokyo 2020 est parvenu à un budget équilibré de 640,4 milliards de yens (5,8 milliards de dollars), écrit l’instance. Ces chiffres sont le fruit d’un processus budgétaire approfondi auquel ont participé le comité d’organisation de Tokyo 2020, le gouvernement métropolitain de Tokyo et le gouvernement japonais. »
Le CIO poursuit dans son communiqué, intitulé « La position du CIO sur le budget de Tokyo 2020″ : « Le budget a été présenté lors de la toute dernière réunion du conseil exécutif de Tokyo 2020 en tant qu’entité officielle, en juin 2022. Ces comptes ont été approuvés par toutes les parties prenantes impliquées et confirmés par un audit tiers indépendant. Tokyo 2020 a cessé ses activités et est entré dans son processus de liquidation finale à la fin du mois de juin 2022. »
Le message est clair : le CIO ne laissera pas l’image des Jeux de Tokyo, déjà salement écornée par les recettes révélations de corruption impliquant un membre du conseil d’administration et plusieurs partenaires privés, entachée par des comptes dans le rouge. Certes, l’événement olympique et paralympique restera comme le plus coûteux de l’histoire. L’addition finale s’avère deux fois plus élevée que les prévisions du comité de candidature. Mais le CIO insiste : le budget a été équilibré. L’honneur est sauf.
La position du CIO sur la question du budget de Tokyo 2020 n’apporte pas grand-chose au dossier. Elle suggère seulement que, pour l’instance olympique, les chiffres sont recevables sous réserve d’être bons, ou au moins pas complètement catastrophiques.
Publié avant les fêtes de Noël, le rapport de la Cour des comptes japonaise se révèle assez peu discutable. Il propose une autre lecture du coût réel des Jeux de Tokyo, en incluant toute une série de dépenses prises en charge par les autorités nationales, que les organisateurs avaient « omis » d’inclure dans la version finale de leurs comptes. Elles concernent notamment les mesures antidopage, l’entraînement des athlètes, la nourriture au village olympique ou encore le nouveau stade de Tokyo.
La Cour des comptes va plus loin. Elle exhorte le gouvernement japonais à « révéler à l’avenir les coûts totaux en temps utile lorsqu’il est impliqué de manière substantielle dans un événement majeur. »
Hasard ou pas, la publication du rapport a suivi de quelques jours l’annonce par la mairie de Sapporo et le Comité olympique japonais d’une « pause » dans la campagne de la capitale de la préfecture d’Hokkaido pour les Jeux d’hiver en 2030. Officiellement, pour repenser l’approche et la stratégie du projet. Mais il semble difficile de la dissocier d’un contexte miné par les révélations de corruption et l’annonce des vrais chiffres des Jeux de Tokyo 2020.