L’année 2023 ne sera pas olympique. A l’exception de la FIFA, où Gianni Infantino s’avancera sans rival vers un nouveau mandat, elle ne sera pas non plus élective dans les instances internationales du mouvement sportif. Le calme avant les grandes manoeuvres, comme évoqué sur ce même site lundi 2 janvier.
Mais les douze mois à venir ne suivront pas pour autant le cours somnolent d’un long fleuve tranquille. Ils pourraient même se révéler décisifs pour les quatre dossiers les plus chauds du mouvement olympique.
En quatre questions, et autant de tentatives de réponse, FrancsJeux décrypte les enjeux majeurs d’une année 2023 où tout peut arriver, le meilleur comme le pire.
Les athlètes russes réintégreront-ils les événements internationaux ?
Probable. Mais encore loin d’être fait. Le CIO l’a suggéré sans langue de bois lors de son Sommet olympique, le mois dernier à Lausanne : la réflexion est lancée sur un retour des athlètes russes et biélorusses sur la scène internationale. Elle pourrait passer par l’Asie, où l’association des comités nationaux olympiques (OCA) a proposé de servir de poisson-pilote pour ouvrir la voie au reste du monde. Dans l’hypothèse où l’expérience serait jugée concluante, le mouvement olympique tout entier pourrait suivre le mouvement. Il est probable que les athlètes russes devront renoncer à leurs couleurs, leur hymne et leur drapeau. Mais ils en ont vu d’autres. Peut-être devront-ils également démontrer, d’une manière encore très incertaine, Ieur opposition au conflit en Ukraine.
Reste à savoir à quel moment de l’année les portes s’ouvriront en grand. Prudent, le CIO n’a avancé aucun calendrier. Mais les Russes poussent pour un retour sur la scène internationale à temps pour ne pas hypothéquer leurs chances de décrocher les quotas pour les Jeux de Paris 2024. En toute logique, la décision devrait intervenir au cours du premier semestre.
Le CIO aura-t-il plusieurs candidatures pour les Jeux d’hiver 2030 ?
Quelques semaines plus tôt, la question ne se posait même pas : Sapporo avançait en favori, Salt Lake City suivait sur sa propre route, avec un oeil tourné vers l’édition 2034. Mais le CIO a rebattu les cartes, début décembre, en annonçant sa décision de reporter le choix de la ville-hôte à la session de Paris en juillet 2024. Avec une année supplémentaire pour poursuivre le « dialogue » avec les postulants, connus ou à venir, l’instance olympique se donne du temps. Mais elle reste exposée au risque de ne pas avoir de choix au moment d’attribuer l’événement hivernal.
Les Japonais ont annoncé le mois dernier mettre leur candidature en pause, pour revoir leur stratégie et leur feuille de route. La démarche ne trompe personne : l’équipe de Sapporo 2030 coupe son moteur le temps de voir l’embarrassante affaire de corruption liée aux Jeux de Tokyo 2020 disparaître de l’actualité. Malin. Mais elle a également annoncé sa volonté d’organiser une consultation nationale sur la pertinence de la candidature avant de relancer la mécanique. Le projet pourrait-il survivre à une défiance de l’opinion ? Difficile.
Les Américains de Salt Lake City, de leur côté, répètent sans lassitude préférer l’option 2034, mais être prêts pour la précédente si le CIO le leur demandait. Ils ne refuseront sûrement pas des Jeux d’hiver gagnés sans combattre. Mais pour l’instance olympique, le scénario d’un non-choix serait désastreux en termes d’image.
La course aux Jeux d’été en 2036 gagnera-t-elle de nouveaux partants ?
Le temps n’a plus tout à fait la même valeur dans le mouvement olympique. Le CIO a attribué les Jeux de 2032 à Brisbane onze ans avant l’échéance. Il discute aujourd’hui avec une poignée de villes pour l’édition 2036. A 14 ans de l’événement. L’Indonésie, le Mexique, le Qatar, l’Egypte et l’Inde préparent un dossier et l’ont fait savoir. Sauf crise majeure à l’échelle planétaire, ils pourraient être rejoints au cours de l’année 2023 par deux ou trois autres pays. En tête de liste, l’Allemagne. Son comité national olympique a lancé un vaste processus de réflexion, censé déboucher sur une décision avant la fin de l’année. L’Angleterre pourrait elle aussi se lancer. La Corée du Sud et l’Arabie saoudite également.
La boxe, l’haltérophilie et le pentathlon moderne retrouveront-ils leur place aux Jeux ?
Sports historiques du mouvement olympique, ils ont été écartés à titre provisoire du programme des Jeux de Los Angeles 2028 par la commission exécutive du CIO. Le provisoire deviendra-t-il durable ? La décision sera prise lors de la session de Mumbai, prévue au mois d’octobre 2023.
Pour la boxe, la balance penche dangereusement du mauvais côté. Sa fédération internationale, l’IBA, s’obstine à rester sourde aux attentes du CIO. Son président, le Russe Umar Kremlev, a entamé un bras de fer avec l’instance olympique, mais ses chances d’en sortir vainqueur semblent très minces.
L’haltérophilie se montre moins provocatrice à l’égard du CIO, mais son avenir reste incertain. Sa fédération internationale, l’IWF, a élu en juin dernier l’Irakien Mohammed Jalood à la présidence, mettant ainsi fin à une longue série d’intérims. Son passif reste lourd, notamment sur la question du dopage. Les prochains mois s’annoncent décisifs.
La situation du pentathlon moderne se révèle nettement moins préoccupante. Le CIO l’a écarté des Jeux de Los Angeles 2028 dans l’attente de connaître la discipline choisie par l’UIPM pour remplacer l’équitation. L’instance a opté pour la course à obstacles, au terme d’un processus patient et méthodique. Le choix n’a pas fait l’unanimité, mais il coche beaucoup de cases. Et, atout majeur, le pentathlon moderne peut compter sur plusieurs soutiens au CIO, dont Juan Antonio Samaranch et Albert de Monaco.