Thomas Bach est prévenu : un retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales, évoqué le mois dernier lors du Sommet olympique du CIO à Lausanne, serait vécu en Ukraine comme un affront et une insulte.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a emboité le pas de son collègue des Sports, Vadym Guttsait – par ailleurs président du comité national olympique -, en lançant à son tour un appel au mouvement olympique international. Il l’a fait à sa manière, sur les réseaux sociaux, en s’adressant directement au président du CIO.
Dans un message posté mardi 3 janvier sur son compte Twitter, Dmytro Kuleba fait référence à la destruction par les frappes russes de la patinoire Altair, dans la ville de Druzhkivka (photo ci-dessus). Construite en 2013, utilisée par le club de hockey sur glace du HC Donbas et par plus d’un millier d’enfants des écoles de Druzhkivka, Kostyantynivka, Kramatorsk et Sloviansk, dans la région de Donetsk, elle a été réduite en miettes par deux attaques de roquettes dans la nuit de lundi à mardi.
« Des compétitions ukrainiennes et internationales y étaient organisées, écrit le ministre ukrainien. Des enfants et des adultes s’y entraînaient. Ce n’était pas seulement une installation sportive, mais l’une des arènes clés pour le développement des sports ukrainiens et la plus grande école de hockey et de patinage artistique dans le pays. »
Dmytro Kuleba poursuit : « J’invite tous les dirigeants sportifs qui cherchent à permettre aux athlètes russes de participer aux compétitions internationales, parce que « le sport est hors de la politique », y compris le président du CIO Thomas Bach, à visiter Altair et à voir par eux-mêmes la « neutralité sportive » de la Russie. Peut-être qu’alors, enfin, on comprendra pourquoi il est immoral de se cacher derrière une soi-disant « neutralité » dans une telle situation« .
La patinoire Altair est la troisième installation sportive de la région détruite par les attaques russes, après le palais des sports Druzhba à Donetsk et le centre de glace de Mariupol.
“La patinoire n’est pas seulement un bâtiment de briques, a écrit le président du HC Donbas, Fiodor Ilyenko, sur sa page Facebook . C’était pour tous les membres du club comme une deuxième maison. Ce sont des centaines de compétitions pour enfants, des dizaines de tournois internationaux, des sourires d’enfants. Je n’ai pas de mots.”
Dans son message du Nouvel An, une vidéo d’une douzaine de minutes mise en ligne par le CIO le 29 décembre, Thomas Bach a répété une nouvelle fois que les sanctions contre les États et gouvernements russes et biélorusses devaient “rester bien en place“. Le dirigeant allemand a également assuré que les athlètes ukrainiens “peuvent compter sur l’engagement total du CIO et de l’ensemble du mouvement olympique” en 2023. “Nous voulons voir une délégation olympique ukrainienne forte aux Jeux olympiques de Paris 2024 et aux Jeux olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026“, a-t-il annoncé.
Mais le président du CIO l’avait clairement expliqué trois semaines plus tôt, au terme de la dernière réunion de l’année de la commission exécutive, en référence à la question russe : “Nous devons explorer des moyens de surmonter le dilemme sur la participation des athlètes, pour revenir aux mérites sportifs et non aux interférences politiques“.
Depuis plusieurs semaines, tous les indicateurs suggèrent que le CIO pourrait inverser sa position, dans les mois à venir, et recommander une réintégration des athlètes russes. L’Ukraine s’y prépare. Mais les déclarations de Dmytro Kuleba le laissent penser : elle saura se faire entendre.