Fin de l’histoire ? Probable. Une journée seulement après les révélations par le quotidien suisse Le Temps d’un projet de candidature à trois pays de l’Espace Mont-Blanc – Suisse, France, Italie – pour les Jeux d’hiver en 2030, un pan entier de l’édifice s’est déjà écroulé. La ville de Chamonix, présentée comme la partie française du dossier, a poliment décliné l’offre du Valais de se lancer dans l’aventure.
Les autorités de la ville de Haute-Savoie, hôte des premiers Jeux d’hiver en 1924, ont coupé court aux rumeurs et aux spéculations par un communiqué sans ambiguïté. « Pour faire suite aux multiples articles dans la presse suisse et française de ce matin, monsieur Éric Fournier, maire de Chamonix-Mont-Blanc, indique que si la coopération transfrontalière avec nos voisins valaisans est au coeur des préoccupations de la Vallée de Chamonix-Mont-Blanc, le projet d’une candidature commune aux Jeux Olympiques tel que relayée par certains médias n’est pas à l’ordre du jour », explique le texte.
Le communiqué poursuit sur le même ton, où Chamonix précise ses priorités du moment, très éloignées de la question olympique. « En effet, celle-ci émane d’une initiative privée et non des instances politiques de l’Espace Mont Blanc, lesquelles travaillent actuellement activement sur la feuille de route liée à la prochaine programmation européenne avec comme sujet central l’adaptation au changement climatique de notre économie touristique. »
Le message est clair : Chamonix n’en sera pas. Au moins dans l’immédiat. « Pas à l’ordre du jour« , insiste le communiqué. L’option 2030 est donc écartée avant même d’avoir vraiment été étudiée ou discutée.
Avec une telle mise au point, le projet initié dans le Valais semble avoir déjà vécu. Le comité olympique suisse (Swiss Olympic) l’avait déjà fait vaciller, mercredi 4 janvier, en indiquant par la voix de son porte-parole qu’il n’était « pas réaliste » de se lancer aujourd’hui dans une candidature pour un événement prévu dans seulement sept ans.
Quant au versant italien du projet, la vallée d’Aoste, il est resté très silencieux sur le sujet. Mais il apparaît peu probable de voir l’Italie s’associer à un projet olympique quatre ans seulement après des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 dont la préparation n’a rien d’un long fleuve tranquille.
Pour le CIO, la perspective de voir un nouveau dossier se joindre à la campagne pour les Jeux d’hiver 2030 sonnait comme une bonne nouvelle. Après les retraits successifs de l’Ukraine, l’Espagne (Pyrénées-Barcelone) et le Canada (Vancouver), puis la mise en pause pour une durée indéterminée du Japon (Sapporo), l’instance olympique se retrouve aujourd’hui avec une seule candidature encore sur ses deux jambes, Salt Lake City. Mais les Américains préfèreraient hériter de l’événement pour l’édition suivante, 2034, afin de s’éviter une concurrence commerciale avec Los Angeles 2028.
Les prochains mois s’annoncent très incertains dans cette campagne aux allures de peau de chagrin. Sapporo relancera-t-elle son projet ? Un nouveau dossier sortira-t-il de terre ? Dans l’hypothèse où les réponses à ces deux questions se révélaient négatives, le CIO se trouverait face à un non-choix. Salt Lake City et personne d’autre.
Après deux campagnes successives à seulement deux prétendants – Pékin et Almaty pour 2022, Milan-Cortina et Stockholm-Åre pour 2026 -, une course jouée d’avance marquerait un nouveau pas en arrière. Sombre perspective.