Le coût des Jeux. La question a occupé presque seule l’actualité du COJO Paris 2024 en fin d’année passée, jusqu’à la validation par le conseil d’administration, lundi 12 décembre, d’une révision budgétaire affichant une hausse de 10% à 4,4 milliards d’euros. La bascule d’une année sur l’autre n’y change rien : les finances restent au coeur du débat.
Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des Comptes, avait rendez-vous au Sénat puis à l’Assemblée nationale, mardi 10 janvier, pour présenter le dernier en date des rapports de sa juridiction. Face aux sénateurs de la commission de la Culture, l’Education et la Communication, il a étalé ses chiffres. L’ancien ministre de l’Economie aurait dû répéter l’exercice plus tard dans la journée à l’Assemblée nationale, mais un problème technique de vote a reporté le rendez-vous.
Pierre Moscovici l’a suggéré en introduction, avant d’entrer plus dans le détail d’un rapport de 132 pages rédigé avant la dernière révision budgétaire du COJO : les Jeux olympiques et paralympiques restent rarement dans les clous de leur budget. Malgré un dispositif construit pour l’essentiel sur l’utilisation de sites existants ou temporaires, Paris 2024 ne devrait pas déroger à la règle.
« Les Jeux en général sont souvent l’objet de dérives budgétaires qui grèvent la confiance des citoyens dans l’opportunité d’accueillir de tels évènements, a-t-il expliqué devant les sénateurs. L’acceptabilité, ça se gagne, ça se conquiert, ça se mérite« .
Interrogé sur le coût total des Jeux, Pierre Moscovici a joué la prudence. Impossible, selon lui, d’établir à ce stade, à plus de 500 jours de l’événement, une facture finale. Trop tôt. Trop aléatoire. Mais le président de la Cour des Comptes s’est risqué à un pronostic sur le montant que pourrait atteindre le « coût public« , à savoir la part de l’Etat et des collectivités dans le financement du rendez-vous olympique et paralympique.
Sans surprise, il affiche une hausse par rapport aux estimations de la phase de candidature. Pierre Moscovici l’évalue à environ 3 milliards d’euros. Actuellement, la part d’argent public s’élève à 2,4 milliards d’euros (1,3 milliard pour l’Etat et 1,1 milliard pour les collectivités locales). Une somme qui ne prend pas en compte certaines dépenses fiscales, de sécurité et de transports. Elle devrait donc encore grimper.
Inquiétant ? A ce stade, pas vraiment. « Nous n’avons pas constaté de dérive significative, a assuré Pierre Moscovici lors de sa présentation au Sénat. C’est tendu mais jouable. » A condition de « tenir les chiffres« , comprenez de rester désormais dans les clous, l’ancien ministre de l’Economie estime que le contribuable ne devrait pas avoir à supporter l’impact des Jeux de Paris 2024.
Le message est clair : l’équilibre reste possible, mais la marge de manoeuvre se réduit. Pour preuve l’état de la réserve pour aléas, garantie par l’Etat pour un montant de 315 millions d’euros. Longtemps conservée au coffre comme un bien trop précieux pour être utilisé, elle a commencé a être grignotée par le comité d’organisation.
Au dernier pointage, 115 millions d’euros auraient été prélevés dans ce trésor de guerre. « Inquiétant« , a estimé mardi 10 janvier Nacer Meddah, le président de la troisième chambre de la Cour des Comptes, en charge du rapport sur les Jeux de Paris 2024.
A l’évidence, le comité d’organisation ne voit pas les choses sous le même angle. Fabrice Lacroix, le directeur administratif et financier, l’a annoncé aux médias mardi 10 janvier : « Je gage que la totalité, ou la quasi-totalité, de cette provision pour aléas sera consommée d’ici la fin des Jeux. C’est sa raison d’être dans le projet« . La Cour des Comptes est prévenue.