Menace de gros temps sur les Jeux de Brisbane 2032. A un peu moins de dix ans de l’échéance, le bel équilibre politique affiché en phase de candidature semble déjà présenter quelques fissures.
Le maire de Gold Coast, Tom Tate, a lancé un lourd pavé dans la mare en suggérant dans les médias australiens que le centre de gravité du dispositif devrait être déplacé de Brisbane jusque vers sa propre ville. Selon l’élu du Queensland, le changement aurait pour effet de réduire considérablement le coût des Jeux. Et, par effet domino, l’impact potentiel de l’événement sur les contribuables.
Tom Tate pointe du doigt l’ambitieux projet de reconstruction du mythique Gabba, le stade de cricket de Brisbane, destiné à accueillir les cérémonies des Jeux en 2032 – ouverture et clôture – et les compétitions d’athlétisme. L’opération était initialement estimée à 1 milliard de dollars australiens (640 millions d’euros au cours actuel). Mais la facture atteindrait désormais plus du double.
« Regardez le Gabba. Ils veulent dépenser 2,5 milliards de dollars pour ajouter 8.000 sièges supplémentaires, a expliqué le maire de Gold Coast, cité dans le Daily Mail. Cela n’a tout simplement pas de sens lorsque, dans le même temps, vous ne pouvez même pas fournir aux gens des logements abordables. Ils devraient seulement le rénover, parce que c’est l’argent des contribuables et les temps sont durs en ce moment. Ce n’est donc pas le moment de reconstruire. Si vous brûlez l’argent de tous les côtés, les gens vous regarderont avec dédain« .
Le message de Tom Tate est clair : inutile de jeter l’argent par les fenêtres dans des équipements sportifs, autant utiliser des infrastructures déjà existantes. Le refrain est connu. Il est devenu très tendance.
Pour avoir organisé les Jeux du Commonwealth en 2018, Gold Coast ne manque pas de sites de compétition. « Nous disposons déjà d’un grand nombre d’installations, comme des piscines olympiques, des terrains de hockey et de BMX, pour n’en citer que quelques-unes, insiste le maire de Gold Coast. Concentrons-nous sur le rapport qualité-prix et sur l’héritage pour tout le sud-est de l’état. Après tout, tout cela a commencé par une candidature du sud-est du Queensland« .
Dans la configuration actuelle, Gold Coast doit accueillir seulement six sports du programme des Jeux olympiques en 2032 : beach-volley, judo, lutte, natation en eau libre, triathlon et volley-ball. Un village des athlètes est également prévu dans son périmètre. Dans le plan initial, avant l’attribution de l’événement par le CIO, il était question que la ville en organise plusieurs autres, dont le golf, le handball et le basket-ball.
Brisbane, ville-hôte et épicentre du projet, se taille aujourd’hui la plus belle part, avec dix-neuf sports du programme.
Réaliste, la proposition de Tom Tate ? Sans doute. Depuis les Jeux du Commonwealth en 2018, Gold Coast s’est imposée comme l’une des places fortes du sport en Australie, voire sur la planète entière. Au dernier classement des villes les plus sportives au monde, réalisé par l’agence BCW Sports, elle occupe la 26ème place, en nette progression par rapport aux deux éditions précédentes (46ème en 2020, 35ème en 2021). Seules deux villes australiennes font mieux : Melbourne à la 10ème place, Sydney au 22ème rang. Brisbane n’apparait pas dans le top 50.
Selon les prévisions du gouvernement du Queensland, la population de Gold Coast devrait augmenter de 51%, soit 293.000 personnes, d’ici l’année 2036. Un taux de croissance démographique plus de deux fois supérieur à celui prévu pour Brisbane. Pour la seule année 2022, les autorités locales annoncent avoir soutenu une soixantaine d’événement sportifs majeurs.
En 2019, une année après les Jeux du Commonwealth, Gold Coast a accueilli SportAccord. La dernière édition en date de la convention internationale.