Nouveaux nuages dans le ciel italien. A trois ans et une poignée de jours des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 (6 au 22 février), le comité d’organisation va devoir se relever d’un nouveau coup bas. Cette fois, surprise, il a été donné par le CIO.
Fidèle à sa ligne de conduite d’un budget maîtrisé et d’une politique de réduction des coûts, l’instance olympique a rejeté la proposition italienne de couvrir d’un toit l’ovale de patinage de vitesse de la petite commune de Baselga di Piné, dans la région autonome de Trente. Il avait notamment servi pour l’Universiade d’hiver en 2013.
Le projet était pourtant inscrit en belles lettres dans le dossier d’organisation des Jeux d’hiver. En novembre dernier, son coût avait été annoncé à 50 millions d’euros. Pas donné, mais indispensable pour la tenue des épreuves olympiques de patinage de vitesse grande piste.
Seul ennui, mais de taille : le coût présenté au CIO serait très peu réaliste. L’instance olympique anticipe déjà un dépassement budgétaire, trop risqué à ses yeux pour un équipement aux perspectives d’avenir très incertaines. La ville de Baselga di Piné compte seulement 5.000 habitants. Et le patinage de vitesse n’a jamais été une grande spécialité italienne.
Giovanni Malago, le président de Milan-Cortina 2026 et du Comité olympique italien (CONI), l’a expliqué en fin de semaine passée : « Le CIO a conclu que l’investissement avait été sous-estimé et qu’il n’était pas viable pour la région. Il se réserve le droit de nous indiquer la voie à suivre pour l’organisation des Jeux. J’ai défendu le projet initial, mais il arrive un moment où l’on ne peut plus défendre l’indéfendable« .
Sauf nouveau retournement de situation, l’option Baselga di Piné est donc rayée du dispositif. A trois ans de l’échéance, le coup est rude pour les organisateurs italiens, dont le retard dans la préparation des Jeux commence à sérieusement inquiéter le CIO.
Giovanni Malago en convient : l’aventure de Milan-Cortina 2026 n’a rien d’un long fleuve tranquille depuis l’attribution de l’événement, lors de la session du CIO en juin 2019. « Tout ce qui s’est passé depuis, du COVID à la guerre en Ukraine, s’est retourné contre nous, reconnaît-il. Baselga di Piné n’est pas une victime, mais plutôt l’un des problèmes qui se posent systématiquement lors de l’organisation d’un événement international comme les Jeux olympiques. »
Question : quelle alternative vont pouvoir sortir les Italiens de leur chapeau, dans un contexte de maîtrise des coûts et d’incertitude politique ?
La solution la plus sage, régulièrement mentionnée depuis la phase de candidature, se tourne vers le passé. Elle suggère de se rabattre vers une installation existante, l’ovale couvert de Turin, utilisé pour les Jeux d’hiver en 2006.
Ses avantages ne sont pas minces. A commencer par le désormais indispensable vernis d’héritage à poser sur les Jeux pour faire briller leur apparence. Le CIO verrait à coup sûr d’un bon oeil un site de compétition des Jeux de Turin 2006 servir pour une édition olympique organisée vingt ans plus tard. L’image serait parfaite.
Pour Turin, l’arrivée du patinage de vitesse grande piste remettrait la capitale du Piémont sur la carte des sites. Le maire de la ville, le démocrate Stefano Lo Russo, l’avait confié à FrancsJeux en octobre dernier, en référence à la décision de l’ancienne équipe municipale de se retirer du projet : « Abandonner la candidature était une mauvaise décision« .
Mais l’option Turin compte aussi ses inconvénients. En tête de liste, l’éloignement. La carte des Jeux de Milan-Cortina annonce déjà des temps de trajet considérables entre les sites de compétition. Localiser l’ovale de glace dans le Piémont ajouterait encore une généreuse dose de kilomètres.
Autre problème : l’équipement et le matériel de fabrication de la glace ont été retirés de la patinoire de Turin. Il en coûterait environ 15 millions d’euros pour les remettre dans la place.
Giovanni Malago le reconnaît : « Aller à Turin n’a rien d’automatique. Nous allons discuter des différentes possibilités« . Il pourrait être envisagé, par exemple, de construire une piste temporaire dans un centre de congrès ou d’expositions en Lombardie ou Vénétie, les régions respectives des deux pôles des Jeux, Milan et Cortina d’Ampezzo.
En attendant, Giovanni Malago ne craint pas de rajouter une couche à un fardeau déjà lourd à porter pour le nord de l’Italie. En visite sur l’anneau de glace de Baselga di Piné, le dirigeant italien a expliqué qu’il espérait que les deux régions de Trente et de Lombardie fassent cause commune pour présenter une candidature aux Jeux olympiques d’hiver de la Jeunesse en 2028.