Qu’on se le dise : à l’indice de présence et de suivi sur les réseaux sociaux, une fédération sportive internationale écrase la concurrence. Elle mène un train d’enfer en tête de la meute, seule devant, les autres loin derrière. Elle n’est pas olympique, mais rêve tout haut de le devenir avant la fin de la décennie.
Pour la septième année consécutive, l’agence BCW Sports a analysé la stratégie des instances internationales du mouvement sportif, olympiques ou non, en matière de réseaux sociaux. Elle a mesuré leurs chiffres – nombre de suiveurs, activité quotidienne – avec des manières de comptable. Son classement en dit long sur les écarts parfois abyssaux entre les premiers de la classe et les cancres de l’ère numérique.
En tête de liste, la Fédération internationale de cricket (ICC). Une habituée de la première place, déjà installée au sommet dans le classement précédent. Avec le total vertigineux de 92.211 411 suiveurs sur l’ensemble des plateformes – Instagram, Facebook, Twitter, TikTok et YouTube – l’instance basée à Dubaï reste seule sur sa planète.
L’ICC devance très largement deux fédérations internationales du mouvement olympique, la FIFA (51.433 519) et la FIBA (15.545 303), représentant deux sports – football et basket – pourtant nettement plus universels. En quatrième position, la Fédération internationale de volley-ball (FIVB) s’offre la plus belle progression de l’année, avec une hausse de 35 % du nombre de ses suiveurs (12.459 334).
Le secret du cricket ? Une activité sans répit sur les réseaux sociaux et le gigantisme de sa communauté. L’ICC ne mène pas seulement le classement en nombre de suiveurs, elle se révèle également la plus active sur la Toile, avec un total de 11.158 posts sur l’ensemble de l’année 2022. En moyenne, 30,57 nouvelles publications chaque jour sur les différentes plateformes numériques. L’ITTF (tennis de table) et World Rugby, ses suivantes immédiates, peinent à suivre le rythme, malgré une très respectable activité digitale, respectivement 2.936 et 2.350 posts en 2022.
Deuxième facteur : une base de fans sans égale dans le mouvement sportif. L’Inde compte plus d’un milliard d’amateurs de cricket potentiels. A la différence des Chinois, ils sont très présents sur les principaux réseaux sociaux.
L’agence BCW Sports le note : la pandémie de COVID-19 a incité la plupart des organisations sportives à repenser, et souvent dynamiser, leurs stratégies en matière de médias sociaux. Les résultats sont visibles : toutes les fédérations internationales présentes dans le top 10 affichent pour l’année 2022 une croissance de 10 à 35 % de leur nombre de suiveurs.
En revanche, leurs dirigeants traînent encore souvent les pieds. La plupart d’entre eux se révèlent « peu actifs » sur les réseaux sociaux, voire parfois totalement assoupis. Question de génération, sans doute.
Selon BCW Sports, les dirigeants sportifs internationaux affichent une influence digitale très inférieure à celle des grands noms du monde des affaires, de la politique ou du divertissement.
Dans ce désert numérique, Annika Sörenstam se démarque. La présidente suédoise de la Fédération internationale de golf (IGF) mène le classement, avec 122.424 suiveurs. Un classement où elle n’apparaissait pourtant pas une année plus tôt. Son suivant immédiat, Sebastian Coe (World Athletics), perd la première place. Mais il reste dans l’allure, avec 120.681 suiveurs. A la troisième place du podium, un nouveau venu, Mohammed Ben Sulayem, le président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA). Il compte 67.236 suiveurs et affiche une progression de 178 %.
Curiosité du classement : deux Marius Vizer pointent dans le top 10 des dirigeants internationaux. Le père, président de la Fédération internationale de judo (IJF), occupe la 10ème place, avec 5.749 suiveurs. Son fils, Maris Vizer Jr., le devance de quatre places et de plusieurs milliers de suiveurs (31 027). Moins connu, le fiston occupait jusqu’à ces dernières semaines le poste de directeur exécutif de la Fédération internationale de teqball (FITEQ), l’une des instances les plus actives sur les réseaux sociaux (10ème du classement général). Tout s’explique.