A moins de 600 jours des Jeux de Paris 2024, l’escrime ne cache pas son impatience. Le prochain rendez-vous olympique et paralympique s’annonce historique pour la discipline, avec un site de compétition iconique – le Grand Palais -, et tout le poids de la tradition et la culture françaises.
Aux manettes de la Fédération internationale d’escrime (FIE), le Grec Emmanuel Katsiadakis (photo ci-dessus). Ancien escrimeur, puis arbitre et dirigeant, il occupe la position de président par intérim depuis mars dernier. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment se porte aujourd’hui la Fédération internationale d’escrime (FIE) ?
Emmanuel Katsiadakis : L’organisation fédérale, l’aspect financier et la situation sportive sont en ordre de marche. Au cours de la saison 2021-2022, le calendrier international a pu reprendre sa vitesse de croisière, nous avons pu relancer les compétitions dans toutes les zones géographiques, en Europe, en Asie, dans la zone panaméricaine. Le Grand Prix, la Coupe du Monde et les Championnats du Monde ont été organisés avec succès. Et la nouvelle saison est déjà bien lancée. En parallèle, nous avons pu reprendre nos programmes de développement et de soutien aux athlètes, aux entraîneurs et aux parties prenantes de l’escrime. Le programme « Donate your fencing gear », notamment, une initiative unique en son genre, destinée à développer notre sport un peu partout dans le monde, est de nouveau entièrement opérationnel. Nous pouvons aujourd’hui nous concentrer pleinement sur les Jeux olympiques de Paris 2024.
Vous êtes devenu président par intérim de la FIE en mars de l’année dernière. Quelle était alors votre priorité ?
J’ai pris mes fonctions à un moment difficile pour l’escrime et pour la FIE. Ma priorité, et celle du comité exécutif, a été de veiller au bon fonctionnement de la FIE, et surtout de permettre aux athlètes de poursuivre leurs activités et rester concentrés sur leurs objectifs sportifs. J’ai le sentiment que nous y sommes parvenus. Pendant toute cette période, la communauté de l’escrime a fait preuve d’unité, d’un esprit de coopération et d’une très grande solidarité.
Un peu moins de douze mois plus tard, alors que débute la dernière année avant les Jeux de Paris 2024, vers quelle direction souhaitez-vous orienter la FIE ?
Nous voulons poursuivre nos efforts de promotion de l’escrime, tout en conservant la place unique qu’occupe notre sport dans le mouvement olympique. A Paris l’an prochain, comme aux Jeux de Tokyo 2020, toutes les épreuves à médailles de nos championnats du monde seront présentes dans le programme olympique. Douze épreuves, douze titres olympiques. Mais l’escrime reste un sport parfois difficile d’accès pour les non-initiés. Un sport très technique et rapide. Nous travaillons beaucoup à le rendre plus visible, pour attirer un nouveau public et lui faire partager tout ce que nos disciplines peuvent apporter, sur le plan physique et mental. L’escrime a connu une croissance remarquable sur les réseaux sociaux et à la télévision. Nous sommes déterminés à poursuivre cette progression et gagner encore en popularité. Je veux aussi me tourner vers la jeunesse. Une nouvelle génération d’escrimeurs est en train d’émerger. Nous allons l’aider à se rapprocher encore du sommet.
Comment espérez-vous poursuivre le développement de l’escrime dans le monde, notamment dans les régions où la discipline ne s’appuie pas sur une forte tradition ?
Le temps est révolu où l’escrime était surtout un sport important en Europe. Progressivement, l’escrime a gagné de nouveaux territoires. Aujourd’hui, notre sport est partout. Il est très fort en Asie. Il a conquis l’Amérique. Il se développe en Afrique. Mais nous devons aller dans de nouveaux pays. C’est l’un de nos objectifs majeurs pour les années à venir. Pour cela, nous allons nous appuyer sur la force, le dynamisme et la collaboration de nos 155 fédérations. Le moment est venu de faire preuve d’ingéniosité et d’innovation. Nous devons encore mieux vendre les atouts et les valeurs de notre sport, son unique combinaison de qualités athlétiques et mentales.
Les Jeux de Paris 2024, disputés dans un grand pays d’escrime, avec un site iconique – le Grand Palais -, peuvent-ils marquer un nouveau virage pour l’escrime ?
Je n’ai aucun doute là-dessus. Les Jeux de Paris 2024 s’annoncent comme un événement fantastique pour notre sport. Le Grand Palais a déjà accueilli les Championnats du Monde d’escrime en 2010. L’événement avait connu un immense succès. Les prochains Jeux olympiques et paralympiques nous placent dans une position très favorable pour accélérer encore notre développement, avec douze épreuves à médailles et un site emblématique. Ils vont nous offrir une plateforme incroyable pour gagner en popularité.
Vous avez été athlète, puis arbitre, et enfin officiel, au niveau national et international. Imaginiez-vous occuper un jour la position de président de la FIE ?
Je n’aime pas beaucoup parler de moi. Aux mots, je préfère le travail et l’action. Mon parcours dans l’escrime a commencé il y a 65 ans. Durant ces années, j’ai connu toutes les expériences, comme jeune escrimeur puis athlète confirmé, arbitre au niveau national puis dans les plus grandes compétitions, dirigeant sportif… Je me sens très honoré d’avoir accompli un parcours riche et varié, d’avoir vécu tant de moments inoubliables, rencontré tellement de gens incroyables et gagné des amis pour la vie. Occuper aujourd’hui la position de président par intérim de la FIE m’offre une nouvelle opportunité de servir mon sport. Je suis déterminé à faire tout mon possible pour assurer le meilleur avenir à l ‘escrime, qui est toute ma vie.