La machine est lancée. Elle ne devrait plus ralentir. Sept mois presque jour pour jour après ses débuts aux Jeux Mondiaux, l’été dernier à Birmingham, en Alabama, le football américain avancera au cours du weekend un nouveau pion dans sa stratégie olympique.
Sa discipline la plus accessible et inclusive, le flag football, figure en bonne place dans le programme du NFL Prow Bowl, le « match des étoiles » de la ligue professionnelle américaine, disputé dimanche 5 février au tout nouveau Allegiant Stadium de Paradise, non loin de Las Vegas.
Une étape, une de plus, vers l’objectif commun de la NFL et de la Fédération internationale de football américain (IFAF) : une entrée dans le programme olympique aux Jeux de Los Angeles 2028.
Réaliste ? Les deux entités le croient dur comme fer. Pierre Trochet, le président français de l’IFAF, l’a répété à plusieurs reprises jeudi 2 février à l’occasion d’un point presse en ligne : « Los Angeles 2028 est tout à la fois le meilleur moment et le meilleur marché pour intégrer le programme olympique. »
Difficile, en effet, d’imaginer plus belle opportunité pour le flag football de rejoindre l’univers des Jeux d’été. A moins de six ans de l’échéance, la discipline conserve toutes ses chances. Elle a été retenue par le comité d’organisation parmi les neuf sports invités à poursuivre le processus de sélection. A ses côtés, trois autres sports collectifs : baseball/softball, lacrosse et cricket.
Sur le papier, le flag football coche plusieurs cases. La joueuse mexicaine Diana Flores, choisie par l’IFAF et la NFL comme l’une des ambassadrices du projet, l’explique : « Notre sport, c’est la vitesse, la créativité et l’esprit d’équipe. Comme nous ne portons pas de casque, le public peut voir les visages, les expressions et les émotions des joueurs. Le flag football attire et fait participer le public. »
A la différence du football américain dans sa version NFL, la discipline est mixte. Aux Etats-Unis, elle connaît une progression de la pratique féminine de près de 20 % dans les rangs scolaires. Au Japon, 500.000 scolaires de chaque classe d’âge peuvent s’y essayer chaque année. A l’échelle planétaire, on compterait environ 20 millions de joueurs dans une centaine de pays. Le flag football se dispute par équipes de cinq joueurs, avec deux périodes de vingt minutes.
Autre atout : sa « flexibilité ». Le flag football peut se disputer « dans des sites déjà existants », explique Pierre Trochet. A l’image du rugby à 7, entré dans le programme olympique aux Jeux de Rio 2016, il peut dérouler son décor dans n’importe quel stade aux dimensions standards.
Suffisant ? La réponse devrait être connue avant la fin de l’année, lorsque le CIO et LA 2028 dévoileront les nouveaux sports des Jeux. En attendant, l’IFAF peut compter sur le soutien sans réserve de la NFL. Son soutien et, surtout, ses moyens.
« Avec la NFL, nous avons créé un partenariat assez unique, avec l’ambition conjointe de mettre en place une relation à long terme avec le mouvement olympique, explique le dirigeant français. Ensemble, nous avons élaboré une proposition qui peut représenter un vrai plus pour les Jeux, en leur apportant une nouvelle audience, un sport pour la nouvelle génération. »
La NFL ne s’en cache pas : elle prend le projet olympique de l’IFAF très au sérieux. Peter O’Reilly, le vice-président exécutif en charge des événements, insiste : « Nous sommes vraiment engagés dans ce projet, nous y croyons très fort. Le développement du flag football aux Etats-Unis et dans le reste monde est un plus pour la NFL. Cette discipline peut devenir une porte d’entrée pour le football américain. »
Le Pro Bowl 2023 à Las Vegas, en cette fin de semaine, s’annonce comme une spectaculaire illustration de la volonté de la NFL de pousser le flag football à l’avant-scène. La ligue a choisi d’innover en invitant ses meilleurs joueurs à se délester de leur harnachement pour s’essayer au flag football, en conditions réelles, devant le public. « Nous allons aussi mobiliser nos influenceurs sur les réseaux sociaux, annonce Peter O’Reilly. Vous allez voir ce qui peut se passer quand la NFL met toute son énergie dans un projet. »
Pierre Trochet le reconnaît : « Personne n’a oublié Barcelone 1992 et les débuts de la Dream Team, avec Michael Jordan et John Stockton. Nous n’en sommes pas encore là. Mais nous allons voir les meilleurs joueurs de NFL disputer un match de flag football. » Dimanche 5 février, Las Vegas n’aura peut-être jamais été aussi près de Los Angeles.